dimanche 5 décembre 2021

Les talents multiples d’André-Philippe Côté

Céline Fabriès sur le site du Soleil.


Il en a fait du chemin, le petit André-Philippe Côté depuis ses premiers dessins à l’école primaire. 

Chaque matin ou presque depuis 1997, les lecteurs du Soleil découvrent une nouvelle caricature d’André-Philippe en ouvrant leur journal ou leur app. 

Mais le caricaturiste n’a pas seulement du talent pour donner le sourire au lecteur ou le faire réagir. 

En effet, depuis 50 ans, la peinture est l’un des moyens d’expression privilégiés de l’artiste. Des œuvres regroupées dans une exposition à la Galerie Alexandre Motulsky-Falardeau.

Parmi les œuvres que l’on peut découvrir jusqu’au 23 décembre figurent ses premiers dessins dans les années 70. 

À cette époque, le jeune artiste en herbe ressent un profond besoin de communiquer et de publier. Il se tourne alors vers les magazines de science-fiction. 

«Ce n’était pas vraiment un milieu naturel pour moi, mais c’était l’un des seuls moyens pour être publié», explique-t-il.

Juste à côté de ses premiers dessins, on peut admirer ses derniers tableaux, des œuvres à la fois abstraites et figuratives. 

«Ce qui domine c’est la couleur, les formes, l’atmosphère plus que le sujet. Il n’y a aucun message. C’est purement visuel», relate l’artiste. 

Un univers à l’opposé des caricatures où son objectif est de livrer un message. 

«Plus ça va, moins j’essaye de dessiner, j’essaye plutôt de dire des choses avec les caricatures.»

La rue Cartier

Autodidacte

André-Philippe Côté a du talent. Dès son plus jeune âge, ses dessins suscitent l’admiration. 

C’est décidé, il sera dessinateur. Les maths, le français et autres matières obligatoires ne l’intéressent pas. 

«Mes parents étaient inquiets, mais en même temps, ils m’offraient des chevalets, de la peinture, à Noël», raconte-t-il.

Il se lance alors dans la lecture de tous les livres sur l’art disponibles à la bibliothèque municipale. Il apprend à travers ses lectures, les tendances et les méthodes. 

Au Québec dans les années 70-80, il n’y avait personne autour de lui pour le guider. 

«Il y a un professeur en secondaire 5 qui a été un modèle. Il m’a fait découvrir plein de choses. Mais j’ai souffert de ne pas avoir un guide pendant des années.»

La femme loup

Premier chèque

À 32 ans, une première porte s’ouvre, celle du Soleil. On est en 1984. 

Il est embauché comme illustrateur et il touche son premier chèque en faisant ce qu’il aime vraiment. 

Parallèlement, à la fin des années 80, il s’initie à l’humour au magazine Safarir

«J’avais enfin un revenu régulier et ça a été une école extraordinaire. La caricature, c’est l’aboutissement de ces années-là», relate-t-il.

C’est en 1997 qu’André-­Philippe devient le rendez-vous de nombreux lecteurs du Soleil chaque matin. 

On est en août, le caricaturiste attitré, Berthio, qui est proche de la retraite, part en vacances. 

André-Philippe le remplace pendant un mois. Une semaine plus tard, il reçoit une offre du journal pour un poste de caricaturiste. 

Les finissants


Pas de relève

Passionné par ce qu’il fait, André-Philippe ne se voit pas prendre sa retraite. 

«Si je prends ma retraite, je vais dessiner, alors autant être payé», lance-t-il avec humour. 

«J’ai 66 ans, aujourd’hui je me retrouve comme quand j’avais 10 ans, j’ai pas d’âge quand je dessine. Tout est aboli. J’ai le même plaisir, la même passion.»

Mais plus sérieusement, il aimerait bien que quelqu’un finisse par prendre sa place. 

«La retraite, ça serait pour enlever le stress, la caricature, c’est stressant. Chaque matin, il faut trouver de nouvelles idées», fait-il valoir.

Malheureusement, les jeunes artistes ne semblent pas intéressés par cet art qui est pourtant l’un des sujets autour de nombreuses machines à café chaque matin. 

«Les jeunes se tournent beaucoup vers les jeux vidéo parce qu’il y a des revenus. La crise des journaux a également réduit considérablement les illustrations», déplore-t-il.

André-Philippe pense parfois qu’il devrait donner un cours à l’Université Laval pour découvrir celui ou celle à qui il pourrait donner les clés de la caricature.

«Il y a beaucoup de jeunes qui ont du talent pour le dessin, mais au niveau connaissances culturelles, connaissances sociologiques, il y a un vide, je n’ai pas vu quelqu’un qui m’étonnait encore.» Avis aux intéressés.

***


Deux périodes marquantes en caricature

Les attentats du 11 septembre 2001
Les attentats du 11 septembre ont complètement changé la façon de faire d’André-Philippe Côté pour que les lecteurs comprennent ce qu’il voulait dire. «Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas le Coran, que je n’avais jamais voyagé au Moyen-Orient. On en parlait partout. Je ne pouvais pas faire n’importe quoi. Je suis devenu plus prudent.»

La pandémie
La pandémie est le premier événement universel traité par André-Philippe Côté qui touche tous les groupes d’âge, toutes les couches sociales. «C’est la première fois que je fais des dessins qui peuvent voyager n’importe où. Pour moi ça a été quelque chose d’extrêmement riche. Je suis tanné comme bien du monde de la COVID, mais c’est incroyable comme sujet.»

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