mardi 13 février 2018

La Torche 2.0, un nouveau média satirique s'installe au Québec

Katia Tobar dans Le Devoir.

Valérie Plante vue par Fleg.


« On aurait dû y penser avant », s’exclame
Marc Beaudet, qui a longtemps usé ses crayons à mine pour Le Journal de Montréal. 

« Ça prenait quelqu’un de jeune et fou », de lui répondre Guy Badeaux, caricaturiste du Droit à Ottawa, mieux connu sous le nom de Bado

Une nouvelle voix naîtra bientôt au Québec, une voix satirique qui nous vient de l’autre côté de l’océan. 

Elle est portée par le journaliste suisse Luc Schindelholz qui allumera La Torche 2.0 Québec en avril, ainsi que par le porte-parole du projet, Biz, membre des Loco Locass.

De passage à Montréal pour quelques jours, Luc Schindelholz est venu présenter au public son projet, ainsi que les trois caricaturistes qui dessineront pour La Torche 2.0, soit Guy Badeaux (Bado), Marc Beaudet (Beaudet) et Christian Daigle, qui signe ses coups de crayon sous le nom de
Fleg, que ce soit au Soleil, pour Yahoo Québec ou même dans Le Devoir.

Cela fait pour La Torche 2.0 trois antennes, ancrées respectivement à Ottawa, à Montréal et à Québec. « Je me sens un peu privilégié, car on a un maire bien coloré à Québec », ironise Fleg.

La Torche 2.0 est née il y a un peu plus d’un an dans le Jura suisse. Sous la forme d’une application mobile, et seulement sous cette forme-là, elle envoie à ses abonnés trois caricatures par semaine, reliées à l’actualité, et parfois accompagnées d’un court texte. 

Ni le moment ni le thème ne sont connus à l’avance. L’idéateur du projet veut jouer sur la notion de surprise. « Éclatez de rire trois fois par semaine », suggère le site de présentation, et ce, sans préavis.

« C’est un média à contre-courant, un anti-Facebook », explique Luc Schindelholz, voulant lutter contre la surstimulation d’informations et contre l’habitude de nombreux lecteurs de s’informer à partir des réseaux sociaux.

Payer pour s’informer, « un geste militant »

La Torche 2.0 se veut un média totalement indépendant, qui fonctionnera grâce aux abonnements d’un montant de 49,95 $ par année, permettant de rémunérer les caricaturistes.

« Je dis toujours aux dessinateurs : “Si vous perdez votre travail, c’est de votre faute ; arrêtez de balancer gratuitement vos dessins sur Facebook ou Instagram”, s’insurge Luc Schindelholz. Quand je marche dans la rue, on ne me donne pas une baguette de pain gratuitement. »

Les préabonnements sont d’ores et déjà ouverts sur le site latorche.quebec

Luc Schindelholz espère atteindre 2000 préinscriptions avant le lancement officiel de l’application. 

Il propose même un incitatif à l’abonnement : une montre suisse d’une valeur de 8000 $ sera offerte à un préinscrit à la suite d’un tirage au sort.

Face au risque de demander au public de payer pour avoir accès aux caricatures, le porte-parole, Biz, insiste sur l’importance de sensibiliser le public à la valeur de l’information.

« Quand un de ces gars-là [un caricaturiste] perd son job, c’est un oeil qui se ferme. Chaque fois que les salles de presse disparaissent, ce sont des points de vue sur le monde qui disparaissent », insiste-t-il.

Pour Luc Schindelholz, aujourd’hui, payer pour avoir accès à une information de qualité, c’est « un geste militant ».

« Une caricature, en cinq secondes tu l’as vue, mais cela prend parfois une journée de travail », rappelle Marc Beaudet.

« Caricaturer les locaux »

Afin d’asseoir une certaine crédibilité et de participer à la lutte contre les fausses nouvelles, ce nouveau média respectera la Charte de déontologie de Munich, qui définit les droits et devoirs des journalistes européens. 

« On veut jouer sur le phénomène de rareté, que l’information soit attendue, qu’elle soit drôle, mais aussi pertinente, locale et vérifiée », explique Luc Schindelholz.

En attendant qu’un rédacteur en chef soit nommé pour gérer l’application, l’équipe québécoise sera autogérée. 

« Si un caricaturiste veut réagir à l’actualité avec un dessin, il pourra envoyer une première esquisse au reste de l’équipe, qui jugera de sa pertinence avant publication. 

Tu ne peux pas dire que c’est une application locale et prendre des décisions à 8000 km. »

C’est cette proximité avec le lecteur, ainsi que cette liberté de ton, qui a attiré dans le projet les trois caricaturistes, ainsi que le porte-parole du projet, Biz.

Répondant à l’inquiétude de Marc Beaudet de voir de plus en plus de caricatures venant de l’étranger être traduites, Biz, qui se trouve « full caricaturable », ironise : « En tant que Loco Locass, je trouve ça important de caricaturer les locaux. » 

Il attend d’ailleurs de pouvoir afficher sa face sur son frigo. 

À bon entendeur !


LA TORCHE, VRAIMENT ?

La Torche 2.0 tire son nom d’une ancienne rubrique satirique disparue subitement en 2000 du Quotidien jurassien, « La torche d’Apollodore », du nom d’un disciple de Socrate. Luc Schindelholz a souhaité lui rendre hommage en la rallumant, d’où le « 2.0 ». Il joue aussi avec le double sens du mot « torche », qui signifie « baffe » en patois jurassien, et compte bien conserver ce nom au Québec, malgré sa signification familière ici. D’autres torches devraient également voir le jour prochainement en France et en Belgique. À suivre !


AJOUT

La Torche 2.0 Québec était présentée à ses futurs-es ambassadeurs-rices le 2 février à Montréal.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire