jeudi 11 juillet 2019

Irving et la presse au Nouveau-Brunswick

Sur le site de ICI Nouveau Brunswick.


Dans la foulée du congédiement d:un caricaturiste, des voix s'élèvent au Nouveau-Brunswick contre la concentration de plusieurs médias entre les mains d'un seul propriétaire.

Presque tous les journaux anglophones et francophones du Nouveau-Brunswick font partie du groupe de presse Brunswick News, dont le conglomérat privé Irving est propriétaire.

Tous les journaux de Brunswick News avec lesquels le caricaturiste Michael de Adder travaillait ont cessé leur collaboration avec lui à la fin de juin.

Le dessinateur soutient que c'est une caricature critique du président américain Donald Trump qui lui a coûté son emploi. 


Brunswick News nie cette interprétation.


Michael de Adder est allé plus loin, accusant Irving de contrôler le contenu publié dans les journaux de Brunswick News et de refuser de publier des caricatures du premier ministre de la province, Blaine Higgs, qui a été l’un des cadres supérieurs de la pétrolière Irving avant de se lancer en politique. 

Il est ensuite devenu le chef du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick.

Cette dernière allégation fait sursauter le député libéral de Moncton-Centre, Rob McKe

« Si les allégations sont vraies que M. Higgs est intouchable, ceci n'est pas une presse libre. On n'a pas des quotidiens ici qui peuvent nous donner une opinion non biaisée, si c'est vrai », soutient Rob McKee.

« C'est une attaque à la démocratie, si les allégations que M. de Adder nous donne sont vraies, poursuit M. McKee. 

Le fait que c'est une seule source, [que] le propriétaire [Irving] fait affaire dans de nombreux secteurs qui touchent le territoire ici, et le fait même que M. Higgs était un haut dirigeant de Irving Oil, ça, c'est très inquiétant. »

Rob McKee qualifie de « très bonne idée » la suggestion du Parti vert du Nouveau-Brunswick, qui a évoqué une loi antitrust. Le député libéral n'est toutefois pas certain qu'il s'agisse d'un pouvoir dont pourrait se doter la province.

« Ça ressemble peut-être à un pouvoir fédéral, mentionne M. McKee. Peut-être que c'est une bonne idée maintenant de demander au gouvernement fédéral de faire une révision de la Loi sur la concurrence, afin de la renforcer pour régler la concentration des médias ici, au Nouveau-Brunswick »

Le député de Moncton-Centre suggère même que le sénat canadien se penche sur la concentration des médias, et que le public soit invité à donner son opinion sur cette question délicate.

Si cela se réalisait, il ne s’agirait pas d’une première.

Dès 1970, le quasi-monopole d'Irving sur les médias néo-brunswickois se retrouvait sous la loupe du sénateur Keith Davey dans le rapport du Comité spécial du Sénat sur les moyens de communication de masse.

En 1981, c'était au tour de la Commission royale sur les quotidiens de proposer, dans son rapport final, de rompre les monopoles régionaux comme celui d'Irving.

Plus récemment, en 2006, dans un Rapport final sur les médias d'information canadiens, le comité sénatorial permanent des transports et des communications qualifiait l'empire commercial Irving de complexe médiatico-industriel qui domine la province, ajoutant que « sauf erreur, cette situation est unique dans les pays développés ».


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