mercredi 14 septembre 2016

Plainte contre “Charlie Hebdo” : Amatrice perd son temps

Sur le site de Courrier International.


Offusquée par un dessin de Charlie Hebdo sur les victimes du séisme qui l’a frappée, la commune d’Amatrice a décidé de porter plainte le 12 septembre.

Une démarche inutile, jugent plusieurs médias italiens, et une façon de se détourner du vrai scandale: les manquements énormes dans la prévention.

“Finalement, Amatrice a porté plainte contre Charlie Hebdoraconte L’Espresso sur son site. Le 12 septembre, les avocats de cette commune frappée par le tremblement de terre du 24 août ont déposé une plainte pour diffamation aggravée à l’encontre du magazine français.”

L’objet du litige : un dessin intitulé “séisme à l’italienne”, que nombre d’Italiens ont jugé insultant pour les victimes.

Charlie Hebdo s’était fendu d’une deuxième vignette pour répondre à la polémique. 

La dessinatrice Coco y disait: “C’est pas Charlie Hebdo qui construit vos maisons, c’est la mafia.”




Pas de quoi calmer la colère de la municipalité, qui a décidé de porter l’affaire en justice. “Il ne manquait plus que ça”, réagit l’écrivaine Lia Celi sur Lettera43.

Quelle démarche “inutile”, ajoute Wired.

Quant à Linkiesta, il se demande:
Quel est l’objectif de la commune d’Amatrice ? 
Espérons que ce ne soit pas la vengeance, laquelle n’est heureusement pas prévue par le code pénal – notamment parce qu’au jeu du ‘œil pour œil, dent pour dent’, on finirait tous aveugles. 
Espérons aussi que l’objectif ne soit pas d’intimider. Parce qu’une fois de plus, nous serions partis pour la grande foire de l’inutilité.”

Quand le doigt montre le ciel…

Pour Lia Celi, l’erreur de Charlie Hebdo, s’il en a commis une, est de s’être un peu précipité pour publier une caricature, et d’avoir choisi comme sujet les victimes. 

“Alors qu’il suffisait d’attendre une semaine pour voir l’occasion satirique idéale : la construction prétendument antisismique en Italie, les gaspillages et les arnaques dans l’exécution des travaux, la légèreté des contrôles dans les zones les plus à risque, Amatrice comprise. Bref, on en apprend des vertes et des pas mûres.”

Mais, comme bien souvent, complète Wired.it, l’adage se vérifie : “Quand le journal satirique montre la vraie responsabilité des effondrements, la commune sinistrée dénonce le journal satirique.”

Vu les manquements criants dans la prévention, “alors qu’on a un village détruit, 300 morts et 400 personnes déplacées, voulons-nous vraiment continuer à perdre du temps avec les dessins de Charlie ?” conclut Linkiesta.

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