Dessin de François Boucq |
par Yannick Haenel
Les réquisitions se sont achevées, avec les peines demandées par le Parquet, puis les plaidoiries de la défense ont commencé.
On croyait attendre ce moment, mais en réalité on ne faisait que le redouter. Et de fait, ce n’est pas sans trouble qu’on a assisté à la lecture des peines demandées par le parquet national antiterroriste.
Ces hommes qu’on a vus et écoutés quotidiennement depuis trois mois étaient punis devant nous, et nous étions témoins de leur punition.
Quelque chose d’irréversible s’engageait sous nos yeux, d’insupportable aussi ; et quand bien même nous sommes aux côtés des victimes, et très proches de certains survivants de Charlie Hebdo, quand bien même nous attendons pour eux une justice qui soit capable de leur redonner un peu de la vie qu’ils ont perdue, nous ne cessons de douter et d’être tiraillés par des contradictions qui nous poussent à exécrer les châtiments, et plus encore à haïr la jouissance punitive, celle qui anime les grégarités et fait naître la barbarie.
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