Sur le site du Nouvelliste.
Elle y recueillait, entre autres, les propos de Marc-André Audet, éditeur des Éditions les Malins qui y défendait l’usage de l’IA pour certains de ses livres.
En guise de défense, vous prétendez: «Aux Malins, on travaille d’abord et avant tout avec des artistes. D’ailleurs, on a signé des ententes avec plus d’illustrateurs cette année que jamais auparavant».
Vol que vous reconnaissez vous-même puisque vous soutenez, par l’autre côté de la bouche, que ces artistes spoliés devraient être dédommagés.
Mais vous vous défendez: «Chez nous, pour le moment, [l’IA] compétitionne surtout les banques d’images.»
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| Infographie Le Soleil, source 123rf |
Les IAG que vous employez, quant à elles, reposent sur le pillage d’images à échelle industrielle, sans avertissement, sans crédit, sans la possibilité de retirer les œuvres volées du processus.
Vous prétendez avoir mis en place une politique concernant l’utilisation de l’IA qui doit notamment être soutenue par «une démarche artistique».
Selon cette logique, je n’ai qu’à voler une voiture, la repeindre avec une «démarche artistique», et abracadabra! J’en deviens propriéttaire.
Et les artistes spoliés, principaux concernés, les a-t-on consultés dans cet émouvant élan démocratique?
Vous prétendez que l’IA permet de diminuer le coût de certains projets qui auraient été «impossibles» de faire autrement.
Vous prétendez que l’IA permet de diminuer le coût de certains projets qui auraient été «impossibles» de faire autrement.
Là, je tombe des nues quand j’apprends que le profit de ces projets repose sur le vol de nos droits d’auteur. Que rajouter?
Mais vous persistez : «Ça n’a pas beaucoup de sens de demander aux producteurs de contenus québécois de ne pas utiliser l’IA.
Mais vous persistez : «Ça n’a pas beaucoup de sens de demander aux producteurs de contenus québécois de ne pas utiliser l’IA.
On va juste être en retard sur la compétition internationale.
On va se faire bombarder de produits étrangers et on va perdre des parts de marché.»
Le respect de nos droits d’auteur est un obstacle à la rentabilité.
Magnanime, vous trouvez que les artistes dont les œuvres servent à entraîner l’IA devraient tout de même recevoir des redevances.
Cependant, pour ce qui est du copyright des Éditions les Malins, ça, vous le revendiquez haut et fort dans chacun de vos livres.
Monsieur Audet, le jour où des pirates copieront vos publications pour en faire de nouvelles versions au rabais, j’espère que vous serez aussi compréhensif.
Si ça peut vous rassurer, ils le feront pour réaliser des projets «impossibles» à faire autrement, comme vous le faites.
Monsieur Audet, le jour où des pirates copieront vos publications pour en faire de nouvelles versions au rabais, j’espère que vous serez aussi compréhensif.
Si ça peut vous rassurer, ils le feront pour réaliser des projets «impossibles» à faire autrement, comme vous le faites.
«Quand on va en bibliothèque, les auteurs sont compensés par le dépôt de prêt public (DPP).
Ils reçoivent un montant annuel. Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen d’imaginer un programme de la sorte [pour l’IA]?»
Le beurre et l’argent du beurre!
Le beurre et l’argent du beurre!
Parce qu’il faudrait en plus que l’État, de la même façon qu’il finance le DPP, dédommage les artistes que Les Malins ont malencontreusement spoliés en utilisant des IA non éthiques.
Parlant d’État, il y a un point dont il faut collectivement discuter, celui des soutiens gouvernementaux dans le milieu de l’édition.
Parlant d’État, il y a un point dont il faut collectivement discuter, celui des soutiens gouvernementaux dans le milieu de l’édition.
N’est-on pas en droit d’attendre des éditeurs, en échange des subventions et de crédits d’impôt qu’on leur octroie, qu’ils soutiennent les créateurs d’ici plutôt que d’engager des compagnies étrangères pour générer des contrefaçons à partir de l’expertise volée aux artistes qu’ils sont censées soutenir?
Monsieur Audet, les illustrateurs travaillent à ce que notre identité ne se réduise pas à des stéréotypes folkloriques générés à partir de systèmes automatisés d’IA étrangères.
Ce qui fait de nous un peuple, c’est cette façon inimitable que nous avons de nous représenter à travers nos textes, notre musique, nos films, nos images...
La culture n’est pas décorative. Elle ne se tartine pas sur une couverture de livre à partir du manger mou consensuel d’un algorithme.
Vos lecteurs méritent mieux.
― Jean-Paul Eid, illustrateur et auteur de BD (Le petit astronaute, La femme aux cartes postales, Crue), membre du Regroupement pour l’Art Humain (RAH)
― Jean-Paul Eid, illustrateur et auteur de BD (Le petit astronaute, La femme aux cartes postales, Crue), membre du Regroupement pour l’Art Humain (RAH)


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