jeudi 11 juin 2020

Du manque d'originalité dans le dessin de presse

Sur la page Facebook de François Forcadell.

Dessin de Saul Steinberg

François Forcadell est un acteur important dans le petit milieu du dessin de presse en France. 

Dessinateur de presse à La Dépêche du Midi, co-fondateur de l’association « Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours », créateur de La Grosse Bertha, directeur de collection aux éditions Glénat et conseiller artistique de Siné Hebdo, il déplore depuis longtemps le déclin de la profession.

Les dessins aujourd’hui sont trop vite faits, trop mal publiés, et surtout mal payés pour en vivre. Le métier n’a pas besoin de mes remarques pour cramer. 
En quelques années l'expression "dessinateur de presse" est devenu une fourretout qui qualifie aussi bien les professionnels qui gagnent (de moins en moins) leur vie avec leur boulot, et une cohorte de dessinateurs dits "de presse" autoproclamés qui pour certains bradent leurs dessins pour exister. 
Hélas, on parle de moins en moins de l'originalité des idées et du trait. Tout se vaut au yeux des journaux de plus en plus rares, et, plus dramatique pour le métier, aux yeux du public. 
Qui juge ? Est-ce qu'on peut éventuellement émettre un avis ou seuls les caricaturistes sont-ils autorisés à le faire ? 
Les similitudes occasionnelles ne sont pas le problème, mais le fait qu’on ne cherche pas (pour des raisons déjà évoquées) l’originalité de l’idée. Tout le monde va au plus évident, et dans ces cas c’est normal que les résultats se croisent. 

Dessin de Berth publié 3 semaines avant celui de Delucq dans le même journal L’Est Républicain.


***


Lasserpe dans Marianne (fin mai) et Delucq (7 juin dans L'Est républicain)


Je connais très peu de dessinateurs qui ont fait les mêmes dessins que Reiser, Gébé, Charb, Honoré, ou Pessin.
A chaque "débat" sur un dessin je fais la même réflexion. C'est incroyable ce métier qui se permet de critiquer Trump, Poutine, Macron, etc., et qui ne tolère aucune remarque, aucune ironie parfois, sur le travail de ceux qui l'exercent. 
Le doute et l'esprit critique m'habitent en permanence, hélas. Je serais tellement heureux avec les certitudes de certains. 
Pour se démarquer de ses confrères un dessinateur doit faire preuve d'originalité, dans les analyses, dans les idées, dans le dessin, c'est pareil dans tous les métiers de création. Cela fait partie de l'ADN du métier. Faisait partie ? 
Qui juge et condamne ? S'ils n'ont pas assez d'esprit critique sur leur métier ils sont mal barrés. 

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