mardi 13 août 2019

Une histoire illustrée de Charlie Hebdo


Ce qui suit est un exposé que j’ai fait la semaine dernière à Toronto à la 102e conférence annuelle de l'Association for Education in Journalism and Mass Communication.

Vous y trouverez des dessins des deux versions de Charlie Hebdo ainsi que quelques uns de mon cru, produits après la tuerie dans leurs bureaux le 7 janvier 2015.


Hara-Kiri, un magazine humoristique qui proposait de rompre avec les gags des maris cocus qui étaient la norme à l'époque, a été fondé en septembre 1960 par François Cavanna et Georges Bernier (le professeur Choron), et présentait à l'origine des dessins de Fred en couverture ainsi que dans les pages intérieures.


Il deviendra le « Journal bête et méchant » au numéro 7.


Reiser, ainsi que Roland Topor, CabuWolinski et Gébé ont été des collaborateurs majeurs du magazine.


En février 1969, une version hebdomadaire de Hara-Kiri a été créée…


… ainsi que Charlie, un magazine mensuel de bandes dessinées, édité par Georges Wolinski, qui proposait des dessins de Picha, Guido Crepax, Guido Buzzelli ainsi que des traductions de Peanuts.

Picha

Guido Crepax

Guido Buzzelli

Entre-temps, Hara-Kiri Hebdo connut des difficultés en novembre 1970 lorsqu'il fit un lien entre un incendie dans une discothèque qui coûta la vie à 125 personnes et la mort de l'ancien président Charles de Gaulle.


Le journal fut interdit par Raymond Marcellin, ministre de l'intérieur ...


 ... mais ses journalistes réagirent rapidement en créant un nouvel hebdomadaire, Charlie Hebdo.


L'hebdomadaire était irrévérencieux…


... résolument de gauche, écologiste, anti-chasse, corridas et nucléaire.


Cette première version de Charlie Hebdo allait survivre jusqu'en décembre 1981, date à laquelle elle ferma ses portes en raison des pauvres ventes et du coût à se défendre devant les tribunaux.

Hara Kiri, pour sa part, cesserait de paraître en 1985.


Charlie Hebdo renaitra en 1982, suite au départ de la plupart des collaborateurs de La grosse Bertha.


Sous la direction de l'humoriste Philippe Val et de Cabu, cette nouvelle mouture de Charlie Hebdo  recrutera une nouvelle génération de dessinateurs.


Bernard commente les 10 ans de guerre civile en Algérie.


Une autre préoccupation, illustrée par Honoré, concernait le boeuf contaminé.


Luz, pour sa part, s'attaque à la dure réalité des avancées sociales.


Accusés d’islamophobie et de racisme, le journal a toujours répondu par l’argument selon lequel ils commettaient le « délit d’égalité des offenses ».


Le dessinateur Tignous et le journaliste Antonio Fischetti infiltrèrent 20 sectes religieuses et leurs articles furent rassemblés dans une édition spéciale du magazine.


Un sujet favori était la pédophilie dans l'église catholique.


Le débat sur la burqa faisait fureur en France.


Et quand le 11 septembre eut lieu, on n'y retrouva pas de caricatures de l'Oncle Sam retroussant ses manches.


Tignous n'eut pas peur de faire le lien entre l'Arabie saoudite, d'où venaient les terroristes, et l'attentat.


En 2006, Charlie publia les caricatures du Jyllands-Posten, en y ajoutant certaines de leur cru. Cabu prit soin de blâmer les intégristes et non les musulmans comme tels.


Les bureaux de Charlie Hebdo furent la cible d'une bombe incendiaire en 2011, puis le 7 janvier 2015, les frères Kouachi firent irruption dans leurs bureaux et tuèrent 11 personnes.


La tragédie fut rapidement exploitée par des nationalistes blancs du Texas qui lancèrent un concours « Dessinons le Prophète ». Cet effort aurait été condamné à juste titre par les cinq dessinateurs assassinés.


Charlie Hebdo reprit la publication hebdomadaire à la fin février 2015, six semaines après l'attaque dans leurs bureaux.

Il resterait une cible pour les djihadistes, les nationalistes blancs et les fanatiques religieux. Luz a également inclus dans son dessin BFM TV, accusé d'avoir, par leur couverture en direct, mis en danger la vie des otages lors de l'attaque, deux jours après celle contre Charlie, dans un supermarché casher où cinq personnes furent tuées.


Certains nouveaux talents, tels que Coco, Félix et Juin perpétuent la tradition d’irrévérence de Charlie Hebdo.


Les journalistes vivent désormais sous escorte policière permanente, sont victimes de menaces sur les réseaux sociaux et doivent supporter le coût très élevé de leur sécurité.


Dans ce dessin inédit, j'ai essayé de me mettre à la place d'un dessinateur de Charlie Hebdo et d'illustrer le côté pratique de sa situation.


AJOUT

Vous trouverez un historique complet sur le site de Charlie Hebdo.

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