mardi 26 avril 2016

Baboubi, le nouveau journal satirique marocain

Sur le site du Huffington Post.


Dans un contexte tendu, marqué par les baisses de vente des supports papier et la dégradation de la liberté de la presse au Maroc, le caricaturiste Khalid Gueddar ose un double pari en lançant Baboubi, un hebdomadaire satirique, où le dessin tacle les politiciens et dénonce les maux de la société.

Quand on lui demande s'il ne craint pas l'échec de son support, Khalid Gueddar, qui a déjà collaboré avec plusieurs médias au Maroc à l'étranger, d'Akhbar Al Yaoum à Charlie Hebdo, reste conscient du risque mais ne manque pas pour autant d'optimisme. "Le papier existe toujours. Si quelqu'un veut sauver la presse, il devrait commencer par le papier", répond-t-il sereinement.

Baboubi a quand même ses chances de percer dans un paysage médiatique où les quotidiens arabophones généralistes se taillent la part du lion des ventes (et du lectorat). Ce dernier né souhaite proposer une alternative aussi différente sur le fond que sur la forme. 

Son argument de vente? Son prix d'abord, mais aussi la diversification des éditions. "Nous n'avons toujours pas fixé le prix, mais nous savons qu'il ne devrait pas dépasser 10 dirhams. Nous miserons également sur des hors-séries, des numéros spéciaux et on n'exclut pas un retour sur le web également", explique Khalid Gueddar.



Une renaissance mieux préparée

Ce n'est en effet pas le premier lancement de Baboubi. En 2011 déjà, Gueddar lançait ce même média sur le web, mais le site n'aura pas duré longtemps. "J'avais fait un dessin sur un imam à l'époque, qui avait été retrouvé avec une prostituée dans une mosquée", se souvient-il. 

Convoqué par la police, Khalid Gueddar est informé que sa caricature est considérée comme "une atteinte aux sacralités du pays", mais ne sera pas inquiété pour autant. Ce n'est que plusieurs années après qu'il sera condamné à trois mois de prison ferme pour "état d'ébriété sur la voie publique". Un condamnation qu'il considérera "politique", car intervenue à l'heure où il se préparait à lancer Baboubi en version papier.

De l'échec de son expérience sur le web, Khalid Gueddar semble avoir retenu des leçons. Aujourd'hui, il revient avec un projet plus réfléchi et une équipe plus étoffée. "J'ai appelé tous les dessinateurs de presse au Maroc. La plupart participeront au journal. Nous aurons également plusieurs chroniqueurs", précise-t-il. 

En définitive, Gueddar est parvenu à rassembler une équipe de huit dessinateurs, connus "pour la satire de leur trait et leur maitrise de la bande dessinée", selon lui. "Nous voulons faire quelque chose d'intéressant", clame le dessinateur aguerri.

Alors que le numéro zéro sera imprimé dimanche 24 avril, le premier numéro de Baboubi est prévu pour la première semaine de mai. Il sera tiré, dans un premier temps, à 30.000 exemplaires.


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