vendredi 6 mai 2022

Du rififi chez les héritiers de Tintin

 Sur le site de Swiss Info.


La veuve d’Hergé et son nouveau mari, qui vivent à Chesières, dans le canton de Vaud, veulent virer leurs avocats suisses. Ils sont mécontents de la manière dont ceux-ci gèrent le trust créé à la mort du dessinateur belge.

Mais en 1993, Fanny Vlamynck se remarie avec Nick Rodwell. Cet homme d’affaires britannique prend alors la main sur cet héritage, qu’il gère aujourd’hui «d'une main de fer», selon Le Point. 

Réputé pour être un «champion du recours juridique», il a multiplié les procès ces dernières années envers des fans de Tintin pour leur interdire de reproduire ou de détourner l'œuvre du dessinateur.

Pour encaisser les droits de Tintin, Fanny Vlamynck a créé un trust à son nom en 1992, un an avant son remariage. 

Celui-ci est basé aux Îles Caïman, un paradis fiscal. 

En droit anglais, un trust est une structure juridique qui possède la propriété d’un bien, mais n’est pas gérée par les bénéficiaires de ce bien. Elle permet de sécuriser une succession, par exemple, car aucun des héritiers ne pourra avoir l’ascendant sur la fortune en question. 

Le problème, dans le cas de Tintin, c’est que Nick Rodwell veut chambouler le fonctionnement de ce trust.

Attaque en justice

Un document rendu public par la Grande Cour des Îles Caïman et découvert par les journalistes du média spécialisé Gotham City révèle que l’homme d’affaires anglais attaque en justice deux avocats suisses qui gèrent le trust en question. 

Agissant en tant que tuteur de Fanny Rodwell dans la mesure où celle-ci est malade, il demande à la Cour la démission de Bernard Lachenal et Claude Brechbühl, de l'étude genevoise Meyerlustenberger Lachenal Froriep, de leurs postes d'administrateurs du trust. Nick Rodwell estime que les deux avocats, ayant dépassé l'âge de 65 ans, devraient prendre leur retraite.

Dans de récentes interviews, Nick Rodwell expliquait être en conflit avec son avocat suisse. 

«Je me suis aperçu que, depuis 1992, il travaillait surtout pour lui-même», affirmait-il dans les colonnes de La Libre Belgique

Interviewé par le magazine suisse Bilan au sujet de l'héritage d'Hergé, il expliquait également: 

«Si je meurs demain, comme Fanny souffre de la maladie d’Alzheimer et ne peut plus prendre de décisions, et que nous n’avons pas d’enfants, il y aura un mini-chaos. Je suis en train de mettre en place ce qu’il faut pour l’éviter. 

Mais ce que j’ai découvert avec les avocats et les personnes impliquées dans la succession d’Hergé est très décevant», ajoutant être «en train de réexaminer la structure que nous avons mise en place il y a trente ans».

Reste à savoir le plus important: ce trust, dont l'existence était jusqu'ici inconnue, a-t-il été déclaré aux autorités fiscales? 

Contacté par Gotham City, Nick Rodwell n'a pas répondu à nos questions. Lui et son épouse vivent aujourd'hui en Suisse, à Chesières, dans le canton de Vaud.

Un patrimoine de plus de 200 millions de francs

Interrogé par La Libre Belgique à ce sujet, le Britannique expliquait ce déménagement par un litige avec le fisc belge, «qui réclamait d’énormes droits de succession» à Fanny Rodwell. Le patrimoine du couple serait estimé à plus de 200 millions de francs.

Pour répondre à ses détracteurs, Nick Rodwell a annoncé qu'il planchait sur la publication d'un livre. Titre provisoire: «Trust but verify, un conflit d’intérêts»

Sa publication serait planifiée pour début 2023. Dans les colonnes de Bilan, le Britannique affirmait que «ça pourrait faire l’effet d’un petit Hiroshima dans certains milieux, spécialement à Genève».

Aux Îles Caïman, Nick Rodwell est représenté par Nelsons Attorneys at Law Ltd. Bernard Lachenal et Claude Brechbuhl n'ont pas répondu à nos questions.

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