vendredi 20 janvier 2017

Festival d'Angoulême: Cosey, Larcenet et Chris Ware en lice pour le Grand prix 2017

Sur le site de la Charente Libre.


Le festival de la bande dessinée d’Angoulême dévoile les noms des trois auteurs de bande dessinée en lice cette année pour le Grand Prix, récompense suprême qui sera annoncée mercredi 25 janvier, à l’Alpha.
Les dessinateurs Cosey, Manu Larcenet et Chris Ware (par ordre alphabétique) sont sur les rangs pour prendre la relève du Belge Hermann.

Ce sont les trois noms sortis des votes des auteurs sollicités pour choisir qui méritent d’être couronnés à Angoulême. Le Grand prix célèbre un auteur vivant, récompensé pour l’ensemble de son œuvre et qui a laissé une empreinte sur l’histoire de la BD.

Alan Moore figurait, à l’issue du premier tour, parmi les trois auteurs plébiscités et bien qu’il soit «heureux et fier de cet honneur, il ne souhaite plus participer à la vie publique de la bande dessinée ou recevoir de prix.», fait savoir le festival. Ces noms seront proposés au vote pour le second tour.

Celui-ci s’ouvre ce mercredi 18 et jusqu’au 22 janvier, à minuit. Voici les biographies des trois prétendants au titre de Grand prix 2017:

Né en 1950 en Suisse, Cosey entame sa carrière à la fin des années 1960 auprès de son compatriote Derib, auteur de la série Yakari. D’abord dessinateur pour la presse, il crée Jonathan en 1975 dans les pages du journal Tintin
Le personnage apparaît dès lors comme une figure un peu à part dans l’imaginaire du héros franco-belge : il se place d’emblée du côté de la contemplation et d’une recherche intérieure, arpentant notamment l’Inde, le Népal et le Tibet. 
Le 7e volume de la série, Kate, reçoit l’Alfred de la meilleure BD de l’année au Festival en 1982, et pour Cosey, Jonathan est un héros au long cours, un personnage auquel il reste profondément lié – le dernier volume de la série, Celle qui fut, est paru en 2013. 
L’auteur publie par ailleurs le diptyque Voyage en Italie ou encore Saïgon-Hanoï (Alph-Art du meilleur scénario au Festival en 1993). Tenant d’une ligne claire aérienne soulignée par des couleurs douces, presque au bord de l’évanescence, Cosey est un observateur minutieux des grands espaces et des paysages du monde, avec, au cœur de l’œuvre, les neiges éternelles des montagnes lointaines. 
Tout récemment, en 2016, il reprend le temps d’un album le personnage de Mickey Mouse dans Une mystérieuse mélodie, hommage au héros de Disney où Cosey imagine la rencontre de Mickey et Minnie. Une manière inattendue d’inviter le lecteur, une fois de plus, à un voyage en bande dessinée


Né en 1969, Manu Larcenet est l’un des auteurs français les plus emblématiques de sa génération. Depuis le milieu des années 1990, il s’illustre dans des genres variés de la bande dessinée. Ses premiers livres sont marqués par un comique d’une efficacité redoutable – la série Bill Baroud chez Fluide Glacial, plusieurs albums pour la collection Poisson Pilote ou encore la série collective Donjon. 
Mais ses livres les plus récents attestent d’une nouvelle recherche esthétique, et se caractérisent par un ton nettement plus dramatique. La série Le Combat ordinaire, dont le premier tome reçoit le Prix du Meilleur Album à Angoulême en 2004, tranche avec les précédents livres de l’auteur, tout comme la série Blast ou plus récemment Le Rapport de Brodeck, adapté du roman de Philippe Claudel. 
Larcenet se prête également au jeu de l’autofiction décalée avec la série Le Retour à la terre, scénarisée par Jean-Yves Ferri, où sont contées les aventures quotidiennes et drolatiques d’un citadin qui découvre la ruralité. En outre, l’auteur a rendu hommage à la série Valérian dans un spin-off mémorable, L’Armure du Jakolass
Quel que soit le genre, son trait expressif et chargé d’intentions souligne toujours une recherche plastique qui semble menée avec une aisance déconcertante. Témoin évident de son époque, grand connaisseur de l’histoire du 9e art, Manu Larcenet développe une esthétique protéiforme mais toujours reconnaissable, dont la virtuosité n’a pas fini d’étonner.


Né en 1967 à Omaha (États-Unis), Chris Ware est publié très tôt dans RAW, la revue d’avant-garde d’Art Spiegelman et Françoise Mouly. Il entame au début des années 1990 une œuvre d’envergure avec la série des Acme Novelty, vraie-fausse revue à la forme et à la pagination changeante qui installe les personnages bientôt fameux de l’auteur : Quimby the Mouse, Rusty Brown et surtout Jimmy Corrigan. 
Tous se démarquent par leur timidité, par leur fragilité et par l’empathie immédiate qu’ils suscitent chez le lecteur… Depuis 25 ans, c’est une œuvre originale, qui oscille entre une douce mélancolie et une profonde tristesse, que propose Chris Ware, s’attachant toujours à regarder au microscope le quotidien de ses personnages et leurs gestes les plus dérisoires. 
Par ailleurs, ses livres se distinguent par leur générosité, avec un graphisme immédiatement reconnaissable et une fabrication soignée. À la ligne claire élégante du trait répond la profusion de textes dont Chris Ware orne ses pages, faisant de chacun de ses livres un monde à explorer, où chaque espace, chaque interstice de papier est susceptible d’être occupé par du dessin et du texte. La force et la densité de cette œuvre n’ont jamais échappé à la critique. 
Salué à chaque nouvelle parution, Chris Ware a reçu de très nombreux prix, dont 28 Harvey Awards et 22 Eisner Awards. L’auteur publie en 2012 le remarqué Building Stories, un livre-objet impressionnant constitué d’une quinzaine de livres de formats divers pouvant être lus dans un ordre choisi par le lecteur – celui-ci a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival d’Angoulême en 2013.

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