« La malédiction de Rascar Capac »

Du site du Figaro.

Plus de trente ans après la mort d'Hergé, une première version de l'aventure Les Sept Boules de cristal inaugure une nouvelle série sur la genèse de certaines aventures du célèbre reporter à la houpette.

C'est un peu comme si on redécouvrait un nouveau Tintin. Plus de trente ans après la mort d'Hergé (1907-1983), les éditions Casterman ont l'excellente idée d'inaugurer une nouvelle collection qui aborde la génèse de l'œuvre du créateur de Tintin et Milou.

Avec la publication de La Malédiction de Rascar Capac, l'Hergéologue Philippe Goddin, ancien secrétaire général de la Fondation Hergé, déjà responsable de l'imposante Chronologie d'une œuvre (Moulinsart) offre une première version de l'album Les Sept Boules de cristal.

Prépubliées en strips dans le quotidien «Le Soir volé», entre 1943 et 1944 au cours de la Seconde Guerre mondiale, ces planches en noir et blanc permettent de suivre à nouveau les traces du bondissant reporter à la houpette dans l'un des épisodes spectaculaire de ses aventures.

Sur les pages de droite on lit dans un format agrandi, un quasi-inédit de Tintin ( la version couleur de l'album publiée en 1948 est assez différente) en version intégrale. Sur les pages de gauche, le spécialiste d'Hergé décrypte page après page toutes les anecdotes, croquis préparatoires, et autres recherches entreprises par Hergé sur l'aventure en cours.

Cet ingénieux dispositif éditorial permet de replonger au cœur du processus créatif, tout en remettant en lumière le contexte historique des 7 boules de cristal, ainsi que les sources d'inspiration d'Hergé. Ainsi, au cours de la lecture plusieurs révélations sur Hergé surprennent.

Tout d'abord, Goddin -en véritable Sherlock Holmes tintinophile- met en évidence la manière dont étaient pensés les strips du dessinateur. «D'abord conçu sur des formats à l'italienne, explique-t-il, les strips horizontaux sont agencés de telle manière qu'Hergé imagine déjà, grâce à un découypage habile, la future mise en page verticale de son album à venir. »

Mais c'est surtout sur le plan de la vie personnelle d'Hergé que l'analyse experte et attentive de Philippe Goddin s'avère passionnante. «La visite de Tintin à la clinique où les sept scientifiques sont agités à heures fixes de spasmes terribles, correspond à une réalité bien plus tragique vécue par l'auteur, fait remarquer Philippe Goddin. Voilà une allusion inconsciente au drame traversé au même moment par la mère d'Hergé, internée dans un asile psychiatrique et obligée de subir un traitement à base d'électrochoc.»

La vision d'une tête de mort à l'origine de Rascar Capac

Autre découverte de cet album analysé à la loupe: les rêves d'Hergé sont à l'origine de la terrifiante momie Rascar Capac. On pouvait s'en douter mais Goddin en apporte la preuve. «Le jour de la mort de son grand-père, rappelle-t-il, Hergé a six ans. Le 7 juin 1914, le décès de Joseph Dufour le perturbe au plus haut point, surtout à cause de la veillée funèbre. Il avouera lui-même bien plus tard que ce soir là il est absolument sûr d'avoir vu une tête de mort sur le montant extérieur d'une fenêtre. Il fera même un dessin de cette vision comme pour mieux se convaincre de l'effrayante vision.» C'est certainement de là qu'est né Rascar Capac...

Gorgé d'informations et de révélations sur ce premier tome préludant à l'aventure du Temple du soleil, La Malédiction de Rascar Capac ressemble à tous égards au journal d'un album. Le deuxième tome est d'ores et déjà prévu à l'automne prochain. Et d'autres éditions spéciales suivront.

De quoi attendre tranquillement que le personnage de Tintin tombe dans le domaine public en 2053, soit soixante-dix ans après la mort de son créateur. À ce moment, et même si Hergé avait affirmé le contraire de son vivant, c'est officiel: il y aura une vingt-cinquième aventure de Tintin. Le gestionnaire des droits de l'œuvre d'Hergé, Nick Rodwell, l'a annoncé: « Nous aurons une nouveauté, un an avant que l'œuvre ne tombe dans le domaine public pour protéger les droits ». Mille milliards de mille sabords: encore quarante ans à attendre...

Spécifications techniques
- Format 298 x 215 à l’italienne - 136 pages + gardes
- Impression 5 couleurs
- Dos carré couverture carrée
- Sous custode imprimée en 5 couleurs
- Mise sous film

Prix de vente public : 20,00 €
ISBN 978-2-203-0877-74