Fabien Deglise et Odile Tremblay dans Le Devoir.
Il a tellement mis à l’épreuve les cadres du 9e art, tellement exploré leurs limites, leurs recoins, leurs tensions, leurs flexibilités qu’il ne pouvait finalement que passer à travers pour atterrir ailleurs. Philémon, le célèbre personnage de bande dessinée imagé par Fred – Frédéric Aristidès pour l’état civil – dans les années 70 se prépare à transporter son univers complètement loufoque et franchement décalé sur grand écran. L’annonce en a été faite ce jeudi matin à Paris. Deux jeunes réalisateurs québécois, Julien Demers-Arsenault et Sébastien Denault, vont orchestrer cette délicate transposition, dont l’esprit et les premières images ont séduit l’auteur, aujourd’hui âgé de 82 ans, qui y a été exposé en décembre dernier.
« Ça y est, ils ont tout compris », aurait lancé Fred en voyant ces images lors de la présentation du pilote de ce projet de film. Jusqu’à ce jour, les nombreuses tentatives de mise en mouvement et d’adaptation de l’oeuvre de Fred avaient toutes été repoussées du revers de la main par l’illustre bédéiste et son éditeur Dargaud.
« Nous savions que nous jouions gros et nous nous étions très bien préparés, a résumé Sébastien Denault joint au téléphone par Le Devoir dans la capitale française. Philémon, j’ai grandi avec ce personnage après l’avoir découvert vers l’âge de 8 ou 9 ans. L’oeuvre de Fred en est une sacrée pour moi et je suis très heureux de voir que notre proposition d’adaptation a été acceptée avec autant d’enthousiasme. Je suis aussi très fier à l’idée de travailler dessus ».
Née dans les pages du magazine Pilote en 1965, la série en bandes dessinées Philémon a marqué deux générations de lecteurs dans toute la francophonie avec des titres comme Le Naufragé du « A », Le Piano sauvage, L’Âne en atoll ou encore Le Voyage de l’incrédule. Les 16e aventures de ce personnage, prisonnier dans un univers atypique qui aime questionner à chaque planche l’identité de la bande dessinée, doivent être publiées dans les prochaines semaines. Elles s’intitulent Le train où vont les choses.
« Est-ce que le regard que nous avons posé sur cette oeuvre est différent et a fait toute la différence parce que nous venons du Québec ? Je ne le sais pas, explique Julien Demers-Arsenault, qui a travaillé entre autres sur Dédé à travers les brumes et Le Journal d’Aurélie Laflamme. Ce que je sais par contre, c’est que le monde dessiné par Fred est universel. C’est une grande oeuvre francophone et c’est l’esprit que nous allons chercher à conserver dans cette adaptation au grand écran ».
Piloté conjointement par Max Film, Roger Frappier, mais également par les éditions Dargaud, le nouveau voyage de Philémon dans les salles obscures, puis sur les écrans de télévision, va commencer sérieusement dans les prochaines semaines avec les étapes de préproduction et de tournage qui désormais passent à la vitesse supérieure, ont assuré en choeur le duo de réalisateurs qui espèrent « concrétiser [leur] rêve » dans un « échéancier relativement court ». Le tout pour un objectif à atteindre, une quête à compléter, facile à comprendre : ils espèrent que leur mise en image colore les écrans blancs des salles obscures en 2015, juste à temps pour célébrer le 50e anniversaire de la naissance de ce drôle de personnage qui, un demi-siècle plus tard, confirme une nouvelle fois qu’il est plus à l’aise en dehors de ces terribles boites dans lesquelles on cherche à le faire entrer.
AJOUT
À lire également: Marc-André Lussier dans La Presse.
NOUVEL AJOUT
Les trois premières planches de l'album « Le train où vont les choses... »:
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