Gilles Ciment n'a pas souhaité réagir avant le rendez-vous de lundi.. PHOTO/Archive Phil Messele |
Le musée est prié de ne plus organiser d'expo pendant le festival de la BD et de mettre sa salle à la disposition de 9e Art+. Sale coup pour son directeur, qui joue son avenir lundi.
Gilles Ciment sera-t-il la première victime du conflit qui l'oppose depuis des années au festival de la BD ? Lundi, lors du conseil d'administration de la Cité de la BD, il joue son poste. Avant même qu'il présente son projet pour les trois ans à venir, les trois financeurs (l'Etat, le Département et la Ville d'Angoulême) lui ont adressé une note d'orientation qui n'a guère dû l'enchanter.
Extrait: "Le partenariat avec le Festival de la BD sera consolidé dans une perspective pluriannuelle permettant d'intégrer des expositions du festival dans les espaces de la Cité [...]. Ces expositions remplaceront l'exposition temporaire actuellement réalisée par la Cité en hiver". En clair, malgré la qualité des expos organisées ces dernières années, plus question pour la Cité d'organiser son festival parallèle pendant l'événement. Elle devra mettre ses locaux à la disposition de l'organisateur, 9e Art+.
Gilles Ciment n'a pas souhaité réagir avant le rendez-vous crucial de lundi. Le conseil d'administration devrait décider dans la foulée de la présentation de son projet, de la reconduction ou non de son contrat de trois ans, qui s'achève en décembre.
Budget serré
"Il ne faut pas interpréter cette lettre comme une charge contre Gilles Ciment, tempère Gérard Desaphy, adjoint à la culture d'Angoulême et vice-président de la Cité, "agacé par les fantasmes et les rumeurs qui courent". "Tous les établissements publics, tous les services municipaux reçoivent chaque année des lettres similaires."
Comme indiqué en préambule, elle aurait pour seul but "de poser les bases du projet artistique et culturel" souhaité par les élus. D'ailleurs, ce paragraphe consacré au festival ne serait fondé que sur des arguments budgétaires dans un contexte très contraint pour les trois actionnaires de la Cité. "La mise à disposition de l'espace d'exposition temporaire au festival, c'est surtout pour faire des économies", assure Gérard Desaphy.
"Pourquoi financer des expositions pendant le festival alors que le FIBD peut le faire ?", interroge comme une évidence François Bonneau, conseiller général d'opposition, membre du CA de la Cité. Sauf que, depuis trois ans, le conseil général a coupé en deux la subvention du Festival de la BD en donnant une moitié à la Cité pour qu'elle monte une expo pendant le festival. "C'est donc compliqué pour Gilles Ciment de la supprimer", estime François Bonneau. A moins que le Département accepte de faire marche arrière et de redonner la totalité de la subvention à 9e Art+. Cette lettre ne se contente pas de parler des relations Cité-Festival. Elle vise aussi le fonctionnement global de l'entité Cité de la BD, Maison des Auteurs et Musée de la BD, en lui demandant de se recentrer sur ses missions statutaires, toujours pour faire des économies: "Un resserrement de la programmation doit être envisagé."
Le directeur est invité à aller à la conquête d'un public régional tout en mettant mieux en valeur les collections patrimoniales de la Cité. "C'est une demande récurrente depuis deux ans", souligne Gérard Desaphy, qui convient que le bilan du directeur est plutôt positif. "Ses choix éditoriaux sont pertinents, juge même François Bonneau. J'aime sa liberté de parole."
Lundi, Gilles Ciment va donc devoir montrer qu'il a compris le message. Il y a trois ans, Michel Boutant, le président de la Cité et du conseil général, avait pesé de tout son poids d'actionnaire majoritaire pour reconduire le contrat du directeur. S'il réussit cette année, Gilles Ciment sera non seulement reconduit, mais il signera un CDI (contrat à durée indéterminée).
MISE À JOUR (le 30 juillet 2013)
Gérard Desaphy démissionne de la vice-présidence de la Cité
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