lundi 22 novembre 2021

« De tous les... Côté 2021 »

 Normand Provencher sur le site du Droit.


«C’est bête, mais des fois je m’ennuie de la COVID...»

Ne prenez pas la confidence d’André-Philippe Côté au pied de la lettre. Côté le citoyen est «ben écœuré» de la pandémie, mais Côté, le caricaturiste, voit s’essouffler une inépuisable source d’inspiration.

«C’est rare d’avoir un sujet de société qui touche autant de monde. Personne n’y échappe. Quand je faisais un dessin sur la pandémie, je sentais qu’il avait un retentissement beaucoup plus large», explique le collègue, interviewé en marge de la sortie de son recueil annuel de caricatures, De tous les… Côté, cuvée 2021.
Une rencontre entre l’auteur de ces lignes et le caricaturiste ne pouvait se dérouler sans que le Canadien s’invite dans la conversation. 

Le fier partisan de la Flanelle qu’il est ne peut qu’être découragé devant la descente aux enfers du club qui a tant fait vibrer le Québec le printemps et l’été derniers. 

«Yé! Une victoire consécutive!» faisait-il dire à un couple en liesse devant son téléviseur, pas plus tard que cette semaine...

Ce 24e ouvrage — tiens, le même nombre de Coupe Stanley remporté par le Canadien, toute est dans toute… — regroupe le meilleur de ses caricatures de l’année qui s’achève, soit quelque 150 dessins, la majorité traitant de vous-savez-quoi. 

Avec sa touche humoristique bien à lui, sa ligne de dessin claire sa mise en situation nullement surchargée, d’où jaillit l’essentiel au premier coup d’œil, André-Philippe s’impose encore une fois comme un maître pour faire voir la pandémie sous un autre angle, joyeux ou pas.

Comment ne pas réprimer un sourire en (re)voyant une vieille dame se signer avec un gel désinfectant à son arrivée à l’église ou ces gamins s’échangeant des photos de filles «avec pas de masque», dans une cour d’école. 


Ou encore les relations loufoques entre les chiens et leurs propriétaires en période de couvre-feu.

La COVID a aussi fait rire jaune. En témoigne ce dessin d’un vieillard qui, dans la chambre de son CHSLD, voit passer les mois d’automne, seul avec sa solitude. 

En décembre, un appel d’un de ses enfants : «Mauvaise nouvelle, papa, si tu viens chez nous à Noël, tu devras ensuite t’isoler pendant sept jours!»

Impact des médias sociaux

Avec l’essor des médias sociaux, André-Philippe peut aujourd’hui jauger rapidement l’impact de ses caricatures. 

Ce n’était pas le cas au début de sa carrière. Il lui fallait attendre longtemps avant d’avoir un retour sur son travail. 

«Je pouvais me poser des questions pendant des semaines sans avoir la réponse», dit-il. 

De nos jours, les clics, les pouces en l’air et les commentaires sur Facebook lui permettent de savoir sur-le-champ si un dessin a touché le public ou pas.


Maintenant qu’il peut moins compter sur la pandémie pour lui fournir matière à son imagination fertile, André-Philippe doit se triturer davantage les méninges lorsqu’il fait sa revue de presse. Les sujets rassembleurs ne courent pas les rues. 

Dessiner Legault ou Trudeau, fort bien, mais ceux qui ne s’intéressent pas à la politique ou qui en ont soupé sautent leur tour. Le lectorat est de plus en plus compartimenté. Et les thèmes parfois redondants.

«Je n’aime pas parler de sujets que j’ai beaucoup traités, le système de santé, par exemple. À un moment donné, tu ne sais plus trop comment prendre ça, la pénurie de médecins, le personnel fatigué, les urgences. 

Quand t’as fait 75 caricatures là-dessus, c’est quoi la 76e? Les dessins que j’ai faits il y a 18 ans, je pourrais les ressortir et ils marcheraient encore tellement ça n’a pas changé...»

Vite sur le crayon

N’empêche, notre caricaturiste réussit toujours à soutirer un sourire aux lecteurs chaque matin. Debout dès potron-minet, il a toujours quelques esquisses sur sa table de travail avant son deuxième café. 

L’expérience aidant, avec 6000 caricatures et quelque 50 000 esquisses au compteur, il dégaine son crayon plus vite que Lucky Luke son pistolet. 


«Trouver la bonne idée, c’est dur, mais quand je m’assieds pour dessiner, ça niaise pas. Ça me prend autant de temps à dessiner Régis Labeaume que toi à écrire son nom.»

D’ailleurs avec le départ de ce maire qu’il s’est plu à dessiner tant de fois, André-Philippe doit maintenant se faire les dents sur Bruno Marchand et… ses souliers de course, déjà indissociables du nouveau maître de l’hôtel de ville.


«Il va affronter des dossiers majeurs et devoir s’affirmer, prendre position», glisse-t-il, en songeant au tramway et au troisième lien, des sujets qui ne manqueront pas d’alimenter la chronique urbaine et lui à coup sûr «Il va se passer beaucoup de choses à Québec dans la prochaine année.»

De quoi alimenter son recueil 2022, COVID ou pas.

De tous les... Côté 2021
Les éditions La Presse
152 pages
$26.95
ISBN (papier) : 978-2-89825-064-4

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