mercredi 21 août 2019

Entrevue avec Paul Bordeleau

Sur le site de la Revue Les Libraires.

Illustration de Paul Bordeleau

Auteur de bande dessinée et illustrateur, Paul Bordeleau a notamment été illustrateur-éditorialiste pour La Presse et pour Voir et il a collaboré à plusieurs collectifs, festivals et magazines. 

Il a aussi publié la série Faüne (La Pastèque) et Le 7e vert (La Pastèque). Récemment, il a illustré le roman Sortie côté tour de Patrick deWitt (Alto) et c’est lui qui signe la couverture du livre Le Montréaler (Somme toute). 

Son adaptation en bande dessinée de la pièce Pour réussir un poulet de Fabien Cloutier paraîtra en 2020 à La Pastèque. Petite incursion dans son univers.


Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans le livre Sortie côté tour de Patrick deWitt que vous avez illustré?

Pendant la lecture de Sortie côté tour, j’ai découvert une galerie de personnages si bien décrits, si colorés, proche de l’univers des Tenenbaum de Wes Anderson, que pour moi ça a été très inspirant à illustrer. Tout était là, restait qu’à sortir les pinceaux et l’aquarelle.

Est-ce un grand défi que de mettre en images les mots de quelqu’un d’autre?

Illustrer Frances Prices, son fils Maclolm et le reste de la ménagerie de deWitt a été un grand plaisir. Antoine Tanguay de chez Alto n’a pas eu à me convaincre longtemps en me proposant ce projet… j’étais vendu d’avance, car déjà lecteur fidèle de deWitt et ses plongeons qu’il fait dans des univers si différents pour chacun de ses livres.


Votre bande dessinée Le 7e vert aborde notamment la relation père-fils. En quoi ce thème vous inspirait-il?

C’était déjà le thème central de ma trilogie Faüne publiée aussi à La Pastèque et à nouveau un peu dans mon projet du moment, il faudrait demander à ma psy! Sérieusement, j’aime les histoires qui parlent de famille et des relations père-fils. La vie aquatique de Wes Anderson est mon film fétiche. 

Ce thème se retrouve aussi dans Les frères Sisters de deWitt. Mon prochain album que j’écris en ce moment aura pour sujet ma mère et sa jeunesse en Gaspésie, je reste dans la famille!

Vous avez illustré le générique de la série télévisée La galère. Parlez-nous de cette expérience.

Je me souviens que Renée-Claude Brazeau et Sophie Lorain avaient vu mon portfolio sur le site d’Illustration Québec et avaient contacté mon agent à l’époque. Après les négociations, tout a été très vite, une vraie galère, car j’avais une petite semaine pour produire la totalité des dessins qui ont été animés par la suite… tout ça la semaine avant Noël.

Quel rapport entretenez-vous avec le matériel avec lequel vous dessinez?

Je mélange tout, numérique et traditionnel. Je passe du lavis à la tablette graphique dans la même heure. Pour moi, la cuisine graphique est un laboratoire. Et puis, j’achète de façon compulsive des cahiers de croquis…


Vous travaillez avec d’autres bédéistes dans un atelier à la Maison de la littérature, nommé La shop à bulles. Qu’appréciez-vous le plus dans cette collaboration?

Me rendre à l’atelier tous les matins et savoir que Djief et Richard Vallerand y seront et qu’on bossera chacun sur nos projets communs dans une atmosphère baignée de sueur de tablette graphique et d’odeur du bon café, c’est la vie rêvée. 

Nous discutons sur le métier, nous nous donnons des trucs, on se connaît depuis longtemps et on s’apprécie. On a la grande chance de baigner dans l’atmosphère de la Maison de la littérature, de travailler sur des projets avec son équipe inspirante/inspirée, d’être entourés de livres !

Le travail de quels bédéistes admirez-vous particulièrement?

Il y en a beaucoup! Christophe Blain, Brecht Evens, Iris Boudreau, Cyril Pedrosa, Yves Chaland, Lewis Trondheim, François Avril, Jean-Claude Götting, Loustal, Posy Simmonds, Rabagliati, Moebius… J’adore aussi les auteurs du début du XXe siècle comme George Herriman et Winsor McCay.


Avez-vous une autre grande passion que l’illustration?

La bande dessinée! Mais il y a l’art contemporain qui m’inspire, la pop française et le monde marin…

Parlez-nous de votre projet à paraître à La Pastèque, l’adaptation en bande dessinée de la pièce de théâtre de Fabien Cloutier, Pour réussir un poulet. Pourquoi avez-vous eu envie d’adapter cette pièce?

Il y a quelques années, fin 2014 pour être précis, j’avais lu l’entièreté des pièces de Fabien Cloutier et Pour réussir un poulet m’avait marqué très fortement. J’ai croisé Fabien par hasard un jour dans une librairie et je lui ai glissé que j’aimerais un jour adapter sa pièce, car elle me parlait beaucoup. On a correspondu et il m’a donné carte blanche pour l’adapter en cases. 


C’est une histoire coup de poing qui aborde le mal de vivre d’une bonne partie de notre société, de la perte de repères, des valeurs qu’on peut sacrifier pour survivre. J’ai campé l’action à Québec, dans Saint-Roch, Saint-Sauveur et sur le boulevard Sainte-Anne, mais ça pourrait se passer partout en province, même ailleurs. Fabien Cloutier observe notre société avec un œil de lynx et de sociologue.


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