Légende du dessin d'humour, Jean-Jacques Sempé constitue l'un des rares francophones à avoir intégré le cercle très fermé des dessinateurs du magazine mythique New Yorker, dont il a fait la couverture à 109 reprises. Le dessinateur se confie sur cette vieille relation avec New York et les New-Yorkais.
Le dessinateur Jean-Jacques Sempé est d'abord connu du grand public comme le père du "Petit Nicolas". Âgé aujourd'hui de 84 ans, il vit et travaille dans un appartement à Paris, dans le quartier du Montparnasse. Sa santé est fragile mais il s'installe encore souvent à sa table de dessin.
Le dessinateur était encore quadragénaire lorsqu'il a franchi l'Atlantique pour entamer sa collaboration avec le New Yorker, en 1978. Sa notoriété se limite alors au monde francophone. C'est donc un peu par hasard que l'un de ses recueils arrive un jour sur le bureau de William Shawn, patron du New Yorker.
Aux Etats-Unis, Sempé devient donc un "artiste" à proprement parler puisque le dessin d'humour peut s'afficher à la une d'un grand hebdomadaire, alors qu'il est considéré à l'époque comme quelque chose d'un peu annexe en France. Et bientôt Sempé découvre avec étonnement à quel point son style décalé peut plaire aux Américains.
Une poule en une
"Un jour", raconte Sempé, "je ne sais pas à quoi je pensais, j'étais à ma table de dessin et je me dis: j'ai envie de faire une poule. Alors je me mets à faire une poule. Et ça me prend beaucoup de temps parce que j'avais envie qu'on comprenne que la poule était bête, mais qu'elle avait peur aussi, et qu'elle avançait tout doucement. Puis je me suis demandé ce que j'allais faire avec ça. Je me suis dit: "Imaginez New York, avec tous ces bâtiments, si je leur envoie une poule ils vont se dire que je suis devenu complètement piqué". Ça ne fait rien, je l'envoie quand même, ma poule.
Et ils la publient en couverture.
Je me suis dit:
Pour le New Yorker, Sempé dessine des poules, des chiens, beaucoup de chats. Mais surtout, il dessine New York, ses buildings, ses ponts, ses clubs de jazz.
C'est drôle, il se passe des tas de choses sur terre, des choses bien, des choses affreuses... c'est merveilleux qu'un magazine publie, en première page, une poule!
Pour le New Yorker, Sempé dessine des poules, des chiens, beaucoup de chats. Mais surtout, il dessine New York, ses buildings, ses ponts, ses clubs de jazz.
Pas facile, pour un artiste qui a plutôt l'habitude de dessiner des places de village, des églises baroques et des immeubles haussmaniens.
Puis à la demande du rédacteur en chef du New Yorker, il se met à dessiner ses amis américains. On découvre alors des personnages et des situations qui semblent tout droit sortis d'un film de Woody Allen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire