La disparition du « Guide bien-aimé » de Corée-du-Nord, Kim Jong Il, nous offre une bonne occasion de nous replonger dans l’album « Pyongyang » du dessinateur québécois Guy Delisle. Un ouvrage consacré à sa brève expérience professionnelle dans ce surprenant pays, cadenassé par l’un des pires régimes despotiques de la planète, et dont on ignore trop souvent les liens culturels tissés avec la France, et notamment avec son industrie du film d’animation.
Un « Corto Maltese » à la sauce Pyongyang
Si le ténébreux et séduisant héros d’Hugo Pratt « Corto Maltese » semble se mouvoir avec une telle aisance dans cet univers asiatique très codé de « La cour secrète des arcanes », c’est peut-être que ce film d’animation « made in France » a en partie été fabriqué en Asie et plus particulièrement en Corée-du-Nord, à Pyongyang, dans les célèbres studios d’Etat de la SEK.
Son producteur Robert Réa explique qu’il avait, à l’époque, consulté le Quai d’Orsay sur la validité de ce partenariat commercial avec la Corée-du-Nord. Le Ministère des Affaires étrangères avait alors estimé qu’il ne s’agissait pas d’un secteur stratégique et avait donc donné son aval à cette collaboration artistique. Pour le producteur d’« Ellipsanime », le pays présentait la particularité de posséder « une qualité d’exécution unique au monde et la capacité de constituer de grosses équipes de dessinateurs ». Selon Robert Réa, l’industrie américaine du cinéma d’animation ne rechignait pas - elle non plus - à utiliser ce savoir-faire nord-coréen.
Si cette spécificité nord-coréenne est relativement bien connue dans le petit monde de l’animation, où les chinois, les sud-coréens et les japonais font aussi figures de maîtres, c’est Guy Delisle avec son album « Pyongyang » qui a ouvert les yeux du grand public sur cette réalité économique.
Après les attentats du 11 septembre 2001 et la mise à l’index du régime nord-coréen, cette forme de sous-traitance aurait officiellement pris fin, en raison notamment des multiples embargos commerciaux imposés au régime de Pyongyang. Mais certaines sources laissent entendre que ce « partenariat commercial » pourrait discrètement se poursuivre à travers la Chine. Les studios SEK possèdent en effet leur représentation à Pékin, mais aussi à Paris, et les partenaires chinois ont parfois pour mauvaise habitude de faire sous-traiter dans d’autres pays d’Asie ce que l’on croit leur confier directement, même chose pour le secteur de l'animation sud-coréen qui conserve des relations surprenantes dans ce domaine avec son voisin et ennemi juré. Une chose est sûre, les studios de la SEK existent toujours à Pyongyang et continuent de fournir des munitions à la propagande de ce régime stalinien.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’industrie cinématographique de Corée-du-Nord, la Fnac a sorti l’an dernier un coffret de DVD intitulé « Regards sur le cinéma Nord-Coréen» et regroupant : « Le journal d’une jeune Nord-Coréenne » de Jang In-Hak (2006), « Le Calice » de Jo Kyungsoon (1987), « La Légende de Chunhyang » de Yoo Won-Jun et Yoon Ryong-Gu (1980) et « La Fille aux fleurs » de Park Hak (1972).
Si le ténébreux et séduisant héros d’Hugo Pratt « Corto Maltese » semble se mouvoir avec une telle aisance dans cet univers asiatique très codé de « La cour secrète des arcanes », c’est peut-être que ce film d’animation « made in France » a en partie été fabriqué en Asie et plus particulièrement en Corée-du-Nord, à Pyongyang, dans les célèbres studios d’Etat de la SEK.
Son producteur Robert Réa explique qu’il avait, à l’époque, consulté le Quai d’Orsay sur la validité de ce partenariat commercial avec la Corée-du-Nord. Le Ministère des Affaires étrangères avait alors estimé qu’il ne s’agissait pas d’un secteur stratégique et avait donc donné son aval à cette collaboration artistique. Pour le producteur d’« Ellipsanime », le pays présentait la particularité de posséder « une qualité d’exécution unique au monde et la capacité de constituer de grosses équipes de dessinateurs ». Selon Robert Réa, l’industrie américaine du cinéma d’animation ne rechignait pas - elle non plus - à utiliser ce savoir-faire nord-coréen.
« Gandahar » le précurseur
Cette « curieuse coopération » franco-nord-coréenne dans le domaine de l’animation n’est pas véritablement nouvelle. Elle remonte à la fin des années 80, lorsque René Laloux souhaite porter à l’écran le roman d’anticipation de Jean-Pierre Andrevon « Les hommes machines contre Gandahar » publié en 1969. Il s’associe au dessinateur Philippe Caza et produit dans un studio d’animation angevin une première version courte d’une durée de sept minutes. Le projet manque de financements pour aller plus loin, et restera ainsi gelé pendant dix ans, avant que le producteur Léon Zuratas conseille à René Laloux d’aller voir du côté du « Pays du matin calme » où des studios d’animation peuvent réaliser son rêve animé à moindres coûts. C’est ainsi qu’en 1988, le film « Gandahar - les années lumières » voit le jour sur les écrans français, après avoir été entièrement conçu en Corée-du-Nord, dans les studios de la SEK.
Guy Delisle au pays du matin calme
Si cette spécificité nord-coréenne est relativement bien connue dans le petit monde de l’animation, où les chinois, les sud-coréens et les japonais font aussi figures de maîtres, c’est Guy Delisle avec son album « Pyongyang » qui a ouvert les yeux du grand public sur cette réalité économique.
Le dessinateur, aujourd’hui installé en France, raconte même comment les représentants de cette industrie nord-coréenne du film d’animation venaient encore récemment distribuer leurs cartes professionnelles dans les allées du Festival international d’animation d’Annecy. Dans son ouvrage, il explique très bien l’utilisation faite des talents nord-coréens pour fabriquer que ce que l’on appelle « les intervalles » dans le cinéma d’animation. Des scènes de transition, dont la réalisation technique réclame peu de virtuosité créative mais de grosses capacités de reproduction.
Après les attentats du 11 septembre 2001 et la mise à l’index du régime nord-coréen, cette forme de sous-traitance aurait officiellement pris fin, en raison notamment des multiples embargos commerciaux imposés au régime de Pyongyang. Mais certaines sources laissent entendre que ce « partenariat commercial » pourrait discrètement se poursuivre à travers la Chine. Les studios SEK possèdent en effet leur représentation à Pékin, mais aussi à Paris, et les partenaires chinois ont parfois pour mauvaise habitude de faire sous-traiter dans d’autres pays d’Asie ce que l’on croit leur confier directement, même chose pour le secteur de l'animation sud-coréen qui conserve des relations surprenantes dans ce domaine avec son voisin et ennemi juré. Une chose est sûre, les studios de la SEK existent toujours à Pyongyang et continuent de fournir des munitions à la propagande de ce régime stalinien.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’industrie cinématographique de Corée-du-Nord, la Fnac a sorti l’an dernier un coffret de DVD intitulé « Regards sur le cinéma Nord-Coréen» et regroupant : « Le journal d’une jeune Nord-Coréenne » de Jang In-Hak (2006), « Le Calice » de Jo Kyungsoon (1987), « La Légende de Chunhyang » de Yoo Won-Jun et Yoon Ryong-Gu (1980) et « La Fille aux fleurs » de Park Hak (1972).
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