Lundi de Pâques: les éditions Dargaud vous offrent une lecture gratuite sur leur site: Palmer en Bretagne de Pétillon.
À l'occasion de la sortie de son album «Palmer en Bretagne», René Pétillon avait répondu aux questions des lecteurs de Libération.
Juliette. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’offrir à Palmer une enquête en Bretagne?
C’est très simple, il y a très longtemps que je voulais l’envoyer en Bretagne, parce que c’est une région que j’aime beaucoup. J’y suis né, et j’y reviens très souvent. Et donc, je la connais un petit peu.
Fiel. Comment vous est venue l’idée saugrenue de percher Palmer sur un îlot rocheux, c’est pas sympa, ça!?
Patrick. Voila-t-il pas que vous excluez Jack de l’action principale, Palmer étant juste le pivot du running gag du «naufragé» jamais secouru alors que les hélicos, les vedettes, les bateaux, grouillent autour de son îlot… Tenteriez-vous de vous débarrasser de mon privé favori ?
J’ai voulu pousser Palmer à son niveau d’incompétence le plus absolu. Incompétence dont il avait donné les signes au cours des albums précédents. Quant à l’idée de l’isoler sur un rocher, elle m’est venue en constatant que tous les étés, les hélicoptères viennent secourir des pêcheurs ou des baigneurs imprudents sur les côtes bretonnes.
Ça me paraissait amusant, Palmer ayant été le témoin d’une scène clé, de le mettre dans l’impossibilité de communiquer ce qu’il a vu, et qu’il est le seul à avoir vu. Un enquêteur réduit à ce degré d’impuissance, ça m’a paru intéressant à raconter.
J’y pense depuis de nombreuses années, j’étais à la recherche d’une idée de départ. Pour cette histoire, c’est venu un peu par hasard.
Charles. Palmer se retrouve malgré lui au cœur d’une sombre affaire d’assassinat et de magouille à l’assurance dans le milieu pas très reluisant du marché de l’art, comment vous est venue cette idée-là?
J’étais parti sur une histoire sur le marché de l’art contemporain. Et pour illustrer une des péripéties du scénario, il me fallait une côte rocheuse. Dès lors, la Bretagne s’est imposée, et les Bretons ont suivi…
Benoît. On ne sait pas grand-chose de Palmer, pourtant il vous suit depuis longtemps? Qui est-il? A-t-il évolué depuis sa première apparition?
Je ne sais pas très bien qui il est, et je ne cherche pas à le savoir. Son côté un peu martien me convient tout à fait, mon modèle dans ce domaine c’est monsieur Hulot de Jacques Tati. On ne sait pas grand-chose de lui, il est là et sa présence suffit. La seule évolution notable en ce qui concerne Palmer, c’est son chapeau, que je dessinais de façon très différente à mes débuts.
Carole. Je trouve que Solange, la grande bourgeoise, a des petits airs de Christine Lagarde… est-ce une illusion d’optique?
C’est exact, mais c’est assez curieux, ce n’était pas prémédité. Cela m’est venu spontanément sous le crayon. Je m’en suis aperçu très vite. J’ai décidé de conserver le personnage tel quel, parce qu’après tout, Christine Lagarde en grande bourgeoise, ça le fait.
Hulule. Avez-vous l’habitude de croquer vos contemporains et de vous en servir ensuite, lors de la réalisation d’un album? De vous dire «ah, celui-là, c’est le bon»?
Oui, je croque mes contemporains dans mon canard, le Canard enchaîné. Mais je ne m’en sers pas tel quel dans mes histoires. Il y a des caractères que je peux utiliser, mais c’est très transposé en général, à l’exception notable de Christine Lagarde qui m’est venue directement et inconsciemment sous le crayon.
Lulu. J’aimerais savoir comment vous travaillez? Est-ce que ce sont les personnages qui viennent à vous en premier? Et ensuite le décor?
Ce qui est sûr, c’est que le décor s’impose dès le moment où j’ai choisi le cadre de l’histoire. Ensuite, je me laisse conduire par les personnages qui me viennent à l’esprit. Et surtout, par les dialogues. Il est à noter que je cherche des idées en dessinant.
Certains aspects graphiques d’un personnage peuvent me donner des indications sur leur caractère, sur leur propos, et donc influencent le cours de l’histoire. Un nouveau personnage apparaissant de façon imprévue peut m’amener à donner une autre direction au scénario.
Pauline. Que préférez-vous: la réalisation au long cours d’un album ou la spontanéité du dessin de presse?
Pingouin Curieux. Comment s’équilibrent votre travail sur Jack Palmer et votre travail de dessinateur de presse ?
J’aime les deux. On peut presque dire que les deux s’alimentent mutuellement. Parfois, pour un album, je pars d’un sujet déjà traité dans le dessin de presse, qui me paraît pouvoir être développé dans une BD.
La grande différence entre les deux genres, c’est bien sûr que dans la BD on peut donner libre cours à son imagination, tandis que dans le dessin de presse, on est tenu à respecter les faits. Je passe de l’un à l’autre sans difficulté particulière.
Cyrille. Maintenant que Palmer a été récupéré sur son îlot, avez-vous une petite idée de sa prochaine enquête?
Oui, et je pense qu’il va revenir en Bretagne. J’ai envie de retrouver certains de mes personnages, ils m’ont bien amusé.
Jean-Edern. C’est qui la grande brune avec une queue-de-cheval ?
Si vous parlez de l’avocate en pull noir, je ne l’ai pas dessinée avec une queue-de-cheval, mais il y a beaucoup de vent dans cette histoire, on peut se tromper…
Voici un avant goût du « Palmer en Bretagne »:
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