mardi 8 septembre 2020

Thibaut Soulcié à France Culture

Sur le site de France Culture.

Dessin de Thibaut Soulcié pour France Culture lors de l'interview d'Anne Fauquembergue.

En cette semaine d'ouverture du procès des attentats de 2015, direction Bordeaux où le dessinateur de presse Thibaut Soulcié s'est installé après l'attaque contre Charlie Hebdo.

Thibaut Soulcié est dessinateur de presse depuis douze ans.

Comme tous ses consoeurs et confrères, il a tiré son inspiration* de Cabu, Wolinski, Charb ou encore Tignous tués lors de l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015. 

Thibaut Soulcié connaissait en particulier Tignous. Les deux hommes habitaient dans le même quartier à Paris à l'époque de l'attaque. 

Il suivra à titre personnel le procès des attentats de Paris. Le dessinateur ne s'étale pas mais le choc a été rude. 

Cinq ans plus tard, malgré l'épreuve qui a conduit à un déménagement familial à Bordeaux, il poursuit son métier avec le même plaisir mais avec parfois un peu plus de perplexité sur son rôle. 

Il fait partie de cette génération de trentenaires, déjà un peu installée, comme Coco, Camille Besse, Aurel, Pierrick Juin ou encore Félix qui assure désormais la relève. 



Des années de formation marquées par une grande exposition à l'hôtel des Invalides après les attentats de New York
Agé de 37 ans, Thibaut Soulcié est l'aîné d'une fratrie de quatre enfants. Il a grandi à la campagne dans le Loiret où sa mère était factrice et son père éleveur de chèvres mais surtout amateur du Canard enchaîne ! 

« Quand ce journal traînait à la maison, je copiais les dessins de Cabu, comme je copiais ceux de Gotlib ou encore d'Hergé » se souvient le caricaturiste qui découvrira Charlie Hebdo un peu plus tard en entrant au lycée. 

Puis c'est l'université en arts appliqués à Paris puis à Strasbourg. 

Après le 11 septembre 2001, la révélation : une exposition sur le dessin de presse international organisée aux Invalides, dans la capitale, le marque profondément. 

« Il y avait tous les styles possibles de dessins, tous les styles d'humour. Il fallait parfois bien regarder pour comprendre la subtilité. C'était pour moi comme un rébus. »



Un milieu professionnel qui reprend à peine pied cinq ans après le drame de Charlie Hebdo

Thibaut Soulcié n'a jamais eu l'opportunité d'être publié par Charlie Hebdo mais il a envoyé ses dessins pendant de nombreux mois avant de s'attaquer à d'autres titres.

Les places sont chères dans cet univers où seuls les plus talentueux et courageux parviennent à percer. 

« Si on met de côté Charlie Hebdo qui est un journal de dessinateurs, il y a peu d'espace dans les journaux » explique celui qui parvient néanmoins à publier une trentaine de dessins par mois tournant beaucoup autour du Covid-19, comme cette semaine pour La revue dessinée.



































La perte des talents de Charlie Hebdo a également obligé les journaux à renouveler les visages des dessinateurs. 

À Marianne, Tignous a été remplacé par quatre professionnels dont Thibaut Soulcié qui sort ce vendredi 4 septembre une caricature sur la republication des caricatures de Mahomet par le journal satirique et repris par le réseau international de dessinateurs de presse Cartooning for Peace.


Pour Thibaut Soulcié, qui navigue entre l'hebdomadaire de centre gauche Télérama et Marianne, publication plus iconoclaste, le débat est complexe sur ce sujet des caricatures de Mahomet. 

« Les journaux pour lesquels nous travaillons ont une ligne éditoriale qui est parfois exprimée, parfois non. 

Chez Télérama par exemple c'est très clair : pas de sexe, pas de gros mots qui dérangent et pas le droit de se moquer de la religion » explique celui qui quoiqu'il en soit essaye de faire des dessins drôles sans se tromper de cibles. 

« Cabu disait que le dessin de presse devait venger, rappelle-t-il. Le plus important c'est de bien identifier la situation qui est dénoncée ». 


La recherche d'un nouvel équilibre depuis Bordeaux

Après les attentats, le dessinateur a décidé de s'installer à Bordeaux avec sa femme et ses deux enfants qui étaient très jeunes au moment des attentats. 

« Ce n'était pas à cause du danger mais à cause de Vigipirate, il y avait des hommes armés partout. À cette époque, il n'y avait pas cette lourdeur à Bordeaux. » 

Autre motif : le prix de l'immobilier à Paris. 

Les dessinateurs de presse sont payés au dessin et il faut en faire un paquet pour gagner dignement sa vie ! 

C'est pourquoi Thibaut Soulcié travaille également en tant qu'illustrateur. 



Pour se motiver les matins difficiles, il se concentre sur son objet fétiche : une tirelire qui a la forme de la tête du Président Giscard d’Estaing. 

« Je l'ai acheté sur une brocante un dimanche après-midi. Elle trône fièrement dans ma bibliothèque ». 

Les hommes et les femmes politiques restent le sujet favori des dessinateurs de presse en France qui s'en donne à coeur joie depuis le début du XVIIIe siècle.



* (NDLR: On a encore oublié Honoré)

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