Sur le site du Devoir.
Un dernier coup de crayon, et la fin d’une époque. Jean Plantureux, dit Plantu, a confirmé ce vendredi qu’il prendrait sa retraite le 31 mars. Une information qu’il avait confiée jeudi soir au site Arrêt sur images.
Dessinateur historique du Monde, Plantu, né le 23 mars 1951, va atteindre cette année les 70 ans.
« Le 31 mars, a expliqué Plantu, je serai remplacé par des dessins de Cartooning for Peace, l’association que j’ai créée avec [l’ancien secrétaire général de l’ONU] Kofi Annan il y a 15 ans » et, en fonction de l’actualité, il y aura « un dessin américain, russe, vénézuélien, algérien ».
Militant pour la liberté d’opinion
Tantôt espiègle, émouvant, mordant, en colère, Plantu, devenu au fil des années une grande vedette du dessin de presse, n’épargne aucun sujet, parfois au prix de vives polémiques.
Interprète de l’actualité
Jusqu’ici, Jean Plantureux — de son vrai nom — croquait chaque jour l’actualité sur un ton volontiers railleur et décalé, réunissant souvent plusieurs faits marquants du jour dans un unique éclairage humoristique.
« Certains matins, j’ai tellement peu d’inspiration que j’ai des idées noires », confiait-il en 2018 à l’AFP.
Dans son premier dessin le 1er octobre 1972 dans Le Monde, Plantu avait croqué une petite colombe, un point d’interrogation dans le bec, marquant sa perplexité quant à un accord de paix qui mettrait fin au conflit américain en « Indochine ».
Dessinateur historique du Monde, Plantu, né le 23 mars 1951, va atteindre cette année les 70 ans.
Il a croqué l’actualité française et internationale de ces dernières décennies.
Plantu est indissociable du Monde : un de ses croquis a même recouvert la façade des précédents bureaux du journal, boulevard Auguste Blanqui dans le 13e arrondissement de Paris, que la rédaction a occupés de 2004 à 2020.
Fervent défenseur de la liberté de la presse, il a fondé aux côtés de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, l’association Cartooning for peace en 2006. Une initiative en réaction aux publications des caricatures de Mahomet dans le journal danois Jyland Posten, puis reprises par Charlie Hebdo.
Un départ «prévu depuis longtemps»
Le dessinateur l’assure : son départ n’a «rien à voir» avec la polémique autour de Xavier Gorce, qu’il soutient, selon Arrêt sur images.
Il avait commencé sa collaboration avec le journal d’Hubert Beuve-Méry en 1972, dessinant sa première colombe, sur fond de guerre de Vietnam.
En 1985, André Fontaine, alors directeur du journal, décide de lui donner une place chaque jour en une du quotidien.
Trente-cinq ans durant, sa petite souris se faufilera à travers ses dessins d’actualité, des attentats aux grandes compétitions sportives, en passant par la politique ou le cinéma.
Le dessin dans Le Monde du jeudi 21 janvier. |
Un départ «prévu depuis longtemps»
Le dessinateur l’assure : son départ n’a «rien à voir» avec la polémique autour de Xavier Gorce, qu’il soutient, selon Arrêt sur images.
Son départ «était prévu depuis longtemps», ajoute Plantu.
Mardi, un des dessins de Xavier Gorce, autre dessinateur du Monde, a suscité la polémique.
On y voyait son habituel pingouin demander à un autre : «Si j’ai été abusé par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?»
Un dessin qui n’a pas fait rire tout le monde.
Un dessin qui n’a pas fait rire tout le monde.
Dans le contexte des révélations sur Olivier Duhamel, constitutionnaliste et figure de la gauche intellectuelle accusé d’avoir abusé sexuellement de son beau-fils mineur, les réactions ont été immédiates.
Cette solution a été arrêtée d’un commun accord avec le directeur du Monde, Jérôme Fénoglio.
« Ça fait 10 ans que je demandais au directeur du Monde qu’un petit jeune me remplace », a confié cet ardent militant de la liberté d’opinion.
« Ça fait 10 ans que je demandais au directeur du Monde qu’un petit jeune me remplace », a confié cet ardent militant de la liberté d’opinion.
Jérôme Fénoglio explique pour sa part à l’AFP avoir préparé avec le dessinateur, qu’il qualifie de « monument du journal », son départ « longtemps en amont » afin de marquer l’engagement « très fort » du quotidien dans le renouvellement du dessin de presse.
Notamment en mettant en avant « de jeunes talents féminins » dans un milieu très masculin.
Cette collaboration avec Cartooning for Peace permettra aussi de « développer en une des regards internationaux sur l’actualité, de varier les angles », ajoute M. Fénoglio.
Tantôt espiègle, émouvant, mordant, en colère, Plantu, devenu au fil des années une grande vedette du dessin de presse, n’épargne aucun sujet, parfois au prix de vives polémiques.
L’assassinat de ses confrères de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, renforce le dessinateur dans son engagement pour la liberté d’expression, qu’il va « maintenant poursuivre, en France et dans le monde, dans les écoles, les hôpitaux, les lieux publics ».
Au travers de son association Cartooning for Peace et avec l’ONG Reporters sans frontières, Plantu mène une campagne pour que le dessin de presse soit reconnu par l’UNESCO comme un droit de la personne fondamental.
Au travers de son association Cartooning for Peace et avec l’ONG Reporters sans frontières, Plantu mène une campagne pour que le dessin de presse soit reconnu par l’UNESCO comme un droit de la personne fondamental.
« L’humour et les images dérangeantes font partie de nos démocraties », répétait-il en 2019 dans Le Monde, après la décision du New York Times de bannir les caricatures politiques de ses éditions internationales.
Plantu a expliqué soutenir Xavier Gorce « mordicus ».
Plantu a expliqué soutenir Xavier Gorce « mordicus ».
« J’adore son style. On doit militer pour le décalage [dans l’humour]. Le sérieux est en train de nous envahir, c’est le choléra de l’imaginaire », a affirmé le dessinateur, reprenant une phrase que lui avait dite l’humoriste récemment mort Guy Bedos.
Interprète de l’actualité
Jusqu’ici, Jean Plantureux — de son vrai nom — croquait chaque jour l’actualité sur un ton volontiers railleur et décalé, réunissant souvent plusieurs faits marquants du jour dans un unique éclairage humoristique.
« Certains matins, j’ai tellement peu d’inspiration que j’ai des idées noires », confiait-il en 2018 à l’AFP.
Au point de « me dessiner, une pierre autour du cou, avant de me jeter au fond d’une bassine d’eau ».
Ce qui n’a pas empêché le dessinateur d’être prolifique — avec 14 000 dessins à son actif, essentiellement pour Le Monde, mais aussi pour une quarantaine d’autres publications.
Le dessin dans Le Monde du lundi 25 janvier. |
Plantu ignorait alors que sa colombe deviendrait une véritable signature. Au milieu des années 1990, l’artiste nichera dans ses dessins une autre marque de fabrique : une petite souris, reflet de ses humeurs.
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