dimanche 17 mars 2013

Expo Chris Ware à la Galerie Martel

Melissa Bounoua et Amandine Schmitt dans Le Nouvel Observateur.


Chris Ware était sélectionné pour le Grand Jury d’Angoulême cette année au Festival, parmi 16 autres candidats - et c’est le Néerlandais Willem qui a remporté la mise, suscitant quelques critiques. Chris Ware, de toute façon, avait déjà obtenu en 2003 le prix du meilleur album pour «Jimmy Corrigan».


Malgré cette reconnaissance relative du milieu, le grand public le connaît peu. Benoît Peeters et Jacques Samson écrivaient pourtant, en 2010, dans «Chris Ware. La bande dessinée réinventée», qu'il «est sans doute le plus important auteur de bande dessinée de ces dernières années».
Voici donc sa première exposition en France. Elle s’est ouverte le 15 mars à la galerie Martel, dans le Xe arrondissement de Paris (jusqu'au 27 avril). Sa dernière BD, «Building Stories», une boîte contenant 14 BD de formats différents, saluée par la critique américaine, ne devrait pas être publiée en France avant quelques années.

Lors de la conférence de presse organisée la veille de l’ouverture de l’exposition, Chris Ware explique d’entrée de jeu qu’il ne tient pas vraiment à exposer ses planches. «Je ne suis pas sûr que ce soit très intéressant de voir ça sur un mur.» Celles-ci sont tirées de ses trois œuvres principales : un extrait de sa série «Acme Novelty Library», «Jimmy Corrigan» et «Building Stories». On peut aussi visionner le délicieux court-métrage d’animation «Quimby the Mouse».

Dès l’entrée dans la galerie, le dessinateur nous avait prévenus: il n’y a aucune progression logique dans les planches d’«Acme Novelty Library» et l’on risque de ne rien comprendre. C’est qu’il aime tout contrôler jusqu’au moindre détail, avec une minutie quasi-maladive qu’on retrouve dans son œuvre: 
Le dessin doit être le plus clinique possible, car c’est l’émotion qui doit primer. Si on les regarde longuement, on se rend compte que ce ne sont pas vraiment des bons dessins, ils indiquent simplement qu’il s’agit de fiction.»
Ce matin-là dans le Xe arrondissement, il est plutôt souriant. Sa longue et fine silhouette est encadrée par un imposant panneau qui représente Oak Park - une banlieue de Chicago où Chris Ware vit et où se déroule «Building Stories». L’artiste raconte qu’il a étudié la peinture et la sculpture mais que c’est l’objet livre qui lui convient le mieux:
Il est accessible, intime et bon marché. Je ne considère pas mon dessin comme de l’art, cela participe à quelque chose de plus grand, une histoire.» A propos de l’exposition, il souligne qu’il voit ça «davantage comme une expérience scientifique».
La galerie Martel a déjà accueilli avant lui des figures emblématiques du 9eme art: Art Spiegelman, Robert Crumb, Blutch. L’organisation a pris quelques mois, explique la galeriste, car l’auteur a voulu veiller à ce que tous les détails soient parfaitement finalisés. Les planches devaient par exemple ne pas être encadrées mais sous plexiglas. Chris Ware a également réalisé un portfolio et dessiné deux affiches sérigraphiées. Il y conseille même un raccourci pour accéder à l’exposition. Le sens du détail, on vous dit.
Melissa Bounoua et Amandine Schmitt
Exposition Chris Ware du 15 mars au 27 avril
17, rue Martel 75010 Paris

http://www.galeriemartel.com/










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