dimanche 14 mai 2023

Expo « Plantu - Reza regards croisés » au Musée de l’Homme à Paris

Sur le site de Radio France


L’un photographie le monde. On lui doit des clichés marquants du Général Massoud, du Liban, ou d'Afghanistan. 

L’autre dessine. Ils se sont rencontrés au Mémorial de Caen et ont décidé de marier leur art. Une exposition présente jusqu’au 31 décembre 2023 cette alliance.

Parfois, c’est une photo magnifique de Reza d’un enfant avec un peu de terre dans sa main de laquelle sort une petite pousse que Plantu prolonge avec un dessin qui présente le tragique de l’agrobusiness sur les pays en développement. 


Quelquefois, au cliché magnifique, Plantu répond par un pas de côté humoristique, ou grinçant. 

Plus loin, ce sont des regards féminins, ou des corps de femme comme celui, splendide et comme en apesanteur, de Sahar Dehghan en train de danser. 

Plantu réagit par un conseil d’administration entièrement masculin dont le chef dicte à une secrétaire « Et comme dit le poète : « La femme est l’avenir de l’homme »… Notez Brigitte ».

On pourrait croire que le dessin et la photo seraient redondants. Ils ne le sont jamais. 

Tous ces clichés et dessins nous présentent le monde d’aujourd’hui entre migrants, l'enfance, la famine, situation de la femme, guerres, prolifération de l'armement…




Plantu : "Au début, je voulais faire quelque chose d'assez sage, mais Reza m'a dit : "Non, rentre dans mes photos", et cela a conduit à une fusion en couleurs entre ses photos et mes dessins. 

On a gesticulé ensemble entre son idée de photographe, et mes croquis. Mais on retrouve les deux propositions graphiques. 

Ce travail sur l'image est mis au service de valeurs démocratiques. La démocratie si on s'endort, on sera balayé. Donc il faut toujours être éveillé. 

D'où l'intérêt de faire des photos, des dessins, de la chanson, des opéras, du rap… "

Plantu commente une séquence

On voit cet Afghan avec sa femme et leur bébé. Ils sont quelque part sous la neige dans la montagne ou pas loin de Kaboul. 

Ils ont une histoire et j'aime bien penser à l'histoire plus globale de tous ces migrants qui arrivent à Paris, que l'on peut voir porte de la Chapelle, sous le métro. Je l'ai mis en dessin. 

Chacun de ces migrants a son histoire. Reza nous en donne une. Il y a notre regard sur l'arrivée des migrants d'Afghanistan. Puis il y a l'imaginaire qui travaille.

On peut imaginer qu'ils ne savent pas encore en fuyant ce qui les attend. Ils ne savent pas où ils vont mettre les pieds. 

Ils ne savent pas encore que peut-être, ils vont apprendre le français dans quelques semaines, dans quelques mois... C'est silencieux, il n'y a pas de bulle. 

Il n'y en a pas besoin, car elle germe dans la tête des visiteuses, et des visiteurs qui se font leur proposition et se racontent un récit. 

Reza et moi, on propose. On est des passeurs. On parle d'actualité. Et ensuite, le dessin et la photo font leur chemin. 

À chacun d'y rajouter sa petite histoire personnelle."

L’exposition Plantu-Réza, regards croisés a lieu au Musée de l'Homme jusqu'au 31 décembre. 
Le catalogue est publié chez Gallimard.


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