lundi 10 mai 2021

Victoire de Xavier Marabout contre Moulinsart

Angélique Cléret dans Ouest France.



L’artiste Xavier Marabout était poursuivi pour ses toiles mettant en scène Tintin dans un décor inspiré de l’univers du peintre américain Edward Hopper. 

La société Moulinsart avait plaidé la contrefaçon, lui sa liberté de parodier.

Dans le combat de David contre Goliath, c’est le petit qui gagne. 

Dans la bataille entre un peintre d’Auray, en Bretagne, et l’imposante société belge Moulinsart, unique détentrice des droits d’exploitation de l’œuvre d’Hergé, c’est aussi le triomphe du « petit ».

La société Moulinsart reprochait à Xavier Marabout, 53 ans, d’avoir reproduit et adapté l’univers de Tintin sans le consentement de ses ayants droit. 



Elle l’accusait de contrefaçon, en visant vingt-trois toiles, mettant en scène, à partir de 2012, Tintin dans un décor inspiré de l’univers du peintre américain Edward Hopper. 

Elle réclamait entre 10 000 et 15 000 € de dommages et intérêts.



Parodie et humour

Le tribunal de Rennes a rendu sa réponse ce lundi 10 mai 2021. 

Il reconnaît l’« exception de parodie », au motif qu’il existe bien une « intention humoriste » et que l’artiste a fait œuvre de « critique ». 

Pour la deuxième chambre civile, devant laquelle s’étaient tenus les débats, le 8 mars 2021, il n’y a « aucun risque de confusion entre Hergé et Marabout », rapportent encore les avocats du peintre, Me Bertrand Ermeneux et Anne-Cécile Le Boudec, qui remportent là une belle victoire.

De plus, le tribunal estime que la société Moulinsart a « injustement dénigré Xavier Marabout », parce qu’elle avait contacté les galeries d’art pour leur demander de ne pas exposer ses œuvres. 

Elle devra verser 10 000 € de dommages et intérêts au peintre breton, auxquels s’ajoutent 20 000 € de frais d’avocats.



Une vie sentimentale pour le reporter

Les toiles de Xavier Marabout, qui pratique le mash-up visant au mélange de deux univers différents, se veulent amusantes, par leur côté décalé. 

Avec, notamment, la présence de femmes dans la vie sentimentale qu’il imagine au petit reporter. 

« Hergé, interviewé de nombreuses fois, avait expliqué son choix de ne pas impliquer les femmes dans son œuvre, parce qu’il trouvait qu’elles sont rarement des éléments comiques », avait plaidé l’avocate belge de Moulinsart.

« Nous avons un conflit entre le droit d’auteur et la liberté d’expression et de création », avait opposé l’avocat de la défense.

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