jeudi 21 novembre 2019

Caricaturiste, un métier en voie d’extinction?

Christelle D'Amours sur le site de Radio-Canada.

Dessin sur lequel on me voit travailler dans ce reportage.

Guy Badeaux, dit Bado, critique et commente l’actualité à sa façon depuis près de 40 ans.

Une succession de gouvernements, d’enjeux sociaux et de polémiques régionales sont passés sous sa mine, donnant lieu à l’exposition Bado, la francophonie à grands coups de crayon présentée au Muséoparc Vanier, à Ottawa, jusqu'en octobre 2020.

Alors que sa carrière est célébrée, le caricaturiste du journal Le Droit confie ses craintes quant à l’avenir d’un métier sous-payé et peu sollicité, selon lui.

La planche à dessins de Guy Badeaux a vu près de quatre décennies d’histoire régionale et nationale. 

En 2021, le dessinateur mieux connu sous le nom Bado atteindra un chiffre rond témoin de bien de débats sociaux et politiques dans la région d’Ottawa-Gatineau.

L’exposition Bado, la francophonie à grands coups de crayon regroupe une centaine de coupures de journaux et d'illustrations provenant de la collection personnelle du caricaturiste. 

La rétrospective dépeint surtout la lutte pour préserver la francophonie à Ottawa, en Ontario et au Canada.



« La caricature, c’est exprimer une opinion. Donc, si on n’a pas d’opinion, c’est bien difficile de faire un dessin », soutient l’artiste, avouant avoir critiqué sans exception tous les gouvernements en place depuis ses débuts au Droit en 1981.

À cette époque, Bado se rappelle qu'une trentaine de collègues exerçaient le métier à travers le pays. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu'une dizaine, selon lui. 

« Ce qu’on perd, c’est une variété de voix », précise-t-il.

L'avenir de la caricature est rendu d’autant plus précaire, à son avis, par l’insécurité qui afflige la presse écrite comme les quotidiens du Groupe Capitales Médias.

Esquisse du dessin affiché en haut de page.

Peu ou pas de débouchés

Enfant, Guy Badeaux dessinait déjà dans ses cahiers d’école. Issu d’une famille d’artistes, il a été encouragé à étudier les arts appliqués au Cégep du Vieux-Montréal.
L'arrière grand-père de Bado, le sculpteur Louis-Philippe Hébert, est d’ailleurs l'auteur du Monument Maisonneuve de la Place d'Armes à Montréal. Le Parlement de Québec lui doit aussi quelques statues installées sur sa façade.
L’illustrateur a fait ses premières armes comme pigiste avant de décrocher un poste au quotidien francophone d'Ottawa.

À l’époque, il était payé 100 $ par page dans le magazine d'humour CROC.

« Je plains les jeunes qui commencent, dit-il, ajoutant qu’en 2019, la relève doit en plus dépenser pour s’équiper d’ordinateurs et de programmes de dessin numérique. »

Il croit que la nouvelle génération de caricaturistes se dirige davantage vers la bande dessinée ou le récit illustré plutôt que vers les quotidiens, notamment parce qu’Internet est déjà saturé de satires accessibles d’un clic.



Un autre chiffre rond dans la mire

Bado aime encore beaucoup son métier. Son travail a déjà été censuré par ses patrons, mais ce sont surtout les critiques du lectorat qui l’ont amené à corriger des dessins, voire à s’excuser.

Le caricaturiste s’estime toutefois chanceux de pouvoir exprimer librement son opinion, car ses collègues d'outre-mer n’ont pas toujours la même chance.

Il y a des pays où c’est impossible de travailler. On censure et il y a des menaces de mort, évoque-t-il.

Guy Badeaux considère que le plus grand défi du métier consiste à se renouveler et trouver de nouvelles idées. Dans son portfolio, il compte déjà 9540 dessins.

« J’aimerais ça me rendre à 10 000! » , lance-t-il.

L’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour lui, mais la survie de son quotidien dictera la suite des choses. 

« Il y a un nuage au-dessus de notre tête. On ne connaît pas l’avenir... », conclut l’artiste.


À VOIR

Kevin Sweet nous parle de Bado, la francophonie à grands coups de crayon au Téléjournal Ottawa-Gatineau.


Bado, la francophonie à grands coups de crayon
Muséoparc Vanier
Jusqu'en octobre 2020

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