jeudi 13 janvier 2022

La maison du dessin de presse fonctionnera en réseau

Sur le site de La Croix.


Un site au cœur de Paris a finalement été préféré à celui de Limoges, considéré comme trop « excentré », pour accueillir la maison du dessin de presse. 

Si son nom ou sa gouvernance restent à préciser, sa vocation sera internationale, éducative, et s’inscrira dans une dynamique de réseau avec d’autres structures et associations.

C’est à Paris, finalement préféré à Limoges ou Strasbourg, que s’ouvrira, « d’ici deux ou trois ans » une maison européenne (ou internationale) du dessin de presse (et du dessin satirique), le nom précis restant à « trancher »

La décision était prise depuis quelques jours au terme d’un long processus de consultations et d’analyses techniques des sites des villes candidates, mais Emmanuel Macron voulait en faire l’annonce ce 11 janvier, date anniversaire de la marche historique qui avait réuni 4 millions de personnes dans la capitale après l’attentat à la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.

Le président de la République comptait en parler en fin de journée lors d’une rencontre avec différentes associations de journalistes, mais la colère du président du conseil départemental de Haute-Vienne a fait fuiter l’information la veille. 

Dans un communiqué, Jean-Claude Leblois dénonce « un camouflet », « un mépris de plus envers les territoires ruraux ». 

Il fustige « le centralisme parisien qui n’en finit plus d’étouffer les énergies locales », tout en espérant que le chef de l’État reviendra sur cette décision.

Les raisons du choix de Paris

Selon une source à l’Élysée, le choix s’est porté sur Paris sans a priori, au terme de l’examen d’une mission d’inspection chargée d’évaluer les différents projets (chiffrage des travaux, accessibilité, sécurisation…). 

Si Saint-Just-le-Martel, village situé à 9 km de Limoges, accueille depuis quarante ans un Salon international du dessin de presse, la capitale de la Haute-Vienne avait proposé d’implanter la nouvelle structure dans « un site situé dans une zone industrielle un peu excentrée ».

Autre point défavorable : les travaux envisagés coûtaient, selon l’Élysée, « le double » de ceux du site parisien, une ancienne école de la rue du Pont-de-Lodi (6e arrondissement), prêtée par la Ville de Paris. 


L’Élysée précise que Bordeaux aurait eu toutes ses chances si elle ne s’était pas retirée après les municipales. De même que Strasbourg, carrefour européen, si elle n’avait pas proposé « sept sites possibles ».

Une maison à vocations multiples

« Ce ne sera pas un musée (lieu qui conserve les œuvres), souligne l’Élysée, mais une maison qui aura vocation à (faire) essaimer des actions partout sur le territoire en travaillant en réseau avec d’autres structures (comme la Duduchothèque à Châlons-en-Champagne) et en créant des partenariats à l’international. »

Les associations comme Cartooning for Peace (créée par Plantu) et Dessinez Créez Liberté (initiée par Charlie Hebdo), qui défendent le dessin de presse satirique et interviennent dans les établissements scolaires, resteront associées au projet qui a vocation à organiser des expositions et rencontres, être « un lieu de refuge pour des dessinateurs menacés dans leur pays », mais aussi d’« éducation au dessin de presse » et « de ressources pour les étudiants ou enseignants », précise la même source.

Un lieu souhaité par Wolinski

Cette idée de maison du dessin de presse a été portée dès 2007 par Georges Wolinski, puis par sa veuve Maryse Wolinski, récemment décédée, qui avait repris le flambeau après l’attentat de 2015. 

La « mission Wolinski » proposait un plan d’action global pour valoriser le dessin de presse comme élément constitutif des beaux-arts, comprenant un volet conservation des archives. 

L’Élysée rappelle à cette occasion qu’un nouveau pôle décentralisé de la BnF de « conservation des archives de presse, dont les dessins » s’implantera à Amiens.

Deux millions d’euros ont été fléchés dans la loi de finances 2022 pour la réalisation de ce projet, évalué à 8,5 millions d’euros, comprenant un financement des collectivités locales, dont le conseil régional.

Jean de Loisy pressenti

Membre du comité de suivi du projet, Julien Sérignac, numéro deux de Charlie Hebdo, salue le choix de Paris, car « il fallait que cette maison ait une dimension internationale et soit donc très accessible »

Maryse Wolinski y tenait aussi pour des raisons symboliques et de proximité avec l’école des Beaux-Arts, qui a accueilli les dessins de son époux dans ses collections. 

Le directeur de cette dernière, Jean de Loisy, est d’ailleurs pressenti pour diriger la nouvelle structure, selon plusieurs sources.

Si l’Élysée exclut d’inscrire le terme « caricatures » dans le nom, l’équipe de Charlie Hebdo et la veuve de Cabu tiennent à ce que le terme « dessin satirique » y figure. 

« C’est un peu tôt pour trancher, mais cette tradition française fera partie du projet », promet l’Élysée.


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