samedi 5 avril 2014

« BD QC » dans Le Soleil

Richard Therrien dans Le Soleil.

Grâce à un écran vert, Sophie Cadieux se promène à travers les albums des bédéistes d'ici, dont ceux du créateur de Paul, Michel Rabagliati.

Ceux qui regardaient Fanfreluche rêvaient de sauter dans son grand livre de contes. Par la magie de l'écran vert, Sophie Cadieux a eu ce luxe, se promenant de case en case, dans les albums de nos bédéistes parmi les plus talentueux.


Plus qu'un artifice, le procédé contribue grandement à l'intérêt de BD QC, nouvelle série vraiment réjouissante que diffuse ICI ARTV dès dimanche à 19h pour 10 semaines. Je ne connais strictement rien à la bande dessinée et je ne me suis pas ennuyé un seul instant. Pas besoin d'aimer le neuvième art, donc, pour apprécier.

Chaque épisode de 30 minutes est consacré à un bédéiste différent, en commençant dimanche par Michel Rabagliati, créateur de Paul, dont les histoires ont franchi les 250 000 exemplaires vendus. Parcourant les cases de ses albums en noir et blanc, l'auteur nous fait revivre chaque étape de création, avec tout ce que ça comporte d'excitation et d'angoisse.

C'est vivant, animé, pas du tout statique. Les voitures de ses maquettes se mettent à rouler, on entend la nature. Sophie Cadieux se permet même de lire certains passages avec l'auteur sans que ce soit laborieux. Réussite du réalisateur Denis Blaquière, qui a eu l'idée de cette série avec Carmen Giroux, et de son fils Louis-Vincent.

Il faut dire que Michel Rabagliati est un être extrêmement attachant. On a affaire à un communicateur dont on boit les paroles, loin du créateur sombre et solitaire. On rit et on est ému l'instant suivant quand il raconte avoir enregistré les propos de son beau-père mourant, et dessiné ses derniers instants dans Paul à Québec avec des mouchoirs à portée de main. Il n'a jamais pu réécouter l'enregistrement.

Le cas de Zviane, qui fait l'objet du cinquième épisode, a de quoi fasciner. Cette pianiste a créé L'ostie d'chat à quatre mains avec sa complice Iris, avant d'enchaîner avec Apnée, inspirée de sa dépression. Les deuxièmes, son huis clos amoureux, propose des scènes extrêmement explicites. Encore là, une auteure dont l'énergie créatrice fait du bien à voir.

Mais qu'en est-il de l'état de la bande dessinée au Québec? Jean-Paul Eid, créateur du personnage de Jérôme Bigras, affirme que la BD d'ici traverse une période faste, avec le rayonnement à l'international de noms illustres comme Delaf et Dubuc, qui font l'objet du deuxième épisode avec leur Nombrils, mais aussi l'arrivée de jeunes auteurs brillants. Michel Rabagliati ajoute qu'internet a énormément facilité le travail des bédéistes, qui peuvent plus facilement acheminer leurs maquettes aux éditeurs, où qu'ils soient dans le monde.

Comme bien d'autres, Sophie Cadieux a découvert la BD avec Mafalda, Tintin et Astérix, mais s'est plus sérieusement intéressée au genre au début de la vingtaine. Elle souhaite que la série donne le goût aux gens de courir acheter les albums dans les librairies, ou à tout le moins, qu'elle allume leur curiosité.

Les autres épisodes de BD QC portent sur Guy Delisle, Jimmy Beaulieu, Julie Rocheleau, le duo Godbout-Fournier et son fameux Red Ketchup du magazine Croc, Leif Tande et Thierry Labrosse. Si vous passez par la Place des Arts à Montréal, faites un arrêt à l'ARTVstudio pour explorer les univers des 10 créateurs.

Paul au lac noir à l'été 2015

Les fans de Paul devront patienter: le prochain album de Michel Rabagliati, intitulé Paul au lac noir et inspiré de son adolescence, ne verra le jour qu'à l'été 2015. Quant à l'adaptation cinématographique de Paul à Québec, avec François Létourneau dans le rôle principal et Gilbert Sicotte dans celui de son beau-père cancéreux, elle est toujours en attente de financement. L'auteur dit préférer de loin que son oeuvre soit transposée avec de vrais acteurs plutôt qu'en film d'animation, et considère que François Létourneau était le candidat idéal pour jouer son alter ego.

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