Grégory Genevrier sur le site de Radio France International.
Elle s’affaire ces derniers jours à semer le doute sur le soutien des opinions européennes à l’Ukraine, à coup de fausses Unes de journaux.
Elle s’appuie sur la production et la diffusion de fausses couvertures de journaux de différents pays européens.
Un des exemples marquants est une fausse Une de l’hebdomadaire français Courrier International, intitulée « Gardons nos œufs ! », prétendument publiée le 6 avril 2023.
Un des exemples marquants est une fausse Une de l’hebdomadaire français Courrier International, intitulée « Gardons nos œufs ! », prétendument publiée le 6 avril 2023.
Elle comporte un dessin de Volodymyr Zelensky en train de voler des œufs de Pâques à des enfants en pleurs.
Cette caricature est donc censée illustrer le ras-le-bol des Français vis-à-vis du soutien financier et militaire de leur pays à l’Ukraine.
Cette fausse Une est relayée par de nombreux utilisateurs en ligne, dont l'ambassade russe au Kenya. © Captures d'écran/ Montage RFI |
Pour s’en apercevoir, il suffit de retrouver la couverture originale de l’hebdomadaire paru en kiosque le 6 avril 2023.
Elle parle de l’Inde avec une photo de deux jeunes sur une moto, et non pas du président ukrainien.
Cela n’a pas empêché l’ambassade de Russie au Kenya de partager la fausse couverture sur son compte Twitter.
Plusieurs journaux ciblés
Le magazine français n’est pas la seule victime de cette usurpation.
Seulement quelques jours plus tard, le 13 avril, c’est au tour du magazine espagnol satirique, El Jueves, de voir sa première page imitée et falsifiée.
Intitulée « leur dernière semaine sainte » encore en référence à la fête de Pâques, elle montre un dessin de Volodymyr Zelensky, en rang avec plusieurs soldats ukrainiens qui se tordent de douleur.
Devant eux se tient un panier en osier, rempli non pas d'œufs en chocolat, mais de testicules de militaires.
Ce dessin veut donc illustrer des soldats ukrainiens sur le point de mourir dans une contre-attaque vouée à l’échec.
Cette fausse Une est relayée dans plusieurs langues sur les réseaux sociaux. © Captures d'écran/ Montage RF |
Vérification faîte, nous n’avons retrouvé aucune trace de cette couverture sur le site officiel du magazine.
Le numéro d’authentification, 2388, qui lui est attribué n’existe pas encore.
Le dernier magazine sorti en kiosque porte le numéro 2386. Nous nous sommes également intéressés à la signature présente en bas de la caricature du président ukrainien et de ses soldats.
Elle nous a permis de retrouver le dessinateur Juanjo Cuerda, qui prête souvent son crayon à El Jueves.
Elle nous a permis de retrouver le dessinateur Juanjo Cuerda, qui prête souvent son crayon à El Jueves.
Il nous a confirmé qu’il n’était pas à l’origine de ce dessin.
Quelqu’un a donc usurpé sa signature en fabriquant cette fausse Une.
« C’est la troisième fois que quelqu’un utilise ma signature pour fabriquer une fausse Une d’El Jueves. À chaque fois, le dessin concerne Volodymyr Zelensky », explique-t-il.
Un phénomène déjà documenté
Ce type de fabrication d’infox n’est pas nouveau puisqu’on retrouve des fausses couvertures sur Telegram dès les premiers mois après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine.
Ce type de fabrication d’infox n’est pas nouveau puisqu’on retrouve des fausses couvertures sur Telegram dès les premiers mois après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine.
Le magazine satirique Charlie Hebdo, l’hebdomadaire turc Léman, ou encore le quotidien allemand Handelsblatt ont récemment été la cible de cette pratique de désinformation.
Exemples de fausses Unes fabriquées par la propagande russe depuis le début de la guerre en Ukraine. © Captures d'écran/ Montage RFI |
Le but de ces infox est toujours le même : faire croire que les opinions européennes ne veulent plus soutenir l’Ukraine.
Tromper le peuple russe
Cette désinformation cible d’abord le peuple russe que la propagande veut convaincre du bien fondé de sa guerre.
C’est d’ailleurs pour ça qu’en retraçant le parcours de ces infox en ligne, on retrouve toujours le même schéma de diffusion.
Ces fausses couvertures sont d’abord publiées sur des comptes Telegram russophones, importants relais de la propagande du Kremlin.
Elles sont ensuite relayées sur les autres réseaux sociaux utilisés en Russie comme Vkontakte, ou Odnoklassniki, avant d'être diffusées dans des médias et des blogs russophones.
Elles sont ensuite relayées sur les autres réseaux sociaux utilisés en Russie comme Vkontakte, ou Odnoklassniki, avant d'être diffusées dans des médias et des blogs russophones.
Par un effet de contagion, ces infox apparaissent ensuite sur les réseaux sociaux plus traditionnels, type Twitter, Facebook ou encore TikTok.
Leur diffusion est enfin amplifiée par les traditionnels relais de la propagande russe, dans le but de tromper une audience toujours plus large.
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