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Image tirée de Chroniques de jeunesse de Guy Delisle, Delcourt |
La pandémie n’a pas fini de perturber le secteur de la bande dessinée. Cette fois, c’est la production qui ne suit plus.
Suite aux confinements, de nombreux albums avaient vu leur sortie repoussée pour ne pas paraître durant la fermeture des librairies.
Et l’autre conséquence inédite de la crise sanitaire, c’est la pénurie de matière première : le carton, le papier et même l’encre viennent à manquer.
Tous les lecteurs de bande dessinée qui se promènent sur les réseaux sociaux, et en librairies, en ont entendu parler. Les éditeurs s’excusent régulièrement de reports de parutions, malheureusement pour les lecteurs impatients… et aussi pour les auteurs.
Quentin Zuttion attendait la sortie de sa septième œuvre, La Dame Blanche, chez Le Lombard pour le 24 septembre, en pleine rentrée littéraire.
À cause de la pénurie, la sortie a été repoussée à octobre, puis à novembre. L’éditeur a finalement repoussé la sortie à janvier, pour se placer sur une fenêtre de sortie plus avantageuse. L’auteur relativise même s’il est déçu.
“Quand on finit le livre il y a encore toute la post-production, l’impression… donc ça prend déjà quatre bons mois. C’est un temps un peu étrange entre le soulagement d’avoir fini mais aussi les petites angoisses de la sortie d’un nouveau livre. Il y a de l’impatience et de l’appréhension. Donc quand on te dit que ce temps là va durer beaucoup plus longtemps…”
Quentin ZuttionD’autant plus que ce n’est pas la première fois que la sortie d’un de ses ouvrages est repoussée à cause de la pandémie.
Son livre Drosophilia chez Payot était prévu pour mai 2020, et avait finalement été repoussé au mois de septembre.
D’où vient la pénurie ?
Le manque de papier est la conséquence d’un effet boule de neige : depuis plusieurs années, les imprimeurs sont de plus en plus nombreux à fermer, la production étant donc concentrée sur un nombre restreint de sites.
Le manque de papier est la conséquence d’un effet boule de neige : depuis plusieurs années, les imprimeurs sont de plus en plus nombreux à fermer, la production étant donc concentrée sur un nombre restreint de sites.
Et bien sûr, il y a la pandémie : au moment du premier confinement, le secteur de l’e-commerce a connu une très forte croissance. Et qui dit e-commerce… dit carton !
L’Union Européenne pousse les entreprises à minimiser leur utilisation de plastique. Les produits commandés sont donc envoyés dans du carton, et cette matière est utilisée pour fabriquer du papier. Qui dit moins de carton dit donc moins de papier.
En parallèle, le secteur de la bande dessinée connaît lui aussi une forte augmentation. La demande de papier et autres matières premières augmente, alors que ces dernières se font rares, ce qui engendre une hausse de leur coût.
L’Union Européenne pousse les entreprises à minimiser leur utilisation de plastique. Les produits commandés sont donc envoyés dans du carton, et cette matière est utilisée pour fabriquer du papier. Qui dit moins de carton dit donc moins de papier.
En parallèle, le secteur de la bande dessinée connaît lui aussi une forte augmentation. La demande de papier et autres matières premières augmente, alors que ces dernières se font rares, ce qui engendre une hausse de leur coût.
Christel Hoolans, Directrice générale des éditions Kana et Le Lombard, fait état d’une situation tendue.
“Ça a commencé à s’emballer en 2020 à la faveur de la pandémie, mais ça s’est concrétisé début 2021, avec des hausses de prix, des difficultés d’approvisionnement, et des délais qui s’allongent de manière démesurée. Aujourd’hui on est à douze semaines entre le moment où vous nous commandons et celui où nous sommes livrés. Et pour les papiers spéciaux, on est à plus de cinq mois.”
Christel Hoolans
L’éditrice ajoute qu’en temps normal, une commande nécessite à peu près quatre semaines pour être livrée.
Alors que la vie reprend progressivement son cours, la situation va-t-elle peu à peu s’arranger côté librairies ? Difficile à dire puisque Noël arrive. C’est chaque année la période la plus chargée pour ces commerces, car la bande dessinée conserve une place de choix dans la liste des cadeaux offerts par les français.
Pedro Favier se prépare déjà :
“On n’a aucun moyen de savoir comment ça va se passer. On peut essayer de stocker, de préparer les boutiques et de prévenir les clients, leur dire d’acheter les tomes suivants dès qu’ils peuvent. On ne veut pas forcer à la vente, mais on sait comment ça risque de se passer. Si ça continue comme ça, ça risque d’être sportif en décembre !”
Pedro Favier
Christel Hoolans de son côté, fait remarquer que Le Lombard, comme pas mal d’éditeurs prévoyants, a réussi depuis janvier à ne jamais tomber en rupture de stock.
Elle reste confiante pour les fêtes, estimant que les stocks sont suffisants pour passer cette période-clé.
Mais le problème, c’est l’après : en effet, il est difficile de savoir quand la pénurie prendra fin.
Mais le problème, c’est l’après : en effet, il est difficile de savoir quand la pénurie prendra fin.
Même si dans tous les cas, vous ne manquerez pas de lecture avec le nombre de sorties déjà présentes sur les tables des libraires.
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