jeudi 19 novembre 2020

Michel Rabagliati finaliste à Angoulême

 Émilie Côté sur le site de La Presse.

Photo Sarah Mongeau-Birkett, Archives La Presse.

Avec Paul à la maison, sorti il y a un an, l’auteur et illustrateur Michel Rabagliati nous préparait sans le vouloir à ce qui nous attendait en 2020. 

Alors que l’album sort en version anglaise, le voilà en lice pour le prestigieux grand prix du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. 

Entrevue.

« C’est un beau petit velours, lance Michel Rabagliati. Mais c’est flyé », ajoutera-t-il un peu plus tard.

Michel Rabagliati a passé la dernière année essentiellement dans sa maison d’Ahuntsic, lieu et personnage principal de Paul à la maison

Un livre sur le deuil, le vide et la solitude, sorti en novembre dernier, soit quatre mois avant le début de la pandémie et du confinement. 

Paul ne porte pas de couvre-visage dans les scènes d’épicerie du neuvième tome de sa série. 


Dire qu’il y a un an, Michel Rabagliati était au Salon du livre de Montréal. « Ce que Paul vit seul à la maison est exactement ce que les gens vivent en ce moment. Beaucoup d’isolement. »

Dans Paul à la maison, Paul s’est séparé, son seul interlocuteur est son chien Biscuit. Sa mère est malade, sa fille unique part habiter à Londres. 

« Ç’a été un livre difficile à faire, rappelle Michel Rabagliati. Je me suis un peu plombé le moral alors que je pensais que ce serait peut-être libérateur. […] 

Il m’est arrivé beaucoup de deuils. Je n’en parle pas dans le livre, car cela aurait été trop, mais j’ai perdu mon père après ma mère. Même ma chienne est morte. »

Décidément…
La pandémie est moins grave pour moi que ce passage-là de ma vie. La pandémie nous fait vivre des grands bouleversements historiques et mondiaux comme nos grands-parents en ont vécu avec la guerre. Il faut juste attendre que cela passe.

Michel Rabagliati
Si Michel Rabagliati a craint que le spleen de Paul à la maison « n’intéresse personne », il en a été tout autrement. 

La nomination au festival d’Angoulême le confirme, tout comme les critiques de la version anglaise (Paul At Home) sortie mardi. 



« Je pense que j’ai bien illustré les traversées du désert qu’on peut vivre dans nos vies », souligne l’auteur dont la plume décrit des moments sombres avec beaucoup de tendresse, d’humour et d’autodérision.

Dans les derniers mois, Michel Rabagliati a beaucoup écrit. Son personnage et alter ego Paul l’inspire toujours, mais vu les maux physiques dont il souffre, « il va falloir que le format change »

« Le genre de BD à la franco-belge miniature, c’est trop difficile pour mes yeux et le cou. Pour un gars d’habitude comme moi, ce n’est pas facile de changer ma méthode de dessin. Mais mon corps me le commande. »

C’est le 29 janvier que les gagnants du festival d’Angoulême seront annoncés. 

L’évènement se tiendra de façon virtuelle en janvier, puis possiblement en chair et en os au mois de juin. 



Michel Rabagliati est en lice pour le Fauve d’or, qui récompense le meilleur album de l’année, peu importe le genre et le style.
Je hais les voyages, donc ça ne me dérange pas de ne pas y aller. C’est connu que je n’aime pas l’avion.

Michel Rabagliati
Malgré son tempérament casanier, l’auteur se réjouit du rayonnement que sa nomination au festival d’Angoulême procurera à Paul à la maison en Europe. 

Des exemplaires sont en librairie de l’autre côté de l’Atlantique. 

Ce n’était pas le cas en 2010 quand Paul à Québec avait obtenu le prix du public. « On ne s’y attendait pas. Les livres étaient dans des bateaux. » 




Un autre album québécois sélectionné

Un autre album, L’affaire des hommes disparus, publié par les Éditions Pow Pow, est en lice dans la catégorie polar. 

« À mi-chemin entre Twin Peaks et Les 4 As », dit-on, ce premier tome de la série Les mystères de Hobtown, de Kris Bertin et Alexander Forbes, tous deux natifs du Nouveau-Brunswick, a été traduit de l’anglais par Alexandre Fontaine Rousseau

Il s’agit d’une première sélection pour la maison d’édition québécoise dans la compétition officielle d’Angoulême.

Nouveauté du festival en 2021 : la création d’une cinquième catégorie avec un prix pour les jeunes adultes.

Les jurys sont présidés par Benoit Peeters (sélection officielle), Aude Picault (jeunesse) et Emmanuel Moynot (polar).

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