Sur le site du Devoir.
Illustration de Jillian Tamaki |
Le Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, dont la 50e édition se termine dimanche, déroule cette année le tapis rouge au Canada avec la présence sur place d’une armada de créateurs et d’éditeurs de chez nous.
Une soixantaine de Canadiens, dont une trentaine de Québécois, sont sur place afin de participer à plusieurs activités publiques.
Le prestigieux rendez-vous consacré au 9e art, le plus grand du genre dans le monde francophone, offre aussi un volet professionnel et plusieurs occasions d’affaires.
Le prestigieux rendez-vous consacré au 9e art, le plus grand du genre dans le monde francophone, offre aussi un volet professionnel et plusieurs occasions d’affaires.
« Pendant quelques jours, le festival transforme la ville en véritable mecque de la bédé », confirme Philippe Rioux, spécialiste de la bande dessinée canadienne et québécoise.
« L’événement, qui attire à lui seul environ 200 000 visiteurs chaque année, est une plateforme de visibilité exceptionnelle pour les artistes. »
Au-delà des rencontres, l’aspect commercial n’est pas à négliger dans un marché aussi compétitif que celui de la bande dessinée, croit le chercheur de l’Université Concordia.
Au-delà des rencontres, l’aspect commercial n’est pas à négliger dans un marché aussi compétitif que celui de la bande dessinée, croit le chercheur de l’Université Concordia.
« Pour les acteurs du milieu, en particulier pour les éditeurs indépendants, Angoulême est devenu précieux et inestimable pour faire découvrir la bande dessinée de chez nous, mais aussi pour accroître les occasions financières. »
Parlez-en à Luc Bossé, fondateur des Éditions Pow Pow, qui a signé bon nombre d’ententes avec des éditeurs de l’Europe francophone.
Parlez-en à Luc Bossé, fondateur des Éditions Pow Pow, qui a signé bon nombre d’ententes avec des éditeurs de l’Europe francophone.
« Il existe un réel engouement pour la bédé québécoise et canadienne. C’est une chance unique qu’on saisit ici en rencontrant d’autres éditeurs venant de partout », raconte-t-il en entrevue.
Ses titres sont d’ailleurs disponibles en France, en Belgique et en Suisse depuis 2016 par l’entremise de Belles Lettres Diffusion, une boîte indépendante basée à Paris.
Ses titres sont d’ailleurs disponibles en France, en Belgique et en Suisse depuis 2016 par l’entremise de Belles Lettres Diffusion, une boîte indépendante basée à Paris.
« Ça s’est conclu au fil des rencontres. C’est une maison d’édition qui nous ressemble, et quand on a senti que notre catalogue était assez bien fourni, on a décidé de s’associer. »
Angoulême est un incontournable, affirme l’éditeur.
Dédicaces, expositions, colloques, ateliers et tables rondes contribuent à favoriser les prises de contact entre professionnels.
Et ça fonctionne, puisque le Marché international des droits organisé en parallèle du festival a triplé de taille en seulement trois ans : en 2024, 35 pays, 1500 visiteurs de l’industrie et 106 éditeurs y étaient présents.
« L’âge de la maturité »
La concurrence demeure rude, reconnaît Luc Bossé, mais les créations du Québec sont aujourd’hui assez « fortes et solides » pour attirer à elles seules l’attention.
« Je vois la mise à l’honneur du Canada comme une consécration. On est arrivés à l’âge de la maturité.
Notre identité propre s’exporte, et c’est une très bonne nouvelle pour la pérennité de la bédé québécoise. »
Dans l’Hexagone, les succès d’ici sont légion.
Dans l’Hexagone, les succès d’ici sont légion.
Michel Rabagliati, premier Québécois à remporter le Prix du public du festival d’Angoulême, en 2010, a conquis le coeur des Français avec sa série des Paul.
Sans oublier le Grand Prix d’Angoulême, remis en 2022 à la bédéiste québécoise Julie Doucet pour sa carrière marquée par son fanzine trash Dirty Plotte.
