lundi 7 septembre 2020

"L'Humanité" dépublie une caricature de Marion Rousse et s'excuse

Sur le site du Huffington Post.


Elle s’est sentie “désabusée”, rabaissée. Marion Rousse, coureuse cycliste et consultante pour France Télévisions sur le Tour de France, a dénoncé une caricature sexiste et dégradante la représentant le dimanche 6 septembre dans le journal L’Humanité.

L’ancienne championne de France de cyclisme sur route y est représentée dénudée, en lingerie et cache-tétons, allongée sur un lit aux côtés du coureur français Julian Alaphilippe, son compagnon.

“Julian, pouvez-vous répondre aux questions de France TV?”, lui demande-t-elle. Et le coureur de la formation Deceuninck-Quick Step d’acquiescer la langue pendante.

“L’Humanité porte de plus en plus mal son nom. Il faut n’avoir aucun respect des femmes, de la femme, pour rabaisser à ce niveau six ans de consulting sportif à la télévision”, s’indigne Marion Rousse. 

Sur les réseaux sociaux, nombreux ont pris son parti, dénonçant une caricature misogyne, sexiste, dégradante et vulgaire.


La consultante et l’ancien maillot jaune ont officialisé leur relation au début de l’année et se sont confinés tous les deux dans les Pyrénées.


“Elle peut venir me mettre des coups de kalachnikov”

Dans un premier temps, Espé, le caricaturiste à l’origine de ce dessin, a répondu à la polémique avec morgue, par le biais de l’un de ses collègues, sur Twitter. 

Loin de s’excuser, il en remettait une couche, dénonçant “que l’on nous inflige ce genre de pseudo sport de chaudière(s) et de coalition médiatico-sportive(s) et de non-dits”.


Il s’est ensuite comparé aux membres de Charlie Hebdo, tués en janvier 2015 après la publication de caricatures de Mahomet: “Elle peut venir me mettre des coups de kalachnikov comme aux amis Charb, Cabu et Wolinski. 

‘On est Charlie’ jusqu’à ce que ça nous touche comme d’habitude ”. 

Et de conclure: “Ce n’est quand même pas notre faute si ça couche d’un côté et de l’autre dans le ‘milieu’ [...] Le sexisme c’est faire une différence, là on en fait pas”.


Ces messages ont depuis été effacés, ainsi que la caricature elle-même par le journal qui a présenté ses excuses.

Dans un tweet, le média a assuré partager “totalement l’indignation devant ce dessin” et l’avoir “rapidement dépublié”.

”Il est contraire aux valeurs de L’Humanité qui promeut la dignité des êtres humains et le combat féministe. Nous prions Marion Rousse de nous excuser de ce manque de vigilance”.

3 commentaires:

  1. Il y a une chose que je ne comprends pas: je suppose que le journal "L'Humanité" avait validé cette caricature avant sa publication. Il y a bien dans ce journal une "ligne éditoriale"?
    Vont-ils désormais se désolidariser de toutes les publications qui feront polémique? Belle preuve de courage!
    L'auto-censure est un poison pire que la censure elle-même. On peut combattre la censure , pas l'auto-censure.
    C'est le propre de la caricature d'être excessive et de choquer pour faire réagir. Alors que nous revivons le drame de "Charlie Hebdo" , c'est là le signal qu'envoie "L'Humanité" aux censeurs de tous bords ? Il n'y a rien de sexiste dans cette caricature. En revanche, la réaction de l'Humanité est sexiste. On retire une caricature parce qu'une femme se sent "désabusée"?
    C'est bien le regard porté sur cette caricature qui est sexiste, pas la caricature elle même qui dénonce la collusion entre sportifs et journalistes. La caricature le fait avec ses armes: l’excès, l'humour, la satire. Si nous n'acceptons plus ces armes au prétexte qu'elles peuvent blesser , alors nous renonçons à un droit fondamental.
    Je suis féministe depuis toujours. Il est inacceptable d'instrumentaliser le féminisme pour défendre sa propre image.
    J'estime qu'en lâchant ce caricaturiste, l'Humanité s'est déshonorée. Quelle valeur accorder aux caricatures qui seront désormais publiées?
    "Le courage, c'est de chercher la vérité, et de la dire"

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