La page qu'il a dessiné sur le festival dans Charlie Hebdo et un article dans le journal local:
Charlie Hebdo # 1007, 5 octobre 2011, page 4.
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Il n'a pas d'âge, c'est une icône, presque un super-héros. Mais c'est pourtant son humilité qui le définit le mieux. Et qui fait sans doute sa grandeur.
Pas de doute, c'est bien lui, en chair et en os, avec sa dégaine pépère, ses cheveux de Playmobil, ses petites lunettes rondes, posées de guingois, et cette voix douce, presque musicale.
Il est presque étonné qu'on lui prête tant d'attention, qu'autant de gens le saluent, lui sourient, avec les yeux qui brillent, comme s'ils voyaient Casimir ou Spiderman.
Le salon de Saint-Just ? Il est venu dès la deuxième année. « J'étais hébergé chez un boucher du village, ancien combattant d'Algérie. Il avait des fanions de la guerre d'Algérie dans la maison... Disons qu'on n'avait pas vraiment les mêmes idées politiques mais on s'est bien marrés ». Et l'idée du salon lui a tout de suite plu : « Il y avait tellement de salons de la BD et le dessin de presse y avait toujours une place un peu marginale... Alors évidemment, ça m'a intéressé : un salon juste pour nous ».
Près de trente ans après, Cabu est un peu soufflé par le nouveau Centre - « On se croirait dans une grande ville » - et particulièrement ravi que l'expo centrale soit consacrée à Dubout : « C'est le premier qui m'a donné envie de dessiner, il a vraiment créé un monde à lui ».
" Je dessine tout le temps "
De fait, Cabu a commencé très jeune, il a gagné son premier concours de dessin à 10 ans. « Mais mon père m'avait prévenu que ce n'était sûrement pas en dessinant des Mickey que je pourrais gagner ma vie ». Pas vraiment visionnaire, le papa. Au contraire de son fiston d'ailleurs : en 1999, Cabu croque Jospin à Matignon avec sur son bureau la photo de Le Pen. Légende : "Si je me plante, c'est lui qui me passera devant". « Quand on réussit un dessin prémonitoire, on est vraiment très content, c'est peut-être la plus belle des récompenses ».
Les doigts de Cabu commencent à s'impatienter, il faut tourner son crayon sur un petit paquet de feuilles. « C'est vrai que je dessine tout le temps. C'est comme un musicien, il doit faire ses gammes. Moi, si je ne dessine pas pendant deux ou trois jours, j'ai l'impression que je perds la main. Et puis il fait que je travaille pour me renouveler, essayer de ne pas tomber dans mes propres clichés, faire vieillir mes personnages... ».
Cabu, l'angoissé, fébrile à l'idée de mal faire. « Est-ce que j'ai de la tendresse pour mes personnages... Sans doute. En tout cas, on ne peut pas faire du dessin d'humour si on est dans la haine ou dans l'imprécation. Beaucoup ont ce défaut et oublient de faire rire. Il faut avoir un peu d'élégance ».
Le secret de sa longévité et de cette éternelle jeunesse ? « La passion du dessin, évidemment. Les secousses de la vie passent et le dessin console de bien des choses, c'est un bain de bonne humeur ». Une thérapie ? « En tout cas, si vous êtes déprimé, vous ne pouvez pas trouver d'idée drôle ».
Cabu retire ses lunettes. « Vous voulez un dessin, je suppose ? Les journaux... On dépend d'eux, finalement. Il y en a de moins en moins qui passent des dessins. Et il y a de moins de moins de jeunes qui les lisent. Le papier, le livre, ce n'est plus leur culture... ». Cabu secoue la tête. Et il commence à dessiner.
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