« Notre parler distinctif, notre talent et les histoires bien ancrées dans notre réalité attirent un lectorat francophone avide de nouvelles voix et de nouvelles propositions. »
La représentation canadienne à Angoulême reste imposante, avec la mise en place d’un pavillon, d’un espace librairie et de divers kiosques (dont un réservé aux professionnels).
La représentation canadienne à Angoulême reste imposante, avec la mise en place d’un pavillon, d’un espace librairie et de divers kiosques (dont un réservé aux professionnels).
Une exposition baptisée D’un océan à l’autre ! offre aux visiteurs du festival un large panorama des créations canadiennes à travers une sélection de bédéistes originaires des quatre coins du pays, dont la Montréalaise Boom (La méduse) et la Néo-Écossaise Kate Beaton (Environnement toxique).
« Ces initiatives aident à la promotion des oeuvres de nos créateurs et auteurs », croit Thomas-Louis Côté, directeur général de Québec BD, un organisme voué à la promotion du 9e art d’ici.
Il rappelle que, l’année dernière, le festival a consacré une partie de son espace et de sa programmation pour mettre en avant le Québec et sa capitale nationale.
« Ces initiatives aident à la promotion des oeuvres de nos créateurs et auteurs », croit Thomas-Louis Côté, directeur général de Québec BD, un organisme voué à la promotion du 9e art d’ici.
Il rappelle que, l’année dernière, le festival a consacré une partie de son espace et de sa programmation pour mettre en avant le Québec et sa capitale nationale.
« Les ventes de livres ont été impressionnantes. Dès la première journée, il nous manquait des titres qui se sont envolés comme de petits pains chauds », se souvient-il en riant.
M. Côté fréquente le festival depuis 2006.
M. Côté fréquente le festival depuis 2006.
« Des éditeurs comme Pow Pow ou La Pastèque sont des habitués, mais la venue de nouveaux éditeurs à Angoulême montre un intérêt accru pour des coéditions ou des projets de traduction.
Je pense que c’est très profitable pour le milieu de l’édition canadienne et québécoise de venir ici », dit-il.
Un art qui a la cote
Laurent Boutin, libraire spécialisé en bande dessinée à Planète BD, à Montréal, assure que les prix remportés à Angoulême peuvent avoir des répercussions sur les ventes au Québec.
« Oui, il y a un certain appétit de la part de notre clientèle pour les lauréats du festival. Il reste que la bande dessinée québécoise est déjà bien établie chez nous.
Les grands noms québécois se vendent très bien. Et puis, le fait qu’il y a une importante délégation en France prouve que le 9e art est en bonne santé », dit-il.
Selon lui, la bédé québécoise s’est rapidement diversifiée, la relève étant moins confinée à un seul style ou à une seule niche.
Selon lui, la bédé québécoise s’est rapidement diversifiée, la relève étant moins confinée à un seul style ou à une seule niche.
« La multiplication des festivals au niveau local et la présence des titres dans les écoles et les bibliothèques contribuent au succès du genre. »
Les chiffres démontrent en effet un intérêt en hausse pour cet art, qui représentait 9,3 % des parts de marché de l’industrie du livre au Québec en 2022, contre 8,7 % en 2021, selon le Bilan Gaspard rendu public par la Banque de titres de langue française (BTLF).
« La vente de bandes dessinées au Québec se porte bien depuis une dizaine d’années, aussi bien les albums que les romans graphiques », souligne Christian Reeves, directeur des ventes de la société de gestion BTLF.
Les chiffres démontrent en effet un intérêt en hausse pour cet art, qui représentait 9,3 % des parts de marché de l’industrie du livre au Québec en 2022, contre 8,7 % en 2021, selon le Bilan Gaspard rendu public par la Banque de titres de langue française (BTLF).
« La vente de bandes dessinées au Québec se porte bien depuis une dizaine d’années, aussi bien les albums que les romans graphiques », souligne Christian Reeves, directeur des ventes de la société de gestion BTLF.
« Parmi les faits marquants du marché, il y a la croissance de la bande dessinée, qui enregistre un gain de 2,5 %, propulsée par les mangas, notamment, avec une forte augmentation de 35 %. »
Le tome 4 des Expériences de Mini-Jean, d’Alex A., a d’ailleurs été la bande dessinée la plus vendue en 2022.
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