mardi 17 mai 2022

La pré-publication du nouveau Gaston Lagaffe est suspendue

Sur le site de L'Echo.


La justice examinait pour la première fois, ce lundi, le conflit qui oppose les éditions Dupuis et la fille de Franquin, opposée au projet d’un nouvel album de Gaston Lagaffe.

La pré-publication du nouveau Gaston Lagaffe a été suspendue par les éditions Dupuis, a-t-on appris ce lundi lors du procès qui oppose Isabelle Franquin aux éditions Dupuis.

En mars dernier, Dupuis annonçait, en effet, relancer le personnage de Gaston Lagaffe, plus de 30 ans après la publication des dernières bandes dessinées, et 25 ans après le décès de son créateur André Franquin.

La fille de Franquin, ayant droit, conserve un droit de regard sur le respect de l'œuvre et avait indiqué qu'elle s'opposait à cette reprise. Elle avait alors introduit un référé pour interdire en urgence la promotion et la sortie d'un nouvel album, prévue en octobre prochain.

La BD reportée à 2023

Au cours de l'audience, lundi, les éditions Dargaud-Lombard et Dupuis ont confirmé leur volonté de suspendre toute pré-publication de la nouvelle bande dessinée de Gaston Lagaffe jusqu'en 2023. 

Dans l'attente, le fond de l'affaire sera traité par une procédure d'arbitrage déjà entamée. 

Mais, en tout état de cause, l'éditeur, qui a accepté de suspendre toute pré-publication jusqu'à la fin de l'arbitrage, a annoncé le report de la nouvelle bande dessinée à 2023.

Lors de l'audience, Claude Katz, l'avocat de la fille d'André Franquin, a déclaré qu'il espérait que la bande dessinée ne soit jamais publiée, conformément à l'esprit d'André Franquin, le dessinateur de Gaston Lagaffe.


AJOUT

Attaqué en justice, le nouvel album de Gaston Lagaffe est «suspendu»


Lagaffe va-t-il renaître ? Sous le coup d’un procès, l’éditeur belge de bédé Dupuis a décidé de différer à l’an prochain au plus tôt son projet de sortie d’un nouvel album de Gaston Lagaffe, combattu par la fille du dessinateur Franquin.

L’annonce de « la suspension » de cette parution a été faite lundi à l’occasion d’une audience devant le tribunal de Bruxelles, saisi par Isabelle Franquin, la fille du dessinateur belge décédé en 1997.

Mme Franquin refuse que le personnage star de son père revive sous les traits d’un autre dessinateur, projet des éditions Dupuis, qui ont confié le crayon au Québécois Delaf (Marc Delafontaine de son vrai nom).

« Son papa a répété de manière continue, pendant des années, qu’il ne voulait en aucun cas que Gaston Lagaffesoit repris par un autre dessinateur après sa mort », a affirmé Martine Berwette, avocate d’Isabelle Franquin, devant le tribunal. 

Il s’agit d’« un droit moral inaliénable » qu’est habilitée à exercer celle qui est l’unique ayant droit d’André Franquin, selon l’avocate.

À l’inverse, les éditions Dupuis estiment être propriétaires des droits patrimoniaux sur les personnages de Franquin, à la suite du rachat en 2013 de la société Marsu Productions avec laquelle le créateur de Lagaffe avait conclu un accord de cession en 1992.

Créant l’événement dans le monde de la BD franco-belge, Dupuis avait annoncé à la mi-mars au festival d’Angoulême la sortie en octobre prochain d’un nouvel album intitulé Le retour de Lagaffe.

Souci d’apaisement

Lundi, son avocat, Alain Berenboom, a toutefois annoncé que l’éditeur acceptait de différer son projet : « On n’a pas envie de faire la guerre, on veut un débat serein » avec Mme Franquin, a-t-il dit.

D’une part, a rappelé Me Berenboom, toute prépublication dans le journal de Spirou d’une nouvelle aventure de Lagaffe [une planche du futur album] est suspendue. 

Cela revient selon lui à vider de sa substance l’action en référé intentée fin mars par la plaignante devant le tribunal de première instance francophone de Bruxelles.

D’autre part, l’album lui-même — qui serait le 22e opus de Gaston Lagaffe — ne sortira pas avant 2023, ce qui laisse le temps de trancher le litige au fond, au terme d’un arbitrage privé.

« Nous sommes d’accord pour reporter la prépublication des planches de Gaston dans Spirou et l’album Gaston par Delaf jusqu’au début de l’année 2023, c’est-à-dire après que l’arbitre aura rendu sa décision », a déclaré Me Berenboom.

L’arbitre choisi par les deux parties devrait rendre sa décision « fin septembre », dans un délai d’un mois après des plaidoiries à huis clos prévues fin août. Ce jugement ne sera pas susceptible d’appel, selon les avocats des deux camps.

En attendant cette procédure, la juge unique statuant en référé à Bruxelles a annoncé lundi après de courtes plaidoiries qu’elle rendrait une ordonnance « au plus tard le 3 juin » actant la suspension des projets de Dupuis.

« Il faut acter cet engagement à respecter ce qu’on demande exactement, la juge va le faire », a commenté Me Berwette après l’audience.

L’avocate s’est félicitée que Dupuis doive « s’incliner » dans cette procédure en urgence qui consistait à faire interdire « toute promotion et prépublication » de nouvelles aventures de Lagaffe.

Dans son numéro daté du 6 avril, l’hebdomadaire Spirou avait publié un premier gag de Lagaffe dessiné par Delaf, ce qu’avaient déploré les avocats d’Isabelle Franquin.

Les éditions Dupuis avaient alors annoncé suspendre la suite des prépublications « par souci d’apaisement ».

La fille de Franquin a reçu le soutien de plusieurs auteurs, dont Philippe Geluck, dans une lettre ouverte accusant le projet de Dupuis de « bafouer la volonté » du créateur de Lagaffe.

« En agissant ainsi […] vous proposez de revenir à une époque où la volonté du créateur était soumise au bon vouloir des détenteurs des droits commerciaux et où un ersatz — ou produit dérivé — se présente comme une œuvre originale », dénonce ce texte.

Matthieu Demeestere - Agence France-Presse

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