Photo de Alex Chun © 2013. |
La bande dessinée francophone vient de perdre l’un de ses premiers ambassadeurs. L’éditeur américain Kim Thompson est mort hier des suites d’un cancer à l’âge de 56 ans. Il était le vice-président et l’une des principales têtes pensantes de la maison Fantagraphics, chef de file de l’édition alternative aux États-Unis.
Né au Danemark le 25 septembre 1956, d’une mère danoise et d’un père américain dont les affaires le menèrent aussi bien en Allemagne qu’en Hollande, c’est en Europe que le jeune Thompson fit son éducation dans le domaine de la bande dessinée. Cette jeunesse itinérante fut à l’origine de son aptitude à parler les langues étrangères, dont le français qu’il pratiquait couramment.
Dès les années 1970, Thompson devient le principal propagandiste de la bande dessinée européenne aux USA, écrivant par dizaines des articles dans de nombreux supports dédiés aux comics. Rejoignant le pays de son père en 1977, il s’associe avec Gary Groth qui venait de fonder Fantagraphics l’année précédente. Il sauve même la société au bord de la faillite en 1978 en y investissant une partie conséquente de son héritage familial. Par voie de conséquence, il devient l’un des principaux contributeurs au Comics Journal édité par la maison de Seattle.
Lorsque Fantagraphics se mit à publier régulièrement des albums, notamment des auteurs comme Robert Crumb, Daniel Clowes, Jessica Abel, Charles Burns, Dave Sim, Chris Ware, Peter Bagge, Joe Sacco, Roberta Gregory... sans parler des classiques Peanuts ou Krazy Kat, il fit un sort particulier à la bande dessinée européenne dont il raffolait : il édita aux États-Unis les œuvres de Tardi, David B, Killoffer, Emile Bravo, Lewis Trondheim mais aussi Maurice Tillieux, Joost Swarte, Max, Lorenzo Mattotti, Igort, Gabriella Giandelli, Jason... autant d’indicateurs de son éclectisme.
C’est un très grand éditeur qui vient de disparaître. Je perds également un ami avec lequel je correspondais régulièrement. RIP, cher Kim.
Didier Pasamonik
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