samedi 31 mars 2018

«La Torche» veut mettre le feu sur les smartphones Genevois

Sur le site de La Tribune de Genève.

Dessin de Herrmann

Lancé avec succès dans le Jura, le premier média satirique numérique de proximité fourbit ses armes à Genève. Lancement sous forme d’application à la mi-avril.

C’est nouveau, inédit et dans l’air du temps. Diffusé sous forme d’application mobile, le premier média satirique numérique de proximité s’apprête à brocarder l’actualité locale en temps réel. 

À raison de trois dessins hebdomadaires et de textes irrévérencieux livrés par des cartoonistes et des journalistes du cru, La Torche entend séduire les Genevois adeptes d’un humour incisif. 

Atypique et indépendant à 100%, le nouveau média n’est rattaché à aucune rédaction, encore moins à un parti politique. Sa seule motivation: informer avec le sourire, sur vos smartphones.

«La Torche reprend le concept de messages que l’on peut s’envoyer via WhatsApp. Les abonnés sont mis directement en lien avec les dessinateurs», explique Luc Schindelholz, à l’origine de cette application mise au point par des jeunes gens issus de l’EPFL. 

Lancé à la fin de juin 2017 par le biais d’une campagne de crowdfunding, le projet a récolté 38 000 francs en quelques jours. Assez pour financer son développement informatique. 

Par la suite, son initiateur a mis la main au porte-monnaie, investissant l’essentiel de ses économies, afin d’assurer à La Torche un allumage optimal. 

Celle-ci brûle avec succès depuis la fin d’octobre dans le Jura. «Nous comptons quelque 700 abonnements, et en gagnons un ou deux par jour.»

Actualité locale

Dès la mi-avril, le concept essaimera dans les autres cantons romands. 

«La Torche est vraiment un produit du terroir numérique. Pas question de marcher sur les plates-bandes de Vigousse ou d’autres journaux», souligne Luc Schindelholz. 

Au bout du lac, le créateur de l’application, dont un membre de la famille a joué autrefois au Servette FC, promet «de l’actualité genevoise traitée par des Genevois»

Chauds comme la braise, cinq dessinateurs d’ici fourbissent d’ores et déjà leurs crayons. Herrmann, le cartooniste de la Tribune, fait partie de l’équipe. De même que Ben (Le Matin), Wazem (Le Temps) et Monta (Gauchebdo). 

Venu de la bande dessinée comme Wazem, Kalonji se lance également dans l’aventure. 

À travers de courts textes bien affûtés, quelques journalistes les épauleront. «De très belles plumes qui travaillent dans des médias connus», assure Schindelholz, sans dévoiler les noms qui se cachent derrière des pseudonymes.

Tremblez, puissants! La Torche genevoise n’entend pas se gêner lorsqu’il s’agira de révéler les petits et les grands travers des personnalités publiques de la région. «On va essayer d’aller le plus loin possible, tout en évitant l’injure et la diffamation. En cas de doute, les dessins seront soumis à un collège d’avocats-conseils.»

Durant les jours ouvrables, entre 8 h et 19 h, La Torche éclairera les téléphones portables de tous ceux qui voudront bien la financer, à raison de 60 francs par année. 

«L’information a un prix», rappelle Luc Schindelholz, lui-même abonné à des journaux numériques locaux, notamment Bon pour la tête, média d’information en ligne suisse romand lancé en juin 2017. 

«Le retour qu’on a de nos abonnés, c’est que ce n’est pas cher. Soixante francs, finalement, cela équivaut à une cotisation pour une organisation que l’on veut soutenir. Un engagement afin de donner du travail à des caricaturistes.»

Genevois frileux

En ce moment et jusqu’à la mi-avril, les souscripteurs peuvent manifester leur engouement pour l’application de leur canton. 

Un coup d’œil sur le site Internet de La Torche montre que les Valaisans (surtout), les Vaudois, les Fribourgeois et les Neuchâtelois s’enthousiasment pour la nouvelle application. 

Les Genevois, eux, demeurent en revanche plutôt frileux. 

«La couverture médiatique n’a pas été la même au bout du lac», justifie Luc Schindelholz, en admettant que si l’intérêt ne décolle pas, le lancement sera reporté, voire carrément annulé. 

«Il nous faut 500 souscripteurs au moins pour démarrer. Mais pour bien tourner financièrement, il faudrait 2000 abonnés par région.»



Herrmann: «Un humour plus pointu»

Dessinateur de presse à la Tribune de Genève, Herrmann fait partie du petit groupe de dessinateurs de La Torche genevoise, au même titre que Ben, Wazem, Kalonji et Monta. Ses impressions.

Le dessin de presse sur support numérique va-t-il vous permettre d’être plus irrévérencieux?

Oui, pas forcément à cause du support, mais à cause du mode de fonctionnement. On dessine pour des abonnés; ce sont, je pense, des gens qui viennent chercher une forme d’humour plus pointue que ce qu’on peut trouver dans un média tous publics.

Par ailleurs, les dessins que nous fournirons sont destinés à des smartphones. Le format et le délai restreint entre la production et la réception vont imposer quelque chose de plus jeté, et sans doute dès lors de plus insolent.

Qu’est-ce qui vous motive à participer à La Torche?

J’ai voulu donner ma caution à ce beau projet. Je ne pense pas y être le plus actif des dessinateurs, ne serait-ce que parce que contractuellement, 90% de mon énergie et de mon travail sont réservés à la Tribune. Je vais essayer d’élaborer un dessin un peu différent de ce que je fais habituellement. Le fait que cela soit sur support numérique m’excite assez. J’aimerais trouver une autre forme de public et, pourquoi pas, amener celui-ci vers quelque chose de plus officiel comme la Tribune de Genève.

Un tel projet est-il viable?

Je l’ignore. Je ne suis personnellement pas un fan de l’utilisation des médias électroniques. Le vieux dessinateur que je suis reste un peu dubitatif. Mais en voyant la réception médiatique pour ce projet, je me dis qu’il peut trouver son public. Pour l’instant, il semblerait que moins il y a une couverture nationale dans les régions, plus ce média pratique et pas cher a sa raison d’être. C’est un succès dans le Jura. Dans des cantons comme Vaud et Genève, tout reste à prouver.

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