Dans les premières pages de L’Espoir malgré tout, Spirou vit la situation de la Belgique et de Bruxelles en mai 1940.
En 18 jours, l’armée belge est bousculée par les troupes allemandes qui ne tardent pas à traverser le pays pour envahir la France. Spirou et Fantasio sont d’abord, comme tous les Belges, sur les routes de l’exode, fuyant l’arrivée de l’ennemi, bloqué quelques temps par à la frontière française dans une panique générale vécue aussi bien par le Bruxellois Hergé.
Vient la signature de l’armistice par le roi Léopold III. Les Belges sont appelés à rentrer chez eux. L’occupation commence. Que faire ? Collaborer ? Attendre des jours meilleurs ? Résister ? Encore faut-il en avoir les moyens. Comment fait-on quand on a 16 ans et que l’on est débordant d’énergie et d’idéal ?
Le lecteur suit notre héros pas à pas dans la brutale réalité de la guerre, entre opportunistes fascistes et une population majoritairement résignée qui assiste à la montée de la répression, aux rafles contre les Juifs, aux exactions de l’occupant… Émile Bravo décrit le quotidien d’un Bruxelles humilié, meurtri, désorienté…
Photo: Pierre-Marie Jamet |
Bravo ne cherche pas à faire de Spirou un héros patriote : « C’est un enfant, il faut qu’il se construise » dit-il. Mais il peut voir en revanche comment les adultes s’organisent, quels sont les ressorts d’une résistance face à l’injustice.
Parfaitement documenté, Bravo décrit les conditions de vie de ses personnages et notamment ce couple d’artistes juifs allemands vivant de façon précaire, cachés de l’occupant. Le Spirou de Bravo imagine ce qui se passe dans la tête des enfants bruxellois de 1940, appelés à grandir dans des circonstances difficiles, pour eux comme pour leurs parents.
Photo: Pierre-Marie Jamet |
L’Espoir malgré tout est le premier volume d’une série de quatre qui interroge la notion d’héroïsme, d’engagement, d’humanité, de solidarité, de justice. Pas étonnant que Spirou soit la mascotte de l’ONU à l’occasion des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme !
C’est dans Bruxelles qu’habite à ce moment-là Jean Doisy, créateur de Valhardi, qui occupait alors la rédaction en chef du Journal de Spirou. Communiste et résistant, apparemment à l’insu de ses patrons, il fut de ceux qui mandatèrent le sociologue Victor Martin pour « visiter » Auschwitz, le lieu de destination des Juifs déportés de Belgique.
S’agit-il bien d’un lieu de relocalisation ou plutôt, comme il le découvrit à l’insu des bourreaux, d’un centre de mise à mort ? Son rapport, transmis à la Résistance, accélèrera le sauvetage de milliers d’enfants belges.
Photo: Pierre-Marie Jamet |
La maison Dupuis ayant refusé d’accepter un administrateur allemand dans son conseil d’entreprise, la publication du Journal de Spirou s’arrête le 2 septembre 1943. Les éditions Dupuis multiplient alors les initiatives pour faire survivre leurs personnages au travers de publications éphémères, d’almanachs mais aussi d’un théâtre de marionnettes itinérant qui dissimulait un réseau de résistants.
Jean Doisy reçut à la Libération la Croix de guerre avec palme pour son rôle auprès de l’état-major du Front d’Indépendance.
Cette exposition rassemble non seulement quelques-unes des plus belles planches d’Emile Bravo mettant Bruxelles en scène, mais aussi des documents rares -publications et affiches- qui racontent cette histoire.
Spirou et Bruxelles sous l'Occupation
12 février au 1er mars 2019
Parlement francophone bruxellois
77, rue du Lombard, 1000 Bruxelles
Entrée gratuite
Du lundi au vendredi, de 10h00 à 17h00
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