Stéphanie Valloato est une réalisatrice française. En 2011, elle réalise un portrait de Philippe Labro pour la télévision. Auparavant, elle fut actrice ainsi que costumière dans un court métrage: "La femme seule à la robe bleue".
Michel Kichka est un illustrateur et cartooniste belgo-israélien. En Israël, il est considéré comme l'un des auteurs majeurs de bandes dessinées et de caricatures politiques. Il est aussi professeur aux Beaux-Arts de Jérusalem.
C'est à Bruxelles que je les ai rencontrés. Extraits d'un entretien avec deux personnalités aussi passionnantes que passionnées.
Quelle est la genèse du film ?
Stéphanie Valloato: Radu Mihaileanu terminait "Train de vie" et a demandé à Plantu de lui dessiner une affiche. L'idée n'a pas été sélectionnée mais une amitié était née. Ils se sont toujours suivis. Quand Cartooning for Peace a été créé, Radu a été tout de suite informé et a eu envie de raconter l'histoire de tous ces dessinateurs. L'idée d'un film est née là. Ensuite, il m'a demandé de réaliser. Pour moi, ce n'était pas possible de refuser tellement le projet était beau.
Comment avez-vous pensé la structure ?
Stéphanie Valloato: Avec Radu, nous avons fait un casting. Donc en Amérique du Sud, il y a un caricaturiste au Mexique et au Vénézuela. Israël et Palestine, c'était incontournable. En Asie, cela a été un peu plus compliqué. Dans l'association Cartooning for Peace, il y a une caricaturiste chinoise mais elle ne voulait pas s'exposer. Donc il a fallu chercher quelqu'un d'autre. Du coup, on a trouvé un caricaturiste qui fait plus du dessin animé. Cela a été une très belle rencontre. Grâce à lui, nous avons rencontré un des dissidents chinois les plus connus: Ai Weiwei. C'était un gros risque, à la fois, pour lui et pour nous. J'avoue que je n'ai pas bien dormi la nuit précédente.
La rencontre entre Michel Kichka et Baha Boukhari est un des beaux moments du film, comment cela s'est-il passé ?
Michel Kichka: Je connais Baha depuis longtemps. C'était avant l'Intifada mais celle-ci a empêché nos rencontres. Puis, nous avons été invités, tous les deux, à un Festival, c'était à Carquefou près de Nantes. Nous avons dialogué avec deux expositions en vis-à-vis sur le conflit israélo-palestinien. Nous avons beaucoup, beaucoup sympathisé et nous sommes restés en contact. Quand Cartooning for Peace a été créé, nous avons été dans le noyau de base. Nous nous sommes retrouvés aux Nations Unies à New-York pour la séance fondatrice avec Kofi Annan, c'était en octobre 2006.
Malgré tous les conflits entre Israël et la Palestine, notre amitié est restée intacte. Notre dialogue est resté permanent. Nos rencontres ont été très nombreuses. Pour les gens qui ne connaissent le conflit qu'à travers les médias et les images négatives, voir Baha et moi nous rencontrer et être tellement heureux, d'aller dans la maison natale de Baha à Jérusalem-Est, cela étonne et surprend. C'était donc important que nous soyons dans le film. Parce que nous sommes une voix différente de ce que les gens ont comme idée du Moyen-Orient aujourd'hui.
Stéphanie Valloato: C'est une manière plus positive de parler du conflit israélo-palestinien. Le dialogue se fait entre deux êtres. On se dit si c'est possible entre eux, c'est possible entre les deux peuples.
On découvre que le Vénézuela est loin de l'image idéale que certains s'en font
Stéphanie Valloato: Effectivement, pour moi, ce fut une grande découverte. En France, Chavez est idéalisé, c'est quelqu'un de social. Et aux Etats-Unis, quand Jeff Danziger a appris que nous allions au Vénézuela, il était enthousiaste. Il m'a dit: "oh la la, vous allez dans le pays de Chavez, c'est fantastique ce qui se passe, il fait des choses pour les pauvres".
A côté de ça, la dictature est bien là. Rayma, que l'on voit dans le film, vient d'être licenciée. Elle a donc été lâchée par son journal. Comment va-t-elle pouvoir s'exprimer ? Que va-t-elle devenir ?
Le film montre aussi que, dans nos démocraties, la lutte pour la liberté d'expression est un combat permanent
Michel Kichka: Bien sûr. Je pense qu'on ne naît pas démocrate. La démocratie, c'est un combat qui se mène. On peut être éduqué à la tolérance, à l'écoute de l'autre, à l'égalité entre les hommes. C'est un vrai combat et ce n'est pas évident. Cela peut être fait à travers le dessin même si il a une force limitée. Mais cela peut aider.
Stéphanie Valloato: Le dessin devrait plus utilisé dans l'éducation. A l'école. Par exemple, pour apprendre l'histoire, pourquoi ne se sert-on pas de ce magnifique vecteur ? Ce serait beaucoup plus ludique pour les enfants.
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