jeudi 14 novembre 2019

« Paul à la maison »

Sur le site du Journal de Montréal.


Après le beau temps, les jours de pluie. Quatre ans après la parution de Paul dans le Nord, Michel Rabagliati redonne vie à son célèbre alter ego dans un neuvième album à la fois touchant et introspectif.

Dans Paul à la maison, les amateurs de la série retrouveront leur personnage favori avec le moral à plat. Paul a désormais 51 ans. On le sent fragile et maussade. Sa femme Lucie est partie, sa fille Rose, maintenant adulte, veut vivre en Angleterre et sa mère est gravement malade.

Il n’y a plus que son caniche pour lui tenir compagnie lorsqu’il mange ses raviolis en conserve devant une reprise des Belles histoires des pays d’en haut.

« Paul constate que les choses s’effritent autour de lui. Il est presque toujours seul. Il est en conversation avec lui-même. En parallèle, il poursuit sa carrière de bédéiste, il donne des conférences, il va au Salon du livre. La vie le rejoint », explique en entrevue Michel Rabagliati.


L’auteur admet qu’il a longtemps hésité avant de se lancer dans ce nouvel album. Les histoires racontées dans la série Paul, on le sait, sont très collées à sa propre vie et les dernières années ont été marquées par plusieurs deuils dont le décès de ses parents et un divorce.

« J’ai eu envie de tout sacrer là et je le pensais sincèrement. Les mois ont passé et tranquillement je me suis demandé s’il y avait matière à histoire. Puis en écrivant mes anecdotes, je me suis rendu compte que malgré tout, il y avait des moments comiques. »


« Depressivo-rigolo »

Car même s’il est beaucoup question de solitude dans ce Paul à la maison, Michel Rabagliati conserve son sens de l’autodérision. 

Le passage où il se rend dans une polyvalente en croyant donner une conférence dans une classe alors qu’en réalité, il est attendu dans un auditorium rempli à craquer d’adolescents amorphes est particulièrement savoureux. 

« Finalement, cet album a été pour moi une façon de remonter la pente. En dessinant, j’avais le sentiment d’avoir quelqu’un au bout du fil comme si je parlais à un psychologue ou un ami. Je me mets à nu. Je parle de mon problème d’apnée du sommeil ou de mes rendez-vous chez le dentiste, tout en faisant ressortir l’aspect comique. C’est depressivo-rigolo. »

Le bédéiste s’avère aussi être un fin observateur de notre société. À travers des anecdotes toutes personnelles, il réussit à aborder des thématiques plus larges comme la détresse des hommes, la détérioration des rapports humains à l’heure des réseaux sociaux ou le fossé culturel entre les générations.


Le dernier album ?

Le suspense demeure à savoir si Michel Rabagliati reprendra ses crayons pour un dixième album de la série Paul, traduite en six langues et adaptée au cinéma.

« Mon système narratif est basé sur ma p’tite vie plate et ce que je raconte est vrai à 100 %, donc je suis limité. Je demeure un gars de Rosemont qui n’a pas vécu de grandes aventures. La motivation est là, mais je commence à être à court de matériel pour de nouvelles histoires. Pour l’instant, je préfère ne pas me prononcer. »

Malgré tout, le bédéiste s’imagine mal de mettre Paul au rencart. 

« J’aime bien ce personnage. Si j’avais à créer un autre univers, ce serait sûrement un homme de mon tempérament, un Montréalais à la vie ordinaire qui se promène les deux mains dans les poches. »

David Riendeau

► Paul à la maison sera disponible en librairie le 14 novembre
  • Les albums de Michel Rabagliati ont été traduits en six langues et vendus à 400 000 exemplaires à travers le monde.
  • En 2010, son album Paul à Québec a remporté le prestigieux Prix du public du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.
  • Il a été nommé Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec en 2017.

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