lundi 1 août 2022

Un maître du mème se révèle à moitié

Léa Martin dans Le Soleil

Mème de Bado

Après plus de deux ans de pandémie à faire rire ses compatriotes, Maxime, le créateur de la page @lactumemes devra mettre de côté sa carrière de maître du mème pour se concentrer sur sa nouvelle position de professeur de CÉGEP. 

Je trouvais que c’était une bonne excuse pour vous parler de mes mèmes préférés: ceux qui touchent à l’actualité.

«Les mèmes sont à la mode maintenant, et il y a un débat pour savoir si les mèmes sont en train de devenir les nouvelles caricatures», disait la caricaturiste Fiona Katauskas dans un article du radiodiffuseur national australien ABC. 

La caricature est encore présente dans la presse, mais il est vrai que la place des mèmes dans la satire journalistique prend de plus en plus de place.

Les mèmes sont accessibles: il est possible, pour n’importe qui, de prendre une image sur le web et de la modifier à sa guise, en ajoutant une légende, pour passer un message particulier. 

Les mèmes sont plus que de simples blagues, ils peuvent aussi devenir une forme d’expression politique, sociale et militante dans l’espace public. 

C’est d’ailleurs en 2012, sur Facebook, que Maxime a commencé à produire des mèmes, en pleine crise étudiante. 

«J’en ai aussi fait pendant les élections très importantes qui ont suivi. J’ai ensuite continué de façon sporadique, mais c’est vraiment avec le début de la pandémie que j’ai décidé de m’y mettre plus à fond», explique-t-il.

«Je suis quelqu’un qui a toujours été créatif et j’ai toujours aimé suivre l’actualité», indique Maxime. 

Il fait ça surtout pour lui, en fonction de ses idées et de ses valeurs, mais il est heureux de faire rire les autres avec son travail. 

«Je ne me prends pas trop au sérieux», ajoute-t-il. Dans les dernières années, les mèmes ont pris beaucoup de place dans sa vie: «C’est une deuxième job à temps plein», dit-il.

En général, il se lève à 6 heures, fait sa revue de presse et cogite sur les mèmes qu’il va produire en prenant son petit déjeuner. 

Lors de gros évènements comme la venue du pape, il peut publier jusqu’à 10 mèmes dans une journée. 

Mème de Maxime

«Les gros bouleversements sociaux, c’est là que les mèmes fonctionnent le plus», déclare-t-il. 

Pour se faire la main, il faut en produire le plus possible et voir ce qui fonctionne.

Tout le monde ne peut pas s’improviser «Meme Master»

Les mèmes sont des éléments de culture numérique populaires et collaboratifs souvent alimentés d’un sentiment d’appartenance. 

Un mème nous fait rire, car il utilise des référents que l’on a en commun avec une certaine communauté. 

L’actualité est donc une mine d’or de contenus «méméfiables», pourtant, comme le confirme Maxime, ce n’est pas tout le monde qui est dans le coup. 

«J’ai essayé de donner des notes de noblesses au mème et de faire de l’argent en l’intégrant dans la publicité, mais je n’ai pas réussi, explique-t-il. 

Je voulais faire du mème corporatif, parce que ça commence à devenir de plus en plus populaire, sauf que c’est souvent pourri».

Il n’a pas tort… Je ne nommerais personne, mais Éduc’alcool… 

En même temps, ce n’est pas facile de faire des mèmes sur le thème de la modération. 

«Essayer de faire des mèmes, c’est une lame à deux tranchants. 

Soit tu réussis, soit tu fais rire de toi solide. Il faut consulter des gens qui sont bons et qui ont beaucoup de connaissances du milieu pour en faire», pense Maxime. 
 
Une carrière controversée

Ce n’est pas pour rien que Maxime ne veut pas me donner son nom entier ou le nom de l’école dans laquelle il va travailler. 

Ces dernières années, il a reçu de nombreuses menaces sur les réseaux sociaux. 

«Ça me fait toujours rire, mais des fois, ça me fait paniquer un peu quand ils se mettent à dire: on va te trouver mon tabarnak», dit-il.

«J’aime ça jouer avec la ligne et les règles des réseaux sociaux, mais sans tomber dans le mauvais goût non plus», dit-il. 

Disons que son humour ne plaît pas à tous. 

Il avoue aussi parfois faire des erreurs et il tente de prendre en compte les sensibilités de chacun. Il lui est même arrivé de retirer certains mèmes lorsqu’il sentait qu’il était allé trop loin. 

Pour les fans de @lactumemes, peut-être que Maxime prend une petite pause, mais vous pouvez être certain qu’il sera bien là pour les élections de cet automne.

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