jeudi 21 avril 2022

Quand la bande dessinée québécoise sort de sa bulle

 Chronique de François St-Martin sur le site du Nouvelliste.


Succès populaires, succès critiques et reconnaissances internationales. Depuis des mois, la bande dessinée québécoise semble frapper coup de circuit après coup de circuit. 

Son rayonnement connaît une montée que l’on peut qualifier de fulgurante. Alors qu’on était plutôt habitué à ce que la BD jeunesse règne en roi et maître, aujourd’hui, c’est plutôt celle destinée à un public adulte qui fait tourner les têtes. 

Comme si le neuvième art québécois venait de gagner ses lettres de noblesse, non pas auprès des initiés, qui étaient déjà conquis depuis des années, mais auprès du grand public. 

Ces milliers de personnes dont la bibliothèque personnelle ne comptait souvent jusque-là que quelques vieux albums d’Astérix ou de Tintin.

Ayant un garçon dont l’âge correspondait au public cible, j’ai parfaitement connu l’énorme popularité de la BD jeunesse des dix dernières années. 

Une véritable folie tirée par une locomotive nommée L’Agent Jean. J’ai assisté à maintes reprises à ces longues files de jeunes, excités à l’idée de rencontrer leurs idoles. 

Pour les adultes, c’était une clientèle aussi enthousiaste, mais bien plus nichée. Ici et là, quelques titres parvenaient malgré tout à toucher un plus large public. 

Parmi ceux-ci, les incontournables chroniques de Guy Delisle et la populaire série des Paul de Michel Rabagliati.

Mais voilà que depuis des mois, la valse des succès populaires et critiques est incessante. 

Les livres de bandes dessinées mis en évidence dans les premiers étalages des librairies se font de plus en plus nombreux, au lieu d’être, comme c’était souvent le cas auparavant, relégués à la section située tout au fond.

Quelques exemples de titres récents qui ont ainsi contribué de façon significative à cette reconnaissance: 
À cela, je me permets d’ajouter «La bombe» (Glénat), une œuvre monumentale qui fait revivre les événements ayant mené à l’explosion de la bombe atomique sur Hiroshima. Dans ce cas-ci, il ne s’agit pas d’une bande dessinée d’ici, toutefois, les dessins, frappants de vérité, sont l’œuvre du bédéiste québécois de renom, Denis Rodier.

Au Québec, un pan du milieu de la bande dessinée adulte m’a longtemps donné l’impression d’avoir un côté que je qualifierais d’hermétique. Son regard me paraissait souvent introspectif, plutôt que tourné vers le reste de la société. 

Malgré ses grandes qualités artistiques, j’avais souvent l’impression qu’il était replié sur lui-même, qu’il peinait à sortir de son cercle d’initiés, à sortir de sa bulle.

N’oublions pas que, bien qu’elle soit un art, la bande dessinée fait également partie d’une industrie, celle du livre. Et comme pour toutes les entreprises culturelles, sa croissance repose sur un élément vital: le développement et le renouvellement de sa clientèle. 

Des aspects qui furent longtemps son talon d’Achille.

Comment a-t-elle finalement réussi, au cours des dernières années, à rallier un plus grand nombre de lecteurs et de lectrices? 
Qu’est-ce qui a fait tourner le vent? 

Est-ce dû à un public plus ouvert à considérer la BD comme un style littéraire et artistique à part entière? 

Ou plutôt, à un milieu qui a su sortir de sa bulle et s’ouvrir un peu plus sur l’extérieur? La réponse se trouve assurément quelque part entre les deux.

***

Des suggestions pour en apprendre plus sur l’univers de la bande dessinée :

La Bibliothèque Gatien-Lapointe de Trois-Rivières propose un Club de lecture BD animé par Anthony Ozorai. La prochaine rencontre aura lieu le mardi 3 mai, à 18 h 30, sous le thème de la BD LGBTQ+. Celle-ci se déroulera en partenariat avec l’organisme GRIS Mauricie–Centre-du-Québec, dans le cadre de son événement Ensemble contre l’homophobie et la transphobie
Pour information, c'est ici.


Également, du 27 au 29 mai, le Festival BD de Montréal déménage de son site habituel du parc Lafontaine pour s’installer sur la rue Saint-Denis, entre les rues Gilford et Roy. 
Pour information, c'est ici.

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