De la necessité d'utilisation du plomb à la composition par ordinateur, Dominique Faure a accompagné toutes les évolutions de l'imprimerie, avec Charlie Hebdo et Hara-kiri. Êtes-vous nostalgique de cet univers ?
Après une formation de typographe avec un CAP, très jeune, l'imprimerie a été mon domaine. J'ai beaucoup appris, je ne m'y suis jamais ennuyé. J'ai eu la chance de travailler dans une imprimerie importante.
J'étais contremaître avec dix-huit monteurs. Nous imprimions des journaux, comme Charlie Hebdo, toutes les semaines, de sa création en 1960 jusqu'en 1981.
Ce journal était étroitement lié au journal « Bête et méchant », Hara-kiri, créé par Georges Bernier, alias le professeur Choron.
Le premier numéro avait fait sensation, avec la couverture « Bal tragique à l'Elysée ». Certains mois nous le tirions à 200 000 exemplaires.
Ces publications dépendaient à l'époque d'Ici Paris, qui était actionnaire. Ce sont des journaux qui ont marqué leur époque.
Cette presse satirique avait des contraintes ?
Effectivement, pour les équipes et les journalistes, ce n'était pas toujours évident. Les pages montées étaient portées au ministère pour le feu vert.
Tous les jours, nous attendions l'accord avant d'imprimer. C'était un jeu entre la rédaction et le pouvoir. Nous étions très surpris, des couvertures très osées passaient et d'autres étaient bloquées.
C'était une époque exceptionnelle à tous points de vue, dans le meilleur et le plus mauvais.
Ces contraintes créaient une réelle complicité avec les journalistes. Je côtoyais Cabu, Reizer, Wolinski, Cavanna et le Professeur Choron.
Charlie Hebdo - # 398 - 29 juin 1978 - Couverture : Reiser |
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
J'ai été très attaché à Cabu, il était très sympathique, humain. Il cumulait les talents de journaliste et de dessinateur. Très perfectionniste, il changeait ses dessins jusqu'au dernier moment et il arrivait toujours le dernier, après minuit, en s'excusant.
J'ai été très attaché à Cabu, il était très sympathique, humain. Il cumulait les talents de journaliste et de dessinateur. Très perfectionniste, il changeait ses dessins jusqu'au dernier moment et il arrivait toujours le dernier, après minuit, en s'excusant.
Il ne se prenait pas au sérieux. Je pense souvent au 7 janvier 2015 avec une grande tristesse.
L'imprimerie a été rachetée et j'ai volé de mes propres ailes. Actuellement je me consacre à mon hobby, je crée des documentaires et dessins animés pour mes petits enfants, à retrouver sur mon compte Youtube : Dominique Faure.
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