jeudi 11 octobre 2018

Le président de la Fondation Edgar P. Jacobs a été inculpé

Sur le site de L'Écho.


C'est un fameux coup de tonnerre qui va tomber sur le monde de la bande dessinée belge. 

Soupçonné d'avoir subtilisé des planches originales des bandes dessinées de Blake & Mortimer, l'ancien président de la Fondation Edgar P. Jacobs a été inculpé pour abus de confiance et blanchiment. 

Sans rentrer dans le détail du dossier, le parquet de Bruxelles a confirmé l'inculpation. 

L'ex-président de la Fondation avait été arrêté lundi par le juge d'instruction Michel Claise. Il a été libéré le jour même sous conditions strictes. 

Des perquisitions menées dans deux galeries parisiennes ont permis de récupérer une série de planches qui allaient être vendues. 

D'après une source proche du dossier, sur le marché parisien, de telles planches se vendent entre 200.000 et 300.000 euros pièce.

Le résumé

Après plusieurs mois d'enquête, l'ex-président de la Fondation Edgar P. Jacobs a été inculpé pour blanchiment et abus de confiance.

Des perquisitions menées à Paris ont permis de récupérer des planches originales.

Aveux

Les prémices de cette affaire avaient été révélées par nos confrères du Soir. 

Dans les grandes lignes, on reprochait à l'ancien président de la Fondation Edgar P. Jacobs (du nom du dessinateur de Blake & Mortimer) d'avoir subtilisé des planches originales de l'oeuvre du dessinateur et d'avoir organisé leur vente vie des galeries situées à Paris. 

L'instruction menée de front par le juge Michel Claise et par un de ses confrères français a permis de récupérer plus d'une dizaine de planches originales dans les deux galeries visitées par les policiers. 

À priori, la plupart de ces planches allaient être vendues dans la foulée. 

D'après nos informations, plus d'une centaine de planches ont été vendues avant que la Justice ne se saisisse de cette affaire. 

Malheureusement, pour celles-là, les acheteurs étant de bonne foi, il ne sera plus possible de les récupérer. C'est donc une partie du patrimoine de la bande dessinée belge qui a été dispersée chez des particuliers.

Une enquête a été menée contre les galeristes français qui ont vendu les planches en question. 

Ils risquent d'avoir encore à faire face à la Justice. 

Lors des perquisitions menées à Paris, plusieurs factures ont également été saisies. Les deux juges estiment que ces factures pourraient être des faux réalisés afin de couvrir les ventes en question. La suite de l'enquête dira ce qu'il en est.

En Belgique, on l'a dit, l'ancien président de la Fondation Edgar P. Jacobs a été inculpé. 

Un autre intermédiaire belge serait dans le viseur de la Justice. Et le juge français s'intéresse de près aux deux galeristes. 

Pour certains, l'affaire fut florissante. 

Lorsqu'on connaît le prix de chaque planche sur le marché et sachant que plus d'une centaine d'entre elles ont disparu, on peut déduire que cette affaire a très certainement ramené plusieurs millions d'euros aux revendeurs.

Liquidation contestée

La Fondation Edgar P. Jacobs avait été mise sur pied par le dessinateur le 30 mai 1984. L'objectif de celle-ci était de conserver l'intégralité de son oeuvre. 

Bien mal lui en a pris. Le dessinateur, décédé en 1987, n'aura pas assisté au délitement de son oeuvre, mais celui-ci fut inexorable. 

Et il semble bien que les coffres bancaires où les planches se trouvaient n'aient pas été fermés à double tour pour tout le monde. 

L'histoire de la liquidation de la Fondation a été racontée par nos confrères du Soir

Le 24 janvier 2015, le président de la Fondation a réuni son conseil d'administration afin de lui faire savoir que la Fondation n'était plus en état de fonctionner à cause de différends entre administrateurs. 

À ce moment, il a demandé la dissolution de la Fondation. 

Celle-ci sera actée par une décision du tribunal de première instance de Bruxelles rendue le 13 janvier 2016. 

Dans le même temps, le tribunal a désigné le président sortant au poste de liquidateur de la Fondation. 

Dans le courant de l'été 2017, deux anciens administrateurs de la Fondation ont contesté la liquidation de celle-ci et font part de leur inquiétude quant à la disparition de plus d'une centaine de planches originales tirées de l'oeuvre d'Edgar P. Jacobs. 

Nos confrères parlent même de 250 planches envolées dans la nature. 

Ces mêmes administrateurs ont estimé que la procédure de liquidation est irrégulière et ils en contestent la validité en justice. 

Cette nomination ayant été remise en question, l'ancien président de la Fondation avait décidé de transférer l'oeuvre de Jacobs (du moins, ce qu'il en restait) à la Fondation Roi Baudouin. 

Aujourd'hui, on peut donc considérer que ce qu'il reste de ce patrimoine est entre de bonnes mains. 

"L'objectif est de conserver, dans une structure plus pérenne, plusieurs centaines de planches, de dessins et de documents, et ainsi d'assurer leur transmission aux générations qui nous suivent", peut-on lire sur le site de la Fondation.

Nous n'avons pas réussi à contacter l'ex-président de la Fondation Edgar P. Jacobs hier pour avoir sa réaction.

Nicolas Keszei

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