samedi 10 septembre 2016

Photo de la petite Vietnamienne : Facebook fait marche arrière

Sur le site de Courrier international.


Face au tollé provoqué par la censure de la célèbre photo, devenue une icône de la guerre du Vietnam, le géant américain est revenu sur sa décision de supprimer le cliché du réseau. Mais la polémique ne faiblit pas.

Le patron de Facebook est-il devenu le rédacteur en chef le plus puissant du monde ?

Après avoir supprimé du réseau la photo montrant une fillette nue de neuf ans hurlant de douleur et de terreur, après une attaque au napalm de son village pendant la guerre du Vietnam, le géant américain est revenu sur sa décision, le 9 septembre. 

Le groupe américain dit faire marche arrière pour tenir compte des réactions des Internautes et du “statut emblématique et d’importance historique du cliché”, selon un porte-parole.

Le réseau social au 1,71 milliards d’utilisateurs avait, dans un premier temps, justifié la censure de ce cliché iconique parce qu’il “enfreignait ses règles sur la nudité”



Une décision qui a provoqué une avalanche de protestations, dont celle de la Premier ministre norvégienne, Erna Solberg (conservatrice) qui a décidé de défier le géant américain en publiant cette photo sur son compte – avec d’autres clichés emblématiques – pour illustrer l’absurdité d’une telle censure. 

Le compte Facebook de Tom Egeland, l’auteur norvégien qui avait mis en premier en ligne cette photo il y a deux semaines, a été temporairement désactivé. Indigné, celui-ci a publié une lettre ouverte à Mark Zuckerberg, fondateur et PDG du réseau social pour exprimer son mécontentement.



Vendredi matin, le plus grand journal norvégien, Aftenposten, a consacré sa Une à la fameuse photo. Son rédacteur en chef, Espen Egil Hansen, a également pris à parti le patron du géant américain. “Je t’ai écrit cette lettre parce que je suis préoccupé par le fait que le média le plus important au monde limite la liberté au lieu d’essayer de l’étendre et parce que cela se produit d’une façon parfois autoritaire”, écrit-il.

“La presse, qui s’est précipitée pour publier ses contenus sur Facebook, comprend un peu tard qu’elle a laissé Zuckerberg & Co chapeauter non seulement le ton et la substance, mais aussi la capacité de faucher les recettes”, ose quant à lui Richard Ackland, un éditorialiste du Guardian.
 
Des algorithmes à la place d’un cerveau ?

Si Facebook était “une personne intelligente”, il aurait su que la nudité de la “fillette brûlée au napalm” n’a pas été pas une offense, poursuit Richard Ackland. L’offense, sur cette photo, c’est ce qu’elle montre : la destruction provoquée par l’intervention occidentale lors la guerre du Vietnam dans les années 70, écrit l’éditorialiste. 

Le cliché avait été récompensée par le prix Pulitzer de la photographie d’actualité.

D’après le quotidien, la suppression de la photographie est une indication claire sur les nouveaux réseaux qui sont “incapables de distinguer la stupidité de la pertinence”. Les algorithmes de Facebook sont “un numéro d’équilibriste” puisqu’ils changent tout le temps. 

Il n’est donc pas étonnant que leurs résultats soit “des torrents d’immondices qui passent pour des ‘idées provocatrices’”.

Mark Zuckerberg a insisté sur le fait qu’il dirigeait une entreprise de technologie et non un éditeur de contenu. Pourtant, selon Richard Ackland, les deux sont inséparables :

[Facebook] est sur un terrain relativement sûr quand son contenu est constitué d’ours qui dancent ou de chats qui jouent du piano, mais tout ce qui relève du contexte et de la perception va au-delà des mathématiques.

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