mardi 14 février 2017

Controverse autour du prix World Press Photo 2017

Sur le site de Courrier international.


Le cliché du photographe turc Burhan Ozbilici a été désigné photo de l’année par le jury du World Press Photo, hier. Un choix moralement discutable, selon le président du jury Stuart Franklin, qui signe un édito dans le quotidien britannique The Guardian.

Le photographe turc Burhan Ozbilici a remporté ce lundi 13 février le premier prix du 59e World Press Photo, le plus prestigieux concours de photojournalisme. 

Son image avait été réalisée quelques instants après l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, Alexeï Karlov, par un policier turc, le 19 décembre 2016. 

Immortalisant un meurtre prémédité, elle avait été visionnée 18 millions de fois dans les heures qui ont suivi l’assassinat.
“Témoignage de la haine de notre époque”

“C’était une décision très, très difficile, mais en fin de compte, nous avons eu le sentiment que l’image de l’année était une image explosive qui témoignait vraiment de la haine de notre époque”, a commenté Mary F. Calvert, membre du jury, citée dans le communiqué officiel.

Pour autant, ce choix du jury ne fait pas l’unanimité, à commencer par le président de celui-ci, Stuart Franklin, qui signe un édito dans le quotidien britannique The Guardian

“Cette image de la terreur n’aurait jamais dû devenir la photo de l’année”, écrit-il, tout en saluant “le sang-froid, la bravoure et la compétence” du photographe. 

“Une photo moralement problématique”

C’est la troisième fois que l’image d’un assassinat remporte ce prix, la plus célèbre étant celle du meurtre d’un suspect vietcong, prise par Eddie Adams en 1968, rappelle Stuart Franklin. 

 
La photo d’Ozbilici est, sans conteste, percutante. Pourtant, alors que j’étais absolument d’accord pour lui décerner le prix de la catégorie informations générales – qu’il a également remporté – j’étais fermement opposé à ce qu’elle devienne la photo de l’année. 

Mes arguments ont perdu de justesse. J’ai voté contre. Désolé, Burhan. 

C’est la photographie d’un meurtre, d’un meurtrier et d’une victime, les deux présents sur la même image. Moralement, la publication de cette photo est aussi problématique à publier qu’une décapitation terroriste.”

Pour le président du jury, ce cliché “renforce l’alliance entre le martyre et la publicité”.

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