vendredi 10 septembre 2021

Fraude fiscale aggravée pour Jacques Glénat

Sur le site ActuaLitté


Il avait juré n’être en rien lié à des procédures d’évasion fiscale, quand en avril 2016 était sortie l’affaire des Panama Papers. 

Pourtant, Jacques Glénat, l’éditeur de la maison éponyme, vient d’écoper de 200.000 € d’amende et de 18 mois de prison avec sursis.

« Il n’y a aucun schéma entaché d’illégalité dans le don qui a été fait à mes enfants, qui n’est pas en plus l’affaire du siècle (…) 4 millions ? Mais pas du tout, il y a confusion, une somme pareille c’est inimaginable », assurait Jacques Glénat, mis en cause dans l’affaire des Panama Papers. 

« Pour certains, les paradis fiscaux, pour d’autres l’enfer des fins de mois », rétorquaient alors des auteurs interrogés par ActuaLitté.

L’affaire, diffusée par Le Monde en France, avait conduit à ce que des milliers de personnalités, chefs d’État, mais également milliardaires, ou encore sportifs ou célébrités se trouvent exposés. 

Or, pour leur défense, beaucoup de personnes assuraient que les sociétés sont malgré tout créées à des fins légales. Coquilles vides ou véritables structures, elles n’en servaient pas moins à certains à échapper au fisc.

Jacques Glénat, mis en cause, avait racheté en 2009 la société Getway SA, installée aux Seychelles. 

Elle détenait un compte bancaire qui aurait servi à l’achat d’œuvres d’art. 

Près de 4 millions € furent ainsi placés sur ce dernier, et il a permis l’achat de plusieurs tableaux de maîtres (on cite Bruegel et Corot, en exemples), ainsi que des sculptures — parfois par le biais d’enchères.

La main dans le pot à cookies

Selon la justice française, le patron de la maison d’édition, à l’occasion d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, aurait pourtant reconnu sa responsabilité dans l’affaire. 

Parmi les chefs d’accusation, « blanchiment de fraude fiscale aggravée », rapporte l’AFP. 

Et au fin du fin, s’ajoutent aux sanctions de 200.000 € d’amende et 18 mois de sursis, la confiscation de 470.000 €.

Le Parquet national financier, qui a enquêté sur le sujet, évoque « un montage sophistiqué » par lequel, et depuis 1997, Jacques Glénat avait mis en place des sociétés, depuis la Belgique, qui intervenaient directement dans des paradis fiscaux. 

De quoi lui permettre « de récupérer des dividendes importants sans être identifié par l’administration fiscale ».

Au total, 9,9 millions € dissimulés au fisc, et 4 millions € de dividendes obtenus — par lesquels le patron d’édition aura acheté pour 3,5 millions € d’œuvres d’art. 

Pour le fisc français, la douloureuse s’évalue à 2,2 millions €. Mais surtout, avec le temps, Jacques Glénat aura fini par admettre qu’il était « parfaitement conscient du montage délictueux et des conséquences fiscales ».

Aujourd’hui que Marion Glénat, sa fille, a repris la direction de la maison, la situation fiscale a été régularisée : redressements et pénalités ont été versés pour corriger le tir. 

Pour autant, deux contacts ayant servi d’intermédiaires sont également mis en cause — avec condamnation du tribunal.

Rappelons tout de même qu’en 2013, cinq acteurs du livre faisaient partie du classement des 500 fortunes de France. 

C’est sans surprise que, parmi ces derniers, l’on retrouvait Jacques Glénat à la 472e place, ex aequo avec d’autres fortunes, et ses 60 millions €. 

4 millions, une somme inimaginable ?

Pour le moment, la maison Glénat n'a pas réagi.

Jacques Glénat est toujours administrateur de la maison d’édition et siège au conseil d’administration de l’établissement public de la Réunion des musées nationaux.

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