Comment se montrer original avec le personnage de Mickey? Maîtres de la bande dessinée «franco-belge», le Suisse Cosey et les Français Lewis Trondheim et Nicolas Keramidas ont surmonté cette gageure en revisitant à leur façon l’univers de Walt Disney.
Deux premiers albums d’une nouvelle collection «Disney by Glénat» paraissent mercredi chez Glénat, éditeur français des classiques de Walt Disney («La jeunesse de Picsou», «La dynastie Donald Duck»...), une manière, selon l’éditeur Jacques Glénat, de faire «revivre les grands personnages de Disney dans des aventures totalement inédites».
Cosey, Trondheim et Keramidas ont obtenu carte blanche des studios Disney pour donner leur version des aventures de Mickey. On retrouve la célèbre souris et ses amis, Dingo, Minnie, Horace, Clarabelle, Pat Hibulaire mais aussi Donald, Picsou et les Rapetou. Nous sommes dans un univers familier où tout pourtant est différent, chaque auteur apportant sa propre sensibilité et son humour.
«Une mystérieuse mélodie», l’album signé par Cosey (auteur de la série «Jonathan», «A la recherche de Peter Pan»...) a le charme désuet des premiers Mickey. Nous sommes en 1927, Mickey est scénariste pour Hollywood. Le chien Pluto s’appelle encore «Dog». Problème: le producteur refuse le dernier texte trop gentil de Mickey. Il réclame «du drame, de l’amour, des larmes, de l’infamie, des trahisons», bref quelque chose qui ressemble à du Shakespeare.
Évidemment, Mickey n’est pas du genre à se dérober devant les difficultés. Son nouveau scénario transportera «Dog» sur le sol de Pluton (voilà donc l’origine du nom du chien de Mickey!) mais au cours de cette histoire, faussement mièvre, il sera aussi question d’un inédit disparu de Shakespeare, d’une mystérieuse inconnue croisée dans un train de nuit, d’un air de musique obsédant et de la naissance d’une passion.
Les enfants qui liront l’album, 64 pages, au premier degré devraient adorer tandis que les adultes se régaleront des clins d’oeil innombrables de Cosey.
L’album «Mickey’s craziest adventures» du duo Trondheim et Keramidas lorgne clairement quant à lui du côté du fantastique. La couverture rappelle celles des comics américains des années 1950 avec créatures répugnantes de l’espace, prédateurs venus du fond des âges.
De façon malicieuse, cette aventure inédite de Mickey, associé ici avec Donald, se présente comme la réédition (incomplète) d’une vieille série prétendument «oubliée» d’une quarantaine de comics, «Mickey’s Quest» qui «tint en haleine les jeunes lecteurs américains de mai 1962 à février 1969».
Les auteurs racontent avoir trouvé ces fascicules lors d’une brocante. «Ne pouvant garder ce trésor pour eux seuls, Lewis Trondheim et Nicolas Keramidas ont entrepris de redonner accès à ces planches au public d’aujourd’hui», soutient Glénat dans sa préface. Doit-on croire l’éditeur? Pas forcément.
La «trouvaille» des deux compères étant incomplète, la version présentée en album est elle aussi incomplète. On passe ainsi de l’épisode 24 à l’épisode 27, de l’épisode 76 à l’épisode 79. Au lecteur d’imaginer ce qui s’est passé dans les «blancs».
Et cela fonctionne. On se passionne pour cette histoire invraisemblable où Pat Hibulaire et les Rapetou ont dévalisé le coffre-fort d’Oncle Picsou grâce à une machine à miniaturiser conçu par Géo Trouvetou. Mickey et Donald se lancent à la poursuite des bandits y compris sur la Lune. On croisera des pieuvres géantes, des animaux préhistoriques avant que tout se termine bien ou presque.
L’album, 48 pages, est totalement délirant et follement drôle. Les plus jeunes devraient être fascinés par le rythme échevelé de ces «folles aventures».
Présentés avec une couverture rigide et un dos toilé, les deux albums, en couleur, bénéficient chacun d’un tirage exceptionnel de 25.000 exemplaires.
Deux nouveaux albums de la même collection, conçus par Loisel («Magasin général», «La quête de l’oiseau du temps»...) et Tebo («Alice au pays des singes» avec Keramidas), sont prévus en octobre.
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