vendredi 6 novembre 2020

« Garder le cap » de Sempé

Elise Comte sur le site Télé Loisirs.




Le dessinateur Sempé s'est livré au journal Paris Match, évoquant son travail, sa jeunesse, mais aussi les collages féministes.

Aujourd'hui âgé de 88 ans, Jean-Jacques Sempé est célèbre pour avoir imaginé la bouille du Petit Nicolas de René Goscinny et ses dessins de presse parus tout au long de sa carrière dans les journaux français Paris Match, L'Express, ou encore Télérama

Sa collaboration la plus prestigieuse est peut-être celle avec le New Yorker, célèbre magazine culturel américain, pour lequel il a signé une centaine de couvertures depuis les années 70. 

Mais en cette fin d'année 2020, c'est son travail pour Paris Match qui est mis à l'honneur dans un ouvrage, Garder le cap (Ed Denoël), qui rassemble ses dessins parus dans l'hebdomadaire. 

L'occasion pour le journal de s'entretenir avec le dessinateur, et pour ce dernier de se livrer sur son enfance et sa jeunesse "horribles, ignobles, sinistres, moches" ou certains sujets d'actualité.

« Charles me rendait fou. Après chaque baignade, sieste, apéritif, pétanque et repas, il proclamait en s'étirant : “Il y a plus malheureux que nous !” Mardi soir, j'ai explosé et lui ai dit des choses désagréables, vexantes même. Après plusieurs jours de gêne, Hélène, m'ayant fait comprendre qu'une location en commun impliquait que chacun y mette du sien, je me suis excusé auprès de Charles. Il m'a versé un cognac, m'a pris par l'épaule, et il a ajouté : “Allez, il y a plus malheureux que nous.” »


"J'ai toujours adoré les femmes"

Interrogé par la journaliste sur son rapport aux femmes et "une vision pré #Me Too très superficielle et vénale", Sempé s'explique avec humour : "Depuis que je suis petit, j'ai toujours adoré les femmes. (...) 

Quand je serai au gouvernement, ce qui ne saurait tarder, j'instaurerai une loi pour que, dans la rue, lorsque l'on rencontre une jeune femme agréable, (...) on doive lui verser un peu d'argent, une dime, pour le bonheur apporté. Sans elles, qu'est-ce qu'on deviendrait ?"

La journaliste lui demandant ensuite son avis sur les "slogans féministes sur les façades des immeubles", il répond : "Les slogans féministes m'ennuient. Je ne les comprends pas." mais ajoute rapidement : 

"Lorsque l'on passe sa vie entouré d'hommes, penser qu'il y a les femmes sur terre est une grande consolation. On est obligé de le remercier Lui là-haut, même s'il n'est pas au courant".


"Je n'ai jamais été Charlie"

Interrogé sur l'actualité et le procès des terroristes de Charlie Hebdo, Sempé répète à quel point il est "immonde, affreux" de mourir pour des caricatures. 

Il avoue par ailleurs "Je n'ai jamais été Charlie. 

Ils faisaient les choses comme ils l'entendaient de leur côté, et moi, je faisais les miennes comme je l'entendais de mon côté", ajoutant : "Pour autant, je pense qu'il faut se battre pour continuer à dessiner malgré tout".


Garder le cap
Denoel
120 pages
35 €
32 x 28 x 1 cm
ISBN: 978-2-207-16191-3


MISE À JOUR

Exposition « Garder le cap » à la Galerie Martine Gossieaux.

_ Mais non ! Mais non ! Nous donnions une représentation théâtrale quand le paquebot a sombré !

_ Votre ami Robert Villepreux est venu hier. Il est de mon devoir de vous prévenir

qu’il a commandé deux régiments d’infanterie et trois divisions d’assaut motorisées.



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