lundi 16 janvier 2023

Le quotidien du caricaturiste André-Philippe Côté

Sur le site de radio-Canada.


Après 25 ans comme caricaturiste éditorial au journal Le Soleil et plus de 40 ans de carrière en tant que dessinateur et illustrateur, André-Philippe Côté a encore la flamme pour son travail. 

À 4 h chaque matin, il consulte déjà l’actualité qui l'inspirera à créer sa caricature pour le jour suivant. 

Café à la main, crayons de plomb sur la table, il se met à la tâche. Le début de cette journée est un moment sacré.

En m’éveillant, j’ai hâte d’aller travailler […]. Le moment le plus stressant, mais aussi le plus agréable, c’est de trouver des idées […]. Le matin, j'ai toujours entre huit à dix idées de caricatures sur différents sujets.

La caricature demande un travail de réflexion singulier. Les idées doivent se confronter.

Il faut avoir une pensée un peu atypique, bizarre, quand on cherche des idées parce qu'il faut que les choses s'entrechoquent dans ma tête […]. La première chose que je fais quand je fais une caricature c'est : "Qu'est-ce que je pense de ce sujet-là? Qu'est-ce que je veux dire sur ce sujet-là?"

Une fois les esquisses terminées au crayon, une discussion s’en suit avec la rédactrice en chef du journal Le Soleil afin de déterminer conjointement ce qui sera publié. André-Philippe Côté a souvent le dernier mot sur la caricature qu’il publiera.

Il travaille à partir de la numérisation de son croquis et peut alors commencer à dessiner sur l’ordinateur grâce à Photoshop. 

André-Philippe ne le cache pas; la technologie a grandement facilité son travail dans les dernières années.

Maintenant, il y a une possibilité de correction. Quand je travaillais à l’aquarelle avant, on faisait un fond, et si on se trompe, on peut pas revenir en arrière. Il fallait tout recommencer.


Certains dessins prennent plus de temps à réaliser que d’autres. Tout dépend du nombre de personnages, des couleurs et des bulles de textes. 

Le caricaturiste aime d’ailleurs prendre une longue pause afin de laisser reposer son dessin (et sa tête!).

J'essaie de réveiller le plus d'images mentales possible autour d'un personnage. […] Il faut avoir une idée d’un concept abstrait puis il faut l'incarner à travers des images. C’est ça le travail de la caricature, c'est de trouver une jonction entre les deux.

Plus tard, il retournera sur sa planche numérique pour s’assurer que tous les éléments importants sont présents. Il envoie généralement sa caricature finale au journal entre 14 h et 16 h.

La caricature proche des gens

Avec le temps, André-Philippe Côté a cumulé quelque 8000 caricatures et 45 000 esquisses. Il remarque que ce sont souvent les dessins mettant en lumière des situations anodines qui sont les plus populaires.

Quand les gens disent : "Ah! Ça c’est mon beau frère. Ah! Ça c'est ma sœur." 

Les gens apprécient. [La caricature], c'est incarner la politique et lui donner une résonnance dans le quotidien des gens.


Le monde des réseaux sociaux

André-Philippe Côté partage ses publications quotidiennement sur sa page Facebook et Instagram.

Rapidement, il sait si ses dessins seront appréciés des lecteurs. 

Avant quand je faisais un dessin, j'avais pas de feed-back […]. Avec Facebook on le sait […]. Ça aide à évaluer, mais en même temps il ne faut pas en faire une obsession.

Selon lui, les sujets chauds sont parfois les plus difficiles à dessiner. 

André-Philippe Côté reste toujours prudent et sensible à la cause, pour ne pas se tromper sur le message qu’il veut veut faire passer aux lecteurs.

Chose certaine, il ne manque pas d’inspiration, même après 25 ans. 

Il avoue cependant que certains sujets sont parfois redondants. 

Par exemple, la santé, les salles d’urgence, ça fait 25 ans qu’elles sont pleines, 25 ans que ça marche pas. 

Il faut refaire le même dessin et faut trouver un autre angle […], mais j’arrive toujours à trouver quelque chose.

Même à 67 ans, André-Philippe Côté n'a aucune envie de prendre sa retraite. 

Même si je prenais ma retraite demain matin, le lendemain je dessinerais. 

Alors aussi bien continuer la caricature et être payé pour le faire. C’est tellement naturel pour moi de dessiner, je ne peux pas faire autre chose.

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