Bado, le blog: Interview dans le Carquefou Mag'

vendredi 28 décembre 2012

Interview dans le Carquefou Mag'

Cette année, les RIDEP aborderont un sujet fort de l’actualité internationale : “La Mondialisation sous Tensions”. L'affiche de cette 14ème édition a été réalisée par le dessinateur de presse canadien Bado.

Caricaturiste au quotidien Le Droit à Ottawa depuis 1981, Guy Badeaux, mieux connu sous le nom de Bado, a remporté Le Concours canadien de journalisme. Il a posé sa griffe dans de nombreux journaux dont The Gazette, Le Devoir, Jour Hebdo.

Interview de Bado

L'interview suivante a été réalisée dans le cadre de la publication du Carquefou Mag n°96 de janvier-février 2013.

Carquefou Mag’ : Bado, vous connaissiez les RIDEP avant cette édition 2013 qui se prépare. Quelle image en aviez-vous ?

Bado : J’ai déjà participé aux RIDEP en 2001 et je garde un très bon souvenir de mon accueil, de la cuisine locale et de la beauté de la région (le Château des Ducs de Bretagne, le Passage Pommeraye, la Cigale). J’aurais cependant dû y passer plus de temps car j’aurais bien aimé visiter les châteaux de la Loire. Je doute cependant pouvoir le faire en février : priorité aux RIDEP et à la rencontreavec le public !

Carquefou Mag’ : Vous avez dessiné l’affiche de cette 14ème édition qui porte sur le thème “Mondialisation sous tensions”. A travers ce dessin, vous braquez les projecteurs sur WalMart et ses stratégies de développement. Quelles sont les clés pour nous aider à mieux comprendre votre dessin ?

Bado : De façon générale, il me semble assez évident que la mondialisation a nivelé par le bas les conditions de travail. La cause en est la compétition féroce que se font les États pour attirer les emplois manufacturiers à des conditions favorables au profit des employeurs. Je n’ai pas voulu cibler WalMart dans mon dessin mais il est vrai qu’on y vend surtout des produits fabriqués à moindre prix à l’étranger. Il est assez paradoxal que les américains plus pauvres, qui ont souvent perdu leur emploi à cause de cela, doivent s’y approvisionner à cause des aubaines.

Carquefou Mag’ : Selon vous, quelle vocation a votre discipline ? Commenter, critiquer, dénoncer…les trois à la fois ?

Bado : Le dessin de presse a pour mission de renseigner, commenter et faire réfléchir le lecteur. Je cite souvent le dessinateur Tim qui estimait qu’un dessinateur de presse pratiquait trois métiers : artiste, journaliste et humoriste.

Carquefou Mag’ : Vous animez un blog et publiez quotidiennement votre dessin du jour : comment travaillez-vous ? Réagissez-vous à chaud à l’actualité du matin ou bien prenez-vous un peu de recul ?

Bado : Je regarde les informations à la télé au réveil en faisant mon vélo stationnaire*. Je feuillette ensuite les deux journaux locaux au petit-déjeuner (tout en écoutant la radio) et je découpe les articles qui m’intéressent que je tente de lire au complet dans l’autobus qui me conduit au bureau. Rendu là, je réponds à mon courrier et je feuillette ensuite les quotidiens montréalais (La Presse et Le Devoir) pour y découper également les articles qui m’intéressent. Je discute de tout à la conférence de rédaction à qui je soumets mon gag* pour le journal du lendemain. J’écoute les informations à la radio à midi puis je lis mes coupures en déjeunant.

Je passe ensuite l’après-midi à faire mon dessin. Je surveille également Twitter toute la journée et regarde les infos à la télé à 18 et 22 heures. Je travaille généralement sur mon blog en soirée. Je ne réagis à chaud que quand l’événement est très important. Je préfère cependant connaître mes dossiers avant de me prononcer sur une problématique. Cela me permet de la mettre en perspective.

Carquefou Mag’ : Lorsque vous dessinez pour la presse, vous passe-t-on commande ou bien votre liberté est-elle totale ?

Bado : Je préfère avoir une liberté totale mais il m’arrive à l’occasion de dessiner des gags* proposés par des collègues. J’évite cependant de le faire trop souvent de crainte que cela devienne une habitude de leur part.

Carquefou Mag’ : Vous êtes dessinateur mais aussi journaliste et vous inscrivez dans une ligne éditoriale donnée. Pour vous, la liberté d’expression en tant que dessinateur est-elle totale lorsque l’on travaille pour un média en particulier ?

Bado : Cela dépend des journaux et des dessinateurs. Il faut dire qu’avec le temps je suis devenu plus âgé que mes patrons. Je n’ai donc pas à vivre la situation d’un dessinateur débutant que les patrons veulent confiner au rôle d’illustrateur d’éditoriaux. Je participe activement aux réunions éditoriales et réussis le plus souvent à défendre mon point de vue.

Carquefou Mag’ : Vous êtes un dessinateur de presse de notoriété au Canada. Quel regard portez-vous sur votre métier ; y a-t-il une jeune génération prête à prendre le relais ?

Bado : Je suis assez bien connu au Québec car nous ne sommes que très peu à pratiquer le métier au quotidien et qu’on voit souvent nos dessins dans les revues de presse matinales à la télé. Je dois cependant avouer que les dessinateurs montréalais (Chapleau, Garnotte, Beaudet) et québécois (Côté et Ygreck) sont plus présents dans les médias du fait de leur lieu de résidence. Ottawa est certes la capitale du pays mais on considère souvent Le Droit comme un quotidien provincial. Par contre, je suis le seul, avec Côté, à être publié dans Courrier international.

Carquefou Mag’ : Qu’est-ce que c’est, être dessinateur de presse dans le monde ?

Bado : C’est avoir la liberté de pouvoir exprimer ses opinions et d’avoir l’impression de pouvoir influencer le cours des choses.

Carquefou Mag’ : Les RIDEP accueillent chaque année environ 7000 personnes dont un millier de scolaires. Vous réjouissez-vous de venir rencontrer le public français ?

Bado : J’ai bien hâte de rencontrer les Ligériens et je m’applique activement à perdre mon accent d’ici là !

Carquefou Mag’ : Quelles sont à votre avis les autres manifestations internationales comparables qui retiennent l’attention ?

Bado : Je participe régulièrement au Salon de presse de Saint Just-le-Martel où les rencontres avec le public sont rares car il s’agit plutôt d’une fête et d’un lieu d’expositions.
Les RIDEP, selon moi, mettent davantage en avant le contenu de notre travail et permettent aux dessinateurs participants de découvrir le travail de leurs pairs.

*Expression québécoise

Les dessinateurs et dessinatrices présents aux 14e RIDEP :

Bado

Bado (de son vrai nom Guy Badeaux) est né à Montréal en 1949. Il est dessinateur au quotidien "Le Droit" à Ottawa depuis mai 1981.

Caro

Caroline Rutz, dessinatrice de presse suisse née en 1972, est illustratrice au PME Magazine (mensuel économique suisse) depuis 2007 et à Vigousse (hebdomadaire satirique suisse-romand lancé par Barrigue) depuis 2009.

Chaunu

Dessinateur de presse et caricaturiste français, Emmanuel Chaunu croque l’actualité depuis 1986. Il publie chaque jour dans Ouest-France.

EG181

Né en 1990, Stéphane Paris a toujours adoré dessiné mais n’a jamais pris de cours. C’est à partir d’avril 2009 qu’il a cessé de faire uniquement des gribouillis sur ses feuilles de cours pour se consacrer sérieusement au dessin et faire naître (de ses cendres ?) EG181.

El Chicotriste

Dessinateur de presse espagnol, Miguel Villalba Sánchez dit “Elchicotriste” est muraliste, caricaturiste, vignettiste, bédéiste et psychologue en clinique. Membre fondateur de l’O.N.G. “Dessinateurs sans frontières”, du collectif Deliropolis (association de graphistes), il organise aussi la "Semaine de la BD de Tarragone".

Gouarch

Dessinateur de presse et d'humour ainsi qu'illustrateur jeunesse, Gouarch travaille actuellement pour différents sites internet tels que "Délits d'opinion.com", "Europe créative.eu" et "Regionsjob.com".

Goubelle

Goubelle est un dessinateur de presse et illustrateur français. Il dessine au sein de plusieurs magazines, journaux et maisons d’édition.

Guézou

Né sur les bords de Seine, il entre à la Maison des Artistes en 1987. Il dessine pour de nombreux éditeurs du livre, de la presse magazine et pour des agences de publicité: Valeurs actuelles, L'Auto Journal, le Point, Management, Famille Chrétienne, Entreprise & Carrières...

Kap

Kap est un dessinateur de presse espagnol connu notamment pour ses dessins dans La Vanguardia, l’un des cinq plus importants journaux espagnols et dans El Mundo deportivo.

Kash

Illustrateur et caricaturiste de bandes dessinées congolais, Kash a débuté en tant que graphiste dans le secteur publicitaire.

L'Amiral

Bertrand Thiriet, alias "l’Amiral" est né en 1975. Il vit et travaille en Bretagne.

Lardon

Lardon a toujours gribouillé : n’importe quand, n’importe quoi, n’importe où et souvent n’importe comment… A force de tout barbouiller, il devint évident qu’il lui fallait essayer de se faire non plus réprimander mais rétribuer pour les déjections graphiques qu’il laissait dans son sillage : graphisme et illustration devinrent donc les deux mamelles de son existence